Les USA s'acharnent à vouloir réaliser les objectifs militaires par l'entremise de l'ONU Le président américain J.W.Bush n'a pas encore admis, l'échec de son projet du Grand Moyen-Orient. En résistant à l'agression israélienne, le Hezbollah n'a pas seulement cassé le mythe de l'invincibilité de cette armée, véritable «bête noire» des armées arabes, mais aussi brouillé les cartes du jeu distribuées par Bush pour faire de la région une chasse gardée...par Israël justement. La résolution onusienne 1701 est venue au secours de l'Etat hébreu pris au piège dans un Sud-Liban, transformé en terrain miné pour les soldats israéliens. Les techniques de combat utilisées par les combattants du Hezbollah, puisées dans la stratégie d'une guérilla, ont mis en péril l'homogénéité des instances névralgiques d'Israël, qui n'a récolté de cette sixième guerre avec les Arabes que la désolation et les appréhensions des lendemains incertains. En ne réalisant aucun des objectifs tracés à la veille de l'entame de l'offensive militaire, copiée sur celle utilisée par les USA en Irak, Israël s'est retrouvé dans une situation inédite: il ne sait quoi faire, face à une poignée de combattants décidés à défendre bec et ongles leur territoire. Le pouvoir en Israël n'a pas encore avalé la «pilule» du Hezbollah. Une revanche est attendue par tous en Israël. Le ministre de la Défense, Amir Peres, parle déjà d'un second «round» face au Hezbollah. Pour les chefs de guerre israéliens, il n'est pas question d'accepter la défaite, car il n'est pas encore écrit qu'Israël soit vaincu par un adversaire arabe. Pour ce faire, les USA tentent de réaliser les mêmes objectifs inscrits dans la «feuille de route» de l'armée israélienne en utilisant, cette fois, l'arme diplomatique. L'ONU est harcelée pour pondre une autre résolution qui viendrait compléter celle de 1701. J.W.Bush l'a clairement signifié dans son discours de lundi dernier: «Il y aura une autre résolution de l'ONU». Celle-ci, on s'en doute, sera chargée d'une mission précise: désarmer le Hezbollah. Le projet consiste à transformer le rôle de cette force d'interposition en forces offensives et de harcèlement. Les USA veulent reproduire le scénario irakien en chargeant des forces multinationales pour réaliser ses objectifs. Un allié de l'intérieur est déjà trouvé, il s'agit des forces politiques du 14 mars qui ont déjà appelé au désarmement du Hezbollah avant même que l'agression israélienne n'ait pris fin. Saad Harriri et Walid Joumblat sont les porte-voix de cette revendication qualifiée par Hassan Nasrallah d'«immorale». Le non-respect par Israël du «cessez-le-feu» proclamé au 33e jour de l'agression sans succès, est une autre tactique qui vise à faire réagir les «missiles» du Hezbollah. L'Etat libanais, quant à lui, a déjà décrété une sentence «mystère» en qualifiant de «traître» toute riposte aux tirs israéliens dans le Sud-Liban. Pour schématiser la situation d'après-guerre au Liban, disons que le «cessez-le-feu» déclaré ne concerne, en fait, que les combattants du Hezbollah. Israël est libre de tuer encore au Sud-Liban en utilisant même des opérations «commandos» pour laver l'affront du cuisant échec subi un mois durant. Le refus de la France de prendre le commandement des forces de la Finul, après avoir fait un forcing diplomatique pour amener l'ONU à appeler à un arrêt des hostilités au Liban, est un indice qui montre bien qu'il y a anguille sous roche dans ce dossier. Les hésitations de plusieurs pays à prendre part à cette force de «paix», conforte les craintes d'une manipulation au profit des USA et de son allié israélien. Ce duo d'enfer, veut transformer des forces de «paix» en armée de guerre. L'autre indice qui milite pour cette thèse, est le refus d'Israël de voir un pays hostile participer à la formation de cette force. En termes crus, Israël veut avoir à sa frontière des forces amies qui, le cas échéant, peuvent se transformer en forces alliées sous le couvert d'une résolution onusienne. La guerre n'est pas encore terminée pour Israël.