Provocation int�ress�e ou expression spontan�e d�un ras-le-bol insoutenable, le soul�vement juv�nile d�octobre 1988 a, en d�finitive, et c�est le peu qu�on puisse dire, loup� de f�conder une Alg�rie d�mocratique. La barricade islamiste, que le pouvoir de l��poque, pour la survie et la p�rennit� du r�gime qu�il incarnait, laissa complaisamment s��riger, obstrua la petite br�che d�mocratique qu�il ouvrit. De sorte � ce que les espoirs qu�il fit jaillir ne muent pas en r�alit�. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Il servira peut-�tre d�encore disserter sur les tenants et les aboutissants de l�explosion d�octobre 1988. Un tel exercice, qui au demeurant n�a pas manqu� d�adeptes depuis maintenant pr�s de deux d�cades, aiderait s�rement � saisir et mieux comprendre comment et surtout pourquoi la r�volte d�Octobre a rat� d��tre une r�volution. Ceci m�me s�il tend � s��tablir, pour ne pas dire �tabli � r�v�lations d�acteurs et de responsables politiques � que le d�versement de col�re juv�nile d�il y a dix-huit ans a �t� plut�t provoqu� et attis� que spontan�. Les �meutes qui �clat�rent un certain 5 octobre � Alger, avant de gagner au fil des jours d�autres contr�es du pays, ont �t� pens�es, de l�avis des partisans d�une explosion sociale instruite, comme des obturateurs � m�me d��viter au r�gime, � l��poque rong� par le doute, d��tre surpris et emport� par une crue sociale mena�ante. Les ingr�dients pour un soul�vement populaire �taient en effet r�unis. La col�re couvait dans toutes les strates sociales, depuis, sinon bien avant les �v�nements de Constantine, deux ann�es auparavant . Machiav�liques, les instigateurs des �v�nements d�octobre 88, int�ress�s par la survie du r�gime, ont provoqu� une temp�te qui soul�verait tout juste quelques toits, la gardant bien des vents violents qui aurait pu la m�tamorphoser en tsunami. Pour cela, ils joueront sur les contradictions politiques qui traversaient la soci�t�. Ils aideront alors les islamistes � r�cup�rer, puis pervertir le leitmotiv d�octobre 88. Le pacte est scell�, m�me si les islamistes, peu d�ann�es plus tard, se d�couvriront des vell�it�s d�affranchissement. La suite, nul ne l�ignore, tant dramatique elle a �t�. Aujourd�hui, apr�s des milliers de morts, le pouvoir en place, incarnation, faut-il le dire, de l�inamovible r�gime, redonne de la substance au pacte pass� avec les islamistes, replongeant l�Alg�rie non pas dans la situation des ann�es 90 mais de bien avant. Avec en sus, un islamisme amplement plus dangereux et mieux structur�. L�expression d�mocratique �touffe autant qu�elle l��tait avant octobre 1988. En d�pit d�une existence l�gale, l�opposition politique est �vacu�e des espaces et canaux d�expression. Seule l�alliance pr�sidentielle, quelques autres petites pr�tendants � la cour ont voix au chapitre. Ce conglom�rat, o� se sont dilu�es des identit�s politiques contradictoires, fait office de parti unique, tant les segments qui le composent ont la s�mantique politique r�duite � la p�roraison autour du programme pr�sidentiel. Par ailleurs, les r�volt�s d�octobre 88 auront pris de l��ge sans avoir connu un mieux social� une meilleure justice. Le pouvoir d�achat des couches les plus larges de la soci�t� s�est consid�rablement d�grad�, accentuant la paup�risation. Et ce n�est pas le rel�vement annonc� du SNMG qui am�liorera la situation sociale de l�Alg�rien. Et ce n�est certainement pas le dernier la�us du pr�sident sur l��tat de la justice qui le fera entrer de suite et par le grand s�same dans l�Etat de droit. Il lui, par contre, donnera � entretenir l�espoir, � travers les diff�rents plans de relance �conomique mis en branle et les multiples r�formes promises. En 1988 aussi, il y a eu les fameux plans anti-p�nuries (PAP). D�ailleurs, il ne manque que cela pour se sentir vivre � cette p�riode. Mais s�il n�y a pas de p�nurie � pr�sent, il n�y a pas non plus de quoi acheter. Ce n�est pas tellement diff�rent.