L�Iran occupe depuis quelques mois le devant de la sc�ne politique internationale. D�abord par sa farouche d�termination de maintenir son programme de recherche nucl�aire malgr� les intimidations des Occidentaux, et � leur t�te les USA. L�Iran refuse le deux poids, deux mesures et c�est tout � fait son droit, son bon droit. Bien �videmment, les USA sont bien �emb�t�s� de voir s��riger dans la r�gion du Moyen-Orient une deuxi�me puissance nucl�aire qui briserait �l��quilibre� qu�ils s��chinent � construire ici (comprenez la supr�matie militaire d�Isra�l). Mais l�Iran inqui�te aussi par la place et le r�le strat�gique qu�il construit, par petites touches dans la structuration politique de la r�gion. Et l�Iran n�inqui�te pas seulement les USA comme nous le verrons plus loin. Rappelons d�abord quelques donn�es. L�Iran est une soci�t� et un pouvoir chiites. Et nous savons que les chiites repr�sentent un islam beaucoup plus radical que les sunnites. Jusqu�� la guerre contre l�Irak, men�e par les USA, l�Iran chiite �tait bien isol�. Cette guerre am�ricaine contre l�Irak a chang� les donn�es et la r�cente guerre d�Isra�l contre le Liban a compliqu� encore davantage la situation. L�Irak aujourd�hui est gouvern� par un pouvoir chiite, en Palestine, Hamas, une formation politique de m�me ob�dience, gouverne ; le pouvoir syrien alaouite est chiite, le Liban aujourd�hui vit aux pulsations du Hezbollah, parti chiite. Et voil� donc un �arc chiite� qui se construit sous l�animation des ayatollah iraniens. Et des prolongements de cet arc jusqu�en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis sont possibles, les chiites y �tant pr�sents, certes plus aux Emirats qu�en Arabie saoudite. Ce poids g�o-strat�gique que prend l�Iran g�ne consid�rablement le programme du �nouveau Proche- Orient� que pr�voient les Am�ricains pour la r�gion. Et ce qui est encore plus g�nant, ce sont les opinions arabes qui se sentent tout � fait en phase avec le Hezbollah et l�Iran qui leur lavent l�affront et l�humiliation que ne cessent de leur faire subir Isra�l et les USA. Les opinions arabes y compris, bien s�r, les sunnites. Le journaliste �gyptien Samar El Gammal �crit : �Jamais un pr�sident iranien n��tait de plus en plus populaire dans les rues arabes comme l�est aujourd�hui Mahmoud Ahmadi Nejad, pour son d�fi des USA sur le nucl�aire�, ( El Ahram 16/22 ao�t 2006). Les pouvoirs arabes sunnites en place dans les pays de la r�gion voient �videmment d�un �il inquiet cette �mergence d�un Iran nucl�aire et l�gitim� par la rue arabe. Un Iran victorieux militairement et surtout politiquement ne manquera pas de d�stabiliser des r�gimes jusque-l� rassur�s par le soutien am�ricain. Le trio Riyad-Amman-Le Caire, alli� traditionnel de Washington au Moyen-Orient, a d�j� d�nonc� la bataille aventuri�re du Hezbollah libanais contre Isra�l comme il a d�nonc� �l�ing�rence �trang�re� faisant allusion au r�le jou� par T�h�ran (Cf. El Ahram hebdomadaire 16/22 ao�t 2006). L�agence de presse du Royaume saoudite �crit : �Une distinction doit �tre �tablie entre la r�sistance l�gitime et les aventures irr�fl�chies entreprises par des �l�ments de l�int�rieur et par ceux qui sont derri�re eux... Ces �l�ments exposent les pays arabes et leurs int�r�ts � de graves dangers sans que ces pays aient leur mot � dire�, et le pr�sident �gyptien Hosni Moubarak a d�clar�, pour sa part, � la t�l�vision �gyptienne que �les chiites arabes �taient plus loyaux � l�Iran qu�� leurs pays�, (et c�est bien s�r, l�Iran qui est vis� et non pas les chiites). Un bras de fer est donc engag� entre le �trio sunnite� et l�Iran chiite renforc� par le rapprochement alaouite syrien luim�me r�sultat des pressions am�ricaines et occidentales exerc�es sur Damas. Le politologue tunisien Bassam Bounenni d�crit ce �nouveau jeu de cartes� comme un sch�ma � deux p�les : �Un premier p�le avec pour membres l�Iran et la Syrie ainsi que deux antennes l�une au Liban, le Hezbollah, l�autre dans les territoires occup�s, le Hamas, Dans le second p�le, on trouve l�Arabie saoudite, l�Egypte et la Jordanie, alli�s traditionnels des USA et proches d�Isra�l. Voil� pour ce qui en est des donn�es politiques.� L�autre atout dont dispose l�Iran est constitu� bien �videmment par le p�trole. D�abord par son propre p�trole. Un retrait de la production iranienne du march� mondial du p�trole entra�nerait, � ne pas en douter, une flamb�e des prix qui n�en finirait pas de remettre en cause toutes les pr�visions de croissance �conomique des pays de l�OCDE. Mais plus grave encore pour ces pays, un blocage par l�Iran du d�troit d�Ormuz priverait le march� mondial de l��nergie de l�essentiel de l�offre mondiale de p�trole et �tranglerait les �conomies occidentales et bien �videmment l��conomie am�ricaine. Ainsi et pour r�sumer, nous pouvons souligner trois points : 1) Un zone d�influence chiite de plus en plus vaste ; 2) Un programme nucl�aire qui augmente la force de dissuasion ; 3) Un contr�le sur une grande partie de l�offre mondiale de p�trole. L�Iran est aujourd�hui une puissance r�gionale avec laquelle il faut compter au Proche-Orient. Incontestablement, la guerre men�e par Isra�l contre le Liban a mis s�rieusement en cause le mythe de �l�invincibilit� de Tsahal� de m�me qu�elle a mis au grand jour l��chec politique de l�agression am�ricaine contre l�Irak. La guerre contre l�Irak et la guerre contre le Liban ont facilit� l��mergence d�un �arc chiite� anim� par un Iran qui s�impose d�sormais, aussi bien aux r�gimes arabes qu�aux USA, comme un partenaire incontournable. Un �nouveau Proche- Orient� est en train de voir le jour, mais certainement pas celui souhait� par Washington. L�avenir, le proche avenir, donnera certainement raison au pr�sident syrien qui rappelait la semaine pass�e dans un discours remarqu� que �la victoire du Hezbollah contre Isra�l a mis � mal le projet des Etats-Unis de remodeler le Proche- Orient�.