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L'APRES-GUERRE AU LIBAN
Faites de l�humanitaire, pas plus� Par Ma�mar Farah [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 08 - 2006

�Washington pousse aussi des pays arabes comme l'opulente Arabie saoudite, rivale de l'Iran dans le monde musulman, � fournir une aide rapide et visible au Sud-Liban.� : c�est �crit noir sur blanc et c�est un passage d�une d�p�che d�agence. Ainsi, apr�s avoir pouss� l�Arabie � cautionner l�agression isra�lienne au Liban, voil� les v�ritables ma�tres du jeu qui incitent nos pays � faire dans l�humanitaire et � contrer le Parti de Dieu sur le plan de la reconstruction !
�Washington pousse aussi des pays arabes comme l'opulente Arabie saoudite, rivale de l'Iran dans le monde musulman, � fournir une aide rapide et visible au Sud-Liban.� : c�est �crit noir sur blanc et c�est un passage d�une d�p�che d�agence. Ainsi, apr�s avoir pouss� l�Arabie � cautionner l�agression isra�lienne au Liban, voil� les v�ritables ma�tres du jeu qui incitent nos pays � faire dans l�humanitaire et � contrer le Parti de Dieu sur le plan de la reconstruction ! On comprend, d�s lors, pourquoi Riyad a promis un demi-milliard de dollars au Liban. On comprend pourquoi tant d�autres pays de notre r�gion se pressent aux ports et aux a�roports libanais avec leurs cargaisons de lait pour enfants et de m�dicaments : �a, c�est l�aide voulue par les Am�ricains. La v�ritable aide dont avait besoin le Liban et sa r�sistance �tait de tout autre nature et, � d�faut, d�y envoyer des armes � ce que personne ne nous aurait reproch� vu que le sieur Bush le fait pour l�autre camp �, nous aurions pu au moins nous manifester politiquement durant ce long mois de combats. POLITIQUEMENT, cela veut dire exprimer des positions politiques claires par rapport aux Am�ricains, ma�tres d��uvre de ce carnage et qui, hypocritement, parlent de venir en aide au peuple libanais apr�s l�avoir �cras� sous leurs bombes intelligentes. Cela veut dire convoquer les ambassadeurs am�ricains pour leur exprimer le ras-le-bol face aux g�nocides r�p�t�s qui, de l�Irak au Liban, en passant par la Palestine, ont toujours le m�me architecte. Cela veut dire tout faire pour r�unir un sommet qui aurait rappel� au monde que les Arabes ont des positions communes minimum s�agissant de d�fendre un Etat membre contre la barbarie am�ricano- sioniste. Or, toute la politique actuelle des Etats-Unis, sous la houlette des n�osconservateurs, vise justement � briser cette unit� arabe et � pousser � �l�individualisme � nos nations afin qu�elles se d�tournent de l�id�e d�une entit� arabe pouvant contrer les desseins de la nouvelle droite et les ambitions d�Isra�l � demeurer le seul Etat fort de la r�gion.
Les nouvelles directions pour nos pays sont d�j� pr�tes !
Bien plus, le Nouveau Moyen-Orient, qui devait na�tre sur les d�combres du Liban sacrifi� sur l�autel d�une paix douteuse et d�shonorante, devait pousser cette logique � l�int�rieur m�me de nos pays, en y cr�ant de nouveaux Etats sur des bases confessionnelles, ethniques, communautaires et autres. Les plans existent et ont �t� d�voil�s r�cemment sur les colonnes d�un journal de l�arm�e am�ricaine. En fait, on n�a pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre que ce plan de d�mant�lement est contre les int�r�ts sup�rieurs des peuples arabes et qu�il ne sert en rien les dirigeants qui, aveugl�ment, le servent docilement car ils seront les premiers � �tre �ject�s de leurs si�ges, r�put�s ind�boulonnables. Ce qui s�est pass� en Irak aurait d� servir de le�on, mais, nos pouvoirs, aveugl�s par la puissance am�ricaine ou corrompus par elle, n�y ont vu que du feu ! La CIA pr�pare, dans le calme et la s�r�nit�, les nouvelles directions qui seront affect�es � nos pays et ceux qui pensent qu�ils seront �pargn�s parce qu�ils servent avec z�le les int�r�ts de M. Bush se trompent lourdement. La nouvelle droite n�a que faire de dirigeants qui, et quels que soient les griefs que l�on peut retenir contre eux, sont issus de la g�n�ration des nationalistes arabes ayant souvent combattu pour la libert� ; et �a, ni Isra�l, ni l�entourage fasciste de M. Bush ne le leur pardonneront.
D�mocratie ? Laquelle ?
Et la d�mocratie dans tout cela ? A moins d��tre un niais cong�nital, il faut se rendre � l��vidence : Washington s�en fiche royalement de la d�mocratie dans nos pays. La d�mocratie ? Un mot que l�on sert dans les discours st�r�otyp�s destin�s � la consommation interne. Et pas seulement d�ailleurs puisqu�il existe, � l�int�rieur de nos pays, des intellectuels qui continuent de croire que les Etats-Unis veulent sinc�rement installer des d�mocraties dans nos pays ! Ils nous le faisaient d�ailleurs savoir en 2003 en nous adressant des messages d�une rare virulence, en nous traitant de tous les noms d�oiseau. Et pourquoi donc ? Parce que nous �crivions que le but de M. Bush n��tait pas d�installer la d�mocratie en Irak, mais d�occuper ce pays, de renverser son r�gime, de contr�ler ses richesses et d�y semer le d�sordre confessionnel et ethnique dans l�objectif de le d�truire totalement en tant que nation. Peut-on dire aujourd�hui que la d�mocratie est en vigueur en Irak ? Cette esp�ce de camp retranch� appel� la �zone verte� et o� le pouvoir s�exerce en vase clos avec un semblant de vie parlementaire, n�est-il pas en fait un bunker o� coexistent le pouvoir fictif, celui des Irakiens, et le pouvoir r�el, celui des Am�ricains. Et s�il y a des couacs dans ce sc�nario, le m�rite en revient principalement � la r�sistance irakienne, la vraie, celle qui combat avec les armes pour lib�rer son pays de l�occupation �trang�re, droit l�gitime reconnu par les Nations-Unies. Un droit seulement ? Plut�t un devoir qui s�impose � tous les patriotes et ils sont de plus en plus nombreux � refuser les plans am�ricains et � s�y opposer en faisant parler la poudre. La manipulation, l�utilisation des brigades de r�servistes islamistes rescap�s d�Afghanistan, la pr�sence d�Al Qa�da, qui �chappe miraculeusement aux mailles de la premi�re puissance mondiale, la pr�sence de commandos du Mossad, les ficelles du M15 et de la CIA n�y changeront rien et seul le peuple irakien paie le prix fort de tous ces desseins diaboliques qui se traduisent par des explosions programm�es � cela a �t� d�j� utilis� au Liban dans les ann�es 80.
Le rapt du p�trole !
Voil� la d�mocratie qui nous attend : une destruction totale de nos pays, de nos villes, de nos campagnes. La fin de ce que nous avons aim�, ch�ri : notre pass� h�ro�que, nos espoirs de b�tir un monde meilleur, nos us et coutumes, toutes ces belles choses qui font la particularit� de notre culture. Nous sommes destin�s � devenir des sous-Am�ricains, sans pass�, sans avenir, acceptant que l�on nous d�pouille de nos richesses par des lois �modernes et adapt�es � l��poque !�. Nous n�avons pas vu beaucoup d��crits d�non�ant la loi alg�rienne sur les hydrocarbures lorsqu�elle a �t� annonc�e par le pr�sident Bouteflika du haut de la tribune du si�ge central de l�UGTA, l� o�, une trentaine d�ann�es plus t�t, le pr�sident Boumediene livrait son inoubliable �Qararna��. Ce qui nous avait le plus fait mal ce jour-l�, c��tait le fait que les repr�sentants des travailleurs applaudissaient debout une mauvaise loi pour le pays et ses g�n�rations futures. Nous l�avons �crit imm�diatement, mais que pouvions-nous face � l�unanimisme g�n�ral et aux flagorneurs d�une certaine presse qui, elle aussi, applaudit tout, sans se donner la peine de r�fl�chir aux cons�quences de telles actions sur l�avenir de l�Alg�rie. Une mauvaise loi ? Quand vous le dites avant l�heure, vous �tes un nostalgique, un irr�ductible, un socialiste de pacotille, un attard� mental� Mais quand c�est le pr�sident qui s�aper�oit des dangers de cette loi et que l�on essaye, dans la pr�cipitation, de r�parer les d�g�ts caus�s par les amis des grandes compagnies am�ricaines, la �certaine� presse nous parle enfin des faiblesses de l�ancienne � d�j� ? �loi� Ce que nous essayons d�expliquer, en citant cet exemple, est que la d�mocratie voulue par les Am�ricains n�est jamais la vraie d�mocratie, c�est-�-dire le respect des choix du peuple, des �lections libres, une vie politique r�elle, la libert� d�expression pour tous, le droit syndical reconnu pour toutes les organisations, la libert� de r�union et de manifestation, etc. La d�mocratie est un mot creux, pr�t � �tre employ� des dizaines de fois dans les discours de M. Bush ou de Rice pour tromper leur propre peuple et jeter de la poudre aux yeux des autres. Lorsque les Palestiniens organisent des �lections vraiment libres et que c�est le Hamas qui gagne, les Am�ricains et leurs amis isra�liens ne sont pas contents : �Mais, enfin, ce n�est pas �a la d�mocratie� � L�Europe suit et l�on assiste � un v�ritable chantage �conomique, indigne de ces d�mocraties cit�es en exemple. Le peuple palestinien s�est tromp�. Bien s�r, il s�en trouvera toujours des analystes, chez nous, pour dire que les Am�ricains et les Europ�ens ont raison de refuser la pr�sence d�un parti islamiste au gouvernement palestinien, en se basant sur notre propre exp�rience. L�extr�misme religieux a fait 200 000 morts chez nous et d�truit tant d�infrastructures et d�espoirs que l�on ne peut que comprendre les ressentiments de certains vis-�-vis de tout ce qui ressemble de pr�s ou du loin � du vert� Seulement, nos coupeurs de t�tes, ex-politiques reconvertis dans la lutte arm�e, ne combattaient pas le sionisme et l�imp�rialisme, mais un pouvoir alg�rien et des forces arm�es alg�riennes. A ce titre, ils sont � honnir et � bannir. Concernant le Hamas, il lutte contre l�occupation de son pays et ne peut �tre consid�r� comme un mouvement terroriste. Nous sommes loin de la vague d�attentats commis � l��tranger par les diff�rentes factions de la r�sistance palestinienne dans les ann�es 70. La branche militaire du Hamas limite son action � l�int�rieur du territoire palestinien. C�est un mouvement de r�sistance qui n�aura plus de raisons de porter les armes le jour o� son pays sera totalement lib�r� !
Les amalgames autour du Hezbollah
Idem pour le Hezbollah. Je crois qu�il y a beaucoup d�amalgames autour de ce mouvement chiite, li� � l�Iran et dont nous continuons � penser qu�il a agi par solidarit� avec les Mollahs, coinc�s dans le dossier nucl�aire. N�anmoins, et m�me si l�enl�vement des deux soldats isra�liens ob�issait � un agenda iranien, la suite des �v�nements allait faucher bien des certitudes dans une moisson inimaginable il y a un mois. Maintenant, tout devient clair : la guerre contre le Liban, � dites plut�t la �guerre contre le Hezbollah� � a �t� pr�par�e depuis longtemps avec la b�n�diction de certains pays arabes et d�une bonne partie des forces politiques libanaises. Sinon, comment expliquer l�empressement de certains pays de la r�gion � consid�rer l�action du Hezbollah comme une �aventure� ? Ce qui a �t� d�ailleurs consid�r� par Olmert et ses pairs comme un encouragement � leur guerre libanaise. Par ailleurs, beaucoup d�officiels et de chefs de parti libanais semblaient, au d�but de la crise, h�sitants quant � la position � adopter vis-�-vis de la r�sistance, comme s�ils s�attendaient � une victoire rapide d�Isra�l pour en r�colter les fruits. Quant � l�Etat h�breu, il avait, semble-t-il, pr�dit une balade d�une semaine � dix jours, le temps de casser le Hezbollah pour s�adresser directement � la Syrie et � l�Iran et passer aux premi�res fondations du �Nouveau Moyen-Orient�, cher � l�extr�me-droite am�ricaine. L�incroyable force de la r�sistance libanaise a d�jou� tous ces plans ou, pour �tre plus objectif, les a retard�s. Les forces int�rieures libanaises hostiles au Hezbollah et proches des Am�ricains se sont retrouv�es coinc�es entre le �devoir� de solidarit� vis-�-vis de la r�sistance h�ro�que des enfants du Sud et la n�cessit� d�avancer dans la r�alisation du plan am�ricain avec une paix imm�diate et isol�e qui ignorerait le dossier palestinien, cause et n�ud gordien de toute la crise du Proche-Orient.
Comme au Vietnam�
Sur le plan int�rieur, la d�faite isra�lienne � inattendue � va recomposer le champ politique libanais en donnant au Hezbollah les moyens politiques d�influer lourdement sur les prises de position officielles. Ce poids, d�j� incontestable, se renforce aujourd�hui avec l�engagement de Nasrallah d��tre un acteur incontournable dans la reconstruction du Liban, avec, � la cl�, des aides mat�rielles cons�quentes pour les familles sinistr�es. Conscient de ces enjeux, le staff am�ricain voit d�un mauvais �il tout cela et presse les pays arabes � �tre pr�sents sur ce nouveau front. Mais, comme � leurs habitudes, les strat�ges am�ricains font encore de mauvais calculs : le Hezbollah est comme un poisson dans l�eau chez les populations du Sud. Ce que les Isra�liens n�ont pas pu vaincre ce dernier mois, ce n��tait pas une simple milice arm�e, mais tout un peuple� Nous pensions que la le�on vietnamienne allait �tre longuement m�dit�e� Mais peut-on dire, aujourd�hui, que, sur un plan r�gional, la victoire de la r�sistance libanaise aura des r�percussions n�gatives sur le plan am�ricain ? Les rares relais � r�sistance palestinienne, Syrie, Iran � en mesure de faire fructifier cette pr�cieuse r�ussite ne semblent pas capables d�influer sur le cours des �v�nements face � des r�gimes arabes jouant le jeu am�ricain. A l�int�rieur m�me du Liban, le rapide d�ploiement des forces arm�es � qui auraient �t� mieux inspir�es de tirer une seule cartouche pour d�fendre leur honneur apr�s avoir perdu beaucoup d�hommes hors combat ! � laisse penser que tout �tait pr�par� � l�avance. Il est vrai qu�une arm�e nationale doit �tre pr�sente sur chaque pouce du territoire de son pays et la situation �tait anormale. Mais la r�alit� locale, diff�rente d�un pays � l�autre, explique dans une large mesure cette �anomalie�. D�ailleurs, la r�cente guerre a justifi�, a posteriori, cette situation qui est en train d��tre corrig�e. Mais au profit de qui ? Quand on voit le poids r�el de ces forces arm�es, on comprend d�s lors pourquoi Isra�l tient tant � les avoir � ses fronti�res, au lieu et place du Hezbollah. A ce titre, et sans �tre un rabat-joie, il s�agit incontestablement l� du premier �pisode du nouveau plan qui reproduit les exemples palestinien et irakien : une arm�e oui, mais pas d�armes lourdes, pas d�avions de combat et pas d�engins sophistiqu�s� La seule arm�e forte doit rester celle d�Isra�l. Le seul pays � poss�der la technologie nucl�aire doit rester Isra�l. Aux autres de faire du tourisme et de� l�humanitaire !


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