Le monde, tétanisé, observe sans réagir la dévastation systématique du Liban et de la bande de Ghaza par l'armée israélienne. Quasiment, aucun pays de la «communauté» dite ‘'internationale'' n'a, jusqu'à ce jour, condamné clairement les exactions de l'armée israélienne tant dans la bande de Ghaza depuis le 28 juin dernier qu'au Liban à partir du 12 juillet. En revanche, les mêmes n'ont pas eu de mots assez durs pour condamner les mouvements de résistance palestinien (Hamas) et libanais (Hezbollah) qui luttent dans le cadre que leur donne le droit internationale de combattre l'occupation étrangère. Jusqu'à plus ample informé c'est bien Israël qui occupe les territoires palestiniens, une partie du Sud-Liban (les fermes de Chabaâ) et le plateau syrien du Golan. Il fut un temps où le président français, le général de Gaulle, disait qu'en occupant les territoires (palestiniens) avec comme corollaires la domination et la répression, celles-ci, à leur tour, suscitent la résistance des peuples occupés qu'Israël a beau jeu de qualifier de terrorisme. Mais y a-t-il, aujourd'hui, parmi les dirigeants mondiaux, un de Gaulle pour dire aux Israéliens ces simples vérités que l'occupation, la domination et la répression, ne peuvent déboucher que sur des situations conflictuelles comme celles que vivent les peuples du Proche-Orient depuis plusieurs décennies. Personne, ni l'Union européenne, ni l'ONU -qui peuvent pourtant beaucoup- n'osent imposer à Israël le devoir de retenue et de raison garder, lorsque le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan (voir article ci-contre) abonde dans le sens des revendications israéliennes, le désarmement du Hezbollah, sans évoquer à aucun moment sa contrepartie, l'évacuation par Israël des fermes de Chabaâ, toujours occupées par l'armée israélienne qui y maintient une garnison et constituent l'un des points d'achoppement dans le dossier israélo-libanais. Israël, qui réclame le positionnement de l'armée libanaise aux frontières entre les deux pays, n'a cessé, tout au long de la journée d'hier, de pilonner les casernes de cette même armée, montrant le peu de cas que l'Etat hébreu fait de cette armée appelée selon M.Annan, à remplacer le Hezbollah aux frontières entre le Liban et Israël. Et pour cause, Israël, qui domine la région par la puissance de feu de son armée, s'oppose à l'existence de véritables forces armées dans les pays arabes voisins susceptibles de mettre en difficulté ses propres forces de répression. De fait, tout concourt à donner à Israël le temps qu'elle demande pour ‘'liquider'', selon les déclarations des dirigeants israéliens, le Hezbollah. Aussi, fort du feu vert américain, l'armée israélienne poursuit son oeuvre de dévastation au Liban. Dès lors, on se demande ce que valent les déclarations mielleuses de solidarité avec le Liban de certains dirigeants occidentaux, qui ne font rien, par ailleurs, pour arrêter ce massacre à grande échelle et de destruction au Liban qui tourne au génocide et au crime de guerre. Ainsi, la France qui, par la voix du président Jacques Chirac, se dit solidaire du Liban n'a pas eu un mot de condamnation pour les crimes que perpétue Israël au Liban. En revanche, le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy va jusqu'à justifier la position de la France aux yeux d'Israël, rappelant que «la France avait demandé la libération des trois soldats capturés par le Hamas palestinien et le Hezbollah chiite libanais, le démantèlement des milices et l'arrêt des tirs de roquettes» sur Israël, indiquant «nous avons condamné tout de suite les actes inqualifiables du Hezbollah. Nous avons appelé Israël à avoir une réaction proportionnée et en particulier à ne pas frapper l'ensemble du Liban» (c'est nous qui soulignons). Drôle de solidarité avec le pauvre Liban. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, ne fait pas mieux qui admet la poursuite de l'offensive d'Israël en indiquant que «les combats pourraient se poursuivre un temps». Ce qui permet au général israélien Moshé Kapinsky, chef d'état-major adjoint -fort du laisser-faire international, ou du moins des grandes puissances qui dominent le monde- d'affirmer hier à la radio militaire israélienne: «Nous ne parlons pas de mois, et j'espère pas non plus de semaines, mais il nous faut du temps afin que nous puissions atteindre tous nos objectifs.» La chef de la diplomatie israélienne, Tzipi Livni d'insister: «Il faut empêcher l'Iran et la Syrie, et l'Iran par le biais de la Syrie d'armer le Hezbollah à l'avenir et de revenir à la situation que nous connaissions». Israël demande en fait à la «communauté internationale» de lui laisser le temps de terminer son oeuvre de destruction au Liban. Il faut bien admettre que c'est le cas puisque aucune voix ne s'est levée pour dire ‘'trop c'est trop'' alors qu'un crime contre l'humanité se commet en direct, via les médias internationaux, au Liban sous le regard impassible des Nations unies et de la «communauté internationale» complices de fait de ce qui se passe aujourd'hui au Liban et dans les territoires palestiniens occupés. Diabolisant à outrance l'Iran, ce qui est facile en ces temps où le droit de la force prime, l'expert israélien, Mark Heller, du Centre Jaffe d'études stratégiques de l'Université de Tel-Aviv, explique que «la communauté internationale comprend que si l'Iran demande un cessez-le-feu immédiat, c'est évidemment dans l'intérêt de son protégé, le Hezbollah» et d'aller droit au fait. «C'est pourquoi, souligne-t-il, elle (la communauté internationale) donne du temps à Olmert afin qu'il mette un terme à la présence armée du Hezbollah au Liban-Sud». Cqfd ! Au moment où les Israéliens dévastent le Liban et se répandent en déclarations où ils demandent à la «communauté internationale» du «temps» pour parachever leur oeuvre de destruction au pays des Cèdres, que disent les Libanais murés dans le silence, que disent les dirigeants arabes dont les seules condamnations -pour «aventurisme»- ont été adressées aux mouvements de résistance du Hamas et du Hezbollah? Triste spectacle que donnent d'eux les (dirigeants) Arabes au moment où le monde entier semble se liguer contre les seuls mouvements (arabes) qui tentent de relever, un tant soit peu, la dignité bafouée des peuples arabes.