Le spectre de la guerre civile plane sur le Liban depuis l�assassinat du ministre de l�Industrie, Pierre Gemayel. Depuis le meurtre de l�ancien Premier ministre, Rafik Hariri, en f�vrier 2005, c�est le cinqui�me crime politique commis dans ce pays. Naturellement, les regards se sont tourn�s vers la Syrie qui, selon certains m�dias, n�a pas dig�r� le retrait de son arm�e du Liban. Le fait est que ce petit pays du Proche-Orient se trouve malgr� lui au c�ur du conflit proche-oriental, et selon le ministre chr�tien d�missionnaire, Yacoub Sarraf, une vingtaine de services de renseignements �trangers op�re dans Beyrouth. La capitale libanaise est ainsi devenue le rendez-vous de tous les �James Bond� des pays d�velopp�s mais aussi d�Isra�l et de certains pays arabes ayant des int�r�ts au Liban. Le Mossad que, curieusement, aucun m�dia occidental �voque, est bel et bien pr�sent. Jeudi pass�, l�ancien chef d�Etat libanais, le g�n�ral Michel Aoun, s�est �tonn� que les membres d�un r�seau du Mossad, d�mantel� par la police libanaise, ne soient pas encore diff�r�s devant la justice. Pire : durant l�agression isra�lienne de juillet-ao�t, l�arm�e de Tel-Aviv a parachut� des armes dans certaines r�gions du Liban. D�ailleurs, un commando isra�lien avait �t� intercept� par des groupes du Hezbollah au moment m�me o� il s�appr�tait � r�ceptionner les armes parachut�es. Il se trouve que parmi ce commando dont tous les membres ont �t� tu�s, il y avait des Druzes isra�liens. Ces harkis � la sauce isra�lienne � il ne s�agit nullement d�un scoop � sont bien connus pour leur f�rocit� contre les Palestiniens des territoires occup�s. Ils ont l�avantage de parler arabe, parce qu�ils sont arabes, et peuvent �tre utilis�s pour faire le sale boulot notamment au Liban et, sans doute, en Syrie. La Syrie, justement, n�est pas tout � fait innocente dans ce qui se passe au Liban. Bien que son arm�e se soit retir�e de ce pays, elle n�a pas tout � fait renonc� � ce que le pays du C�dre �chappe � son influence. La crainte de le voir passer d�finitivement sous contr�le am�ricain et, partant, qu�il �tablisse des relations diplomatiques avec Isra�l, alors que le Golan syrien est sous occupation isra�lienne, ne peut laisser indiff�rent le r�gime de Damas. De plus, ce dernier est soumis � de rudes pressions afin de le contraindre d��tablir des relations diplomatiques avec le Liban, pays que le pouvoir baassiste syrien consid�re comme une de ses �wilayas�. Or, renoncer � toute influence sur le Liban sans contre-partie revient pour la Syrie � faire son deuil du Golan occup� par Isra�l. Aussi, dans ce jeu � haut risque, Damas n�est pas pr�s d�abdiquer, et continuera de troubler le jeu des puissances occidentales. Mais, de l� � lui attribuer le meurtre de Pierre Gemayel, c�est aller vite en besogne. Et ce, parce que cet assassinat intervient au moment m�me o�, avec l�aval de Washington, le r�gime syrien vient de renouer ses relations avec le r�gime irakien et, au moment m�me o� les Etats-Unis veulent int�grer la Syrie, mais aussi l�Iran, dans la recherche d�une solution � la crise irakienne. Par cons�quent, la question de savoir qui a int�r�t � pousser le Liban vers le pire m�rite mieux que les raccourcis qu�on lit ou qu�on entend sur la r�alit� de ce pays. De plus, le meurtre de Pierre Gemayel a eu lieu dans un contexte o� l�opposition libanaise, � savoir le Hezbollah, le parti Amal de Nabih Berri et le Courant patriotique libre (CPL) du g�n�ral Michel Aoun, qualifi�s par leurs adversaires de �pro-syriens�, s�appr�taient � organiser une d�monstration de force dans les rues des principales villes du pays pour faire tomber le gouvernement de Fouad Siniora et provoquer des �lections anticip�es. Mais voil�, le meurtre de Gemayel a chang� la donne. Les manifestations ont �t� annul�es. Alors question : qui est derri�re ce dernier crime et � qui profite-t-il ? S�rement pas � l�opposition libanaise !