1) Un pays s�curis� dites-vous ? Le dimanche 18 juin des patriotes charg�s de surveiller le gazoduc reliant Hassi-R�mel � Cap-Djinet ont �t� victimes d�un attentat � la bombe dans la r�gion de Dra�-El-Mizan. Trois patriotes ont �t� tu�s et trois autres gri�vement bless�s. Mardi 20 juin, cinq citoyens, qui devaient retourner sur leurs terres (apr�s s�en �tre �loign�s durant les ann�es de terrorisme), ont �t� �gorg�s et leurs corps br�l�s, lors d�une embuscade tendue par un groupe de terroristes islamistes sur la route de Taba�net � 13 km de l�axe Blida-Chr�a. Telle est la semaine sanglante � laquelle certains quotidiens ont consacr� de larges commentaires ( El Watan, Le Soir d�Alg�rie, El Khabar, Libert�, Le Jour, 22 juin 2006 et 19 juin 2006). Bien entendu comme � l�accoutum�e, ces massacres d�Alg�riens n�ont suscit� aucune r�action officielle. Pas plus le premier magistrat du pays que son chef du gouvernement n�ont jug� n�cessaire de condamner ces �ni�mes exactions du GSPC. Mais, me direz-vous, comment pourraient-ils dans le m�me temps f�liciter et indemniser les terroristes islamistes pour �bons et loyaux services rendus � la patrie�, et d�noncer leur barbarie ? �Le GSPC fait un retour sanglant dans la Mitidja ?� ( Libert�22 juin), ce n�est pas leur affaire. C�est celle des militaires, gendarmes et policiers pay�s pour mourir, quand bien m�me ils ne savent plus pour qui et pour quoi. C�est �galement celle des patriotes, lesquels nonobstant la marginalisation dont ils sont l�objet de la part de l�Etat et le m�pris avec lequel celui-ci les traite, continuent � d�fendre la R�publique en surveillant et en prot�geant le gazoduc Hassi- R�mel/Cap-Djinet (parmi d�autres actions). Gazoduc, faut-il le rappeler � ceux qui l�auraient oubli� qui avait �t� d�j� cibl� de multiples fois durant les ann�es de terrorisme. C�est encore l�affaire de l�officier de la BMPJ de Baghlia (Boumerd�s) bless� le 18 juin 2006 par les d�bris d�une bombe artisanale enfouie sous terre lors d�une op�ration de ratissage d�clench�e par les forces de s�curit� � laquelle il avait pris part. C�est enfin l�affaire de ces nombreux Alg�riens massacr�s, �gorg�s, mutil�s, br�l�s vifs, qui n�int�ressent que leurs familles ou leurs amis. Les �grands� de ce pays sont trop occup�s � f�ter leur �r�conciliation� avec les tueurs. Le listing des actes criminels rapport� et �tabli par la presse ind�pendante depuis ao�t 2006 (d�cret pr�sidentielle du 14 ao�t 2006 portant charte pour la paix et la r�conciliation nationale) montre � l��vidence que les islamistes (GSPC) n�ont jamais cess� leur barbarie et leur abjection. C�est leur r�ponse � l�amnistie et au pardon d�cr�t� en haut lieu. Celui-ci les courtise, les supplie, eux massacrent tout comme ils l�ont fait hier, tout comme ils continueront � le faire demain, en d�clarant haut et fort comme l�a fait l�un d�entre eux : �J�ai tu� de mes propres mains et je ne regrette rien.� Alors qu�est-ce donc ce pays s�curis� dont on nous rebat les oreilles, nous autres nationaux et dont on vante les bienfaits aux �trangers ? Un pays s�curis� est celui o� l�on peut circuler partout (dans toutes les r�gions) � toute heure du jour ou de la nuit. Un pays s�curis� est celui o� l�on n�a plus peur des faux barrages et des embuscades islamistes. Un pays s�curis� est celui o� des populations vivant dans des hameaux isol�s ne subissent plus la tyrannie des hordes islamistes. Un pays s�curis� ne se limite pas aux art�res principales de la capitale. Et m�me dans ce cas pr�cis, les agressions, les vols �tant devenus le supplice quotidien des Alg�rois peut-on parler de s�curit� ? Un pays s�curis� est celui o� les personnes et leurs biens sont prot�g�s. Et ce n�est pas la seule affaire des services de s�curit� ou celle de la justice. C�est aussi et surtout le probl�me du pouvoir politique. Jusqu�� quand celui-ci courtisera- t-il les �gorgeurs d�enfants et les saboteurs d�ouvrages �conomiques strat�giques ? Que veulent dire les mots s�curit�, stabilit� lorsque le GSPC enrichit chaque jour son palmar�s criminel ? Ils ne signifient rien, absolument rien, pour les citoyens et servent uniquement d�alibis et d�arguties au pouvoir pour vendre sa r�conciliation nationale frapp�e d�un vice r�dhibitoire indestructible : celui de r�habiliter un assassin sans lui faire prendre conscience de sa faute (p�nale) et de sa culpabilit�. Pays s�curis� dites-vous ? Mieux vaut en rire ! Et lorsque le ministre des Affaires �trang�res, Mohamed Bedjaoui, a rappel� lors de la premi�re session des droits de l�homme � l�ONU, �l�indiff�rence de la communaut� internationale durant les ann�es de terrorisme (en Alg�rie), ses explications simplistes et r�ductrices accordant du cr�dit aux tueurs d�enfants...� ( Libert� 22 juin 2006), on a l�impression d�abord, la conviction ensuite que ce discours est v�ritablement pass� de mode. D�une part, parce que d�autres Alg�riens (ennes) qui n��taient pas ministres ont dit bien avant M. Bedjaoui ce qu�il a dit � l�ONU non pas en 2006, mais en 1994, 1995, 1996, 1997, 1998. C�est-�-dire bien avant le 11 septembre 2001 et lorsque �a �chauffait� chez nous. D�autre part, les d�clarations du ministre des Affaires �trang�res ne sauraient avoir aujourd�hui la port�e qu�elles avaient durant les ann�es infernales, car pr�cis�ment aujourd�hui, notre probl�me ou nos difficult�s ne sont plus avec la communaut� internationale qui a compris, il est vrai tardivement, lorsque elle-m�me a �t� touch�e, que le terrorisme islamiste doit �tre combattu et non courtis�. Notre probl�me est interne et il est simple : le pouvoir politique ne saurait dans le temps rassurer la communaut� internationale sur sa d�termination � combattre le terrorisme islamiste et la convaincre que sa politique de r�conciliation est la meilleure solution. C�est absolument antinomique. C�est totalement illogique. Et le doigt accusateur de M. Bedjaoui point� sur cette m�me communaut� avait pour seul objectif d��tre l�arbre qui cache la for�t. Pendant ce temps, les patriotes, les policiers, les militaires, continuent � se battre, � mourir, � d�fendre la R�publique. Ils meurent dans l�indiff�rence g�n�rale. Pendant ce temps-l�, les �victimes de la trag�die�, c�est-�-dire les terroristes islamistes et leurs familles rel�vent la t�te encourag�s et f�licit�s par un pouvoir politique qui n�a jamais cach� ses sympathies � leur �gard, les appelant tendrement, tant�t les �repentis�, tant�t les ��gar�s�. L�unique certitude dans cette embrouille politicienne est que la r�conciliation sera vou�e � l��chec si elle ne l�est d�j�. Alors les beaux discours sur �le pays s�curis� o� l�on peut circuler...� pr�tent � sourire. Il est impossible de se sentir s�curis� lorsque l�assassin d�hier devient votre voisin aujourd�hui. Est-il seulement possible enfin de dire �pays s�curis� lorsque les forces de s�curit� d�clenchent au p�ril de leur vie (mais qui pense � ces hommes ?) des op�rations de ratissage pour traquer les hordes islamistes et que celles-ci redoublent de f�rocit� parce qu�elles savent qu�elles ont encore le temps de rejoindre la cit� et de se faire pardonner, indemniser et chouchouter ? C�est cela un pays s�curis�, para�t-il, selon la d�finition du pouvoir politique... Et pendant que des Alg�riens se font tuer par les islamistes, le politique est encore et encore pr�occup� par la r�vision constitutionnelle... priorit� nationale, n�est-ce pas ? 2) Encore la r�vision constitutionnelle Bien qu�ayant pris connaissance de la mouture de r�vision constitutionnelle dans la presse propos�e par le secr�taire g�n�ral du FLN, (notamment El Khabar, Le Jour) j�ai d�cid� de n�en faire aucun commentaire. La raison est simple : les d�bats autour d�une telle question ne m�riteraient ce qualificatif que s�ils regroupaient les comp�tences requises mais �galement les Alg�riennes et Alg�riens qui ont leur mot � dire sur un tel projet. Tel n�est pas le cas. S�agissant d�une proposition du secr�taire g�n�ral du FLN � son pr�sident et pr�sident d�honneur du FLN, en quoi sinc�rement sommes-nous concern�s ? Un vice-pr�sident ou plusieurs, mandat limit� ou illimit�, nos pr�occupations citoyennes et quotidiennes sont tout � fait autres et elles sont autrement plus s�rieuses que leur r�vision constitutionnelle. Alors Messieurs, � tout choisir entre �la guerre des tranch�es� qui a point� le nez � l�horizon qui est votre guerre coutumi�re, et notre quotidien peu reluisant, je pr�f�re encore celui-ci. En tout �tat de cause, je vous le redis, qui vivra verra... 2007-2009. Alors r�flexion faite : la r�vision constitutionnelle est un non-�v�nement et une diversion politicienne, � laquelle on ne succombera pas. Sera vice-pr�sident celui que l�on choisira. L�ambition politique est chose commune, y compris chez ceux qui n�ont pas les moyens de leur ambition. Etre n� sous une bonne �toile c�est nettement mieux... 3) Ibn Khaldoun et l�acad�micienne Assia Djebar R�cemment, le premier magistrat du pays a rendu hommage au grand penseur Ibn Khaldoun lors d�un colloque organis� � la m�moire de ce dernier. Jusque-l�, rien de particulier, rien d�anormal. Sauf que le 15 juin 2006 l��crivaine alg�rienne, Assia Djebar a re�u � Paris l�Ep�e de l�Acad�mie fran�aise. Si la presse s�est faite l��cho de cet �v�nement litt�raire in�dit pour l�Alg�rie, celui-ci a �t� accueilli par une totale indiff�rence des officiels. Certes, l�ambassadeur d�Alg�rie en France a assist� � la c�r�monie, mais c�est le journaliste et l��crivain Jean Daniel qui a rendu, en sa qualit� de pr�sident du comit� de l�Ep�e, hommage � la grande dame. Il est vrai que le m�me silence officiel avait accueilli l��lection de Assia Djebar � l�Acad�mie fran�aise le 16 juin 2005. Rien de surprenant. Ce n�est pas la premi�re fois qu�un �crivain (ne) d�expression fran�aise est boud� et ignor�. Rachid Mimouni n�a �t� honor� qu�apr�s sa disparition. (Un exemple parmi d�autres). Assia Djebar est une �crivaine talentueuse, elle est alg�rienne, et elle est la cinqui�me femme admise parmi les quarante immortels � l�Acad�mie fran�aise. N��tait-ce pas suffisant pour faire de cet �v�nement une f�te litt�raire ? Un �v�nement in�dit, faut-il le r�p�ter ? Il semblerait que synonyme de fiert� pour ceux qui en ont appr�ci� la valeur, cette haute distinction n�a pu �viter le regard indiff�rent, voire d�daigneux de l�Alg�rie officielle. Comment auraient r�agi le pr�sident tunisien ou Sa Majest� le Roi Mohammed VI du Maroc si une Tunisienne ou une Marocaine avait �t� �lue � l�Acad�mie fran�aise ? En Alg�rie, on pr�f�re honorer Ibn Khaldoun un penseur au demeurant respectable et que j�ai eu plaisir � lire et � relire. Assia Djebar ma�trise brillamment la langue de Voltaire et elle est femme. Cela la fait �sortir des rangs�. A cette grande dame je voudrais exprimer ma fiert� de la savoir � l�Acad�mie. Tant pis Madame pour les ignorants. Et merci pour nous autres femmes alg�riennes. La cr�ativit�, l��criture Madame effraient le pouvoir, Mohamed Benchicou journaliste, r�cemment lib�r� saurait mieux en parler que moi. Le pouvoir, Madame, d�teste les penseurs, les �crivains, les po�tes, les journalistes qui ne le courtisent pas. Alors, Madame, tant pis pour lui de ne pas tirer gloire de votre �lection � l�Acad�mie fran�aise. Moi je vous le r�p�te Madame : je sus fi�re, tr�s fi�re.