L�Espagne vient d�accorder � l�Alg�rie un cr�dit de 60 millions d�euros, au titre du Fonds d�aide au d�veloppement. Ce cr�dit est destin� � financer la fourniture de 14 trains pour le m�tro d�Alger. Selon le communiqu� du Conseil des ministres, la concession de ce cr�dit vise � �promouvoir les exportations de biens et services espagnols vers l�Alg�rie et contribuer au d�veloppement et � l�am�lioration du transport public � Alger�. Les conditions financi�res du cr�dit sont une p�riode d�amortissement totale de 14 ans, incluant un d�lai de gr�ce de 7 ans, avec un taux d�int�r�t annuel de 0,9%, � �ch�ances semestrielles. Ce faisant, l�octroi de ce cr�dit ne manque pas de soulever des contradictions dans la conduite de la politique financi�re du pays. En effet, m�me si ce cr�dit est contract� au profit d�une entreprise nationale, il n�en constitue pas moins une forme d�endettement pour le pays. Soit, la pertinence de s�interroger sur le retour � l�endettement. Or, l�Alg�rie a impuls� depuis quelques ann�es une politique de d�sendettement et de gestion active de la dette, bas�e notamment sur le remboursement par anticipation de la dette ext�rieure. Une politique de d�sendettement ciblant la r�duction de la d�pense ext�rieure en int�r�ts sur la dette, l�am�lioration de l�appr�ciation �conomique ext�rieure du pays et le renforcement de la s�curit� financi�re. L�Alg�rie rembourse 16 milliards de dollars Dans le sillage de cette politique, notre pays a cess� d�emprunter et les dettes existantes ne repr�sentent, officiellement, que les emprunts contract�s avant la fin de l�ann�e 2005. Ainsi, l�Alg�rie a rembours� par anticipation une dette externe de plus de 12 milliards et �conomis�, par cons�quent, un montant de l�ordre de 2 milliards de dollars au titre des int�r�ts, des commissions du service de la dette et des autres charges financi�res qui assortissent les pr�ts contract�s devant �tre rembours�es, selon l��ch�ancier initial, entre 2006 et 2011. Ces 12 milliards de dollars r�gl�s par anticipation se composent de la dette r��chelonn�e contract�e aupr�s du Club de Paris (7,9 milliards de dollars), du Club de Londres (pr�s de 800 millions de dollars) ainsi que des cr�dits multilat�raux pour un montant de pr�s de 4 milliards de dollars, contract�s aupr�s des institutions financi�res internationales (Banque mondiale, Banque africaine de d�veloppement�). En ajoutant � cela l�annulation, en mars dernier, de la dette contract�e vis-�-vis de la Russie, estim�e � 4,737 milliards de dollars, notre pays aura r�gl� entre 2004 et 2006 une dette ext�rieure de l�ordre de 16 milliards de dollars. Au titre de tous ces remboursements, le montant de notre dette ext�rieure devrait tomber a u x alentours de 4 milliards de dollars d�ici � la fin de l�ann�e en cours contre 15,5 milliards de dollars en f�vrier dernier. Mais elle continue de s�endetter Or, en contractant cette dette vis-�-vis de l�Espagne, l�Alg�rie renoue avec le recours aux cr�dits ext�rieurs, ce qui n�est plus de mise officiellement, d�o� une contradiction flagrante. Et en plus, elle s�endette alors que la d�marche en vogue est de ne plus s�endetter, dans un contexte d�aisance financi�re impressionnante, avec un niveau des r�serves de changes avoisinant les 70 milliards de dollars, permettant de couvrir plus de 3 ann�es d�importations au rythme actuel. Cela signifie-t-il une remise en cause de cette politique de d�sendettement ? Non, estime-ton au niveau du minist�re des Finances pour lequel ce cr�dit n�a rien � voir. Selon le d�partement de Mourad Medelci, la concession de ce cr�dit constitue l�aboutissement d�un processus de n�gociations engag� depuis longtemps, avant m�me la concr�tisation du programme de remboursement par anticipation. De surcro�t, ce cr�dit, au montant relativement peu important, ne p�se pas lourd sur les finances nationales, ressemble quasiment � un don et s�av�re avantageux, r�torque-t-on au sein de ce d�partement. Pour ce dernier, l�Entreprise du M�tro d�Alger s�endette � des conditions financi�res avantageuses (une p�riode d�amortissement total de 14 ans, incluant un d�lai de gr�ce de 7 ans, avec un taux d�int�r�t annuel de 0,9%, � �ch�ances semestrielles), sous la garantie du Tr�sor. Cependant, pour l��conomiste et universitaire Abdelhak Lamiri, l�octroi de ce cr�dit ext�rieur contredit et la politique de d�sendettement et la strat�gie financi�re mise en �uvre. En effet, selon cet observateur et analyste de la res economica, la contraction de ce cr�dit �n�est pas normale� et met en relief la contradiction entre des options de gestion op�rationnelle et la strat�gie officielle en cours. Une contradiction qui peut survenir, cet �conomiste estimant que �les m�canismes ne sont pas huil�s et les instruments de contr�le ne sont pas mis en place�, d�o�, selon lui, la n�cessit� d�une meilleure coordination et de �garde-fous�. En fait, il aurait �t� pr�f�rable, selon Abdelhak Lamiri, de faire appel aux ressources financi�res dormantes que de contracter un tel cr�dit, au-del� de sa finalit�, et de tomber dans la contradiction. Y-a t-il contradiction ? Ce faisant, d�autres experts estiment qu�il n�y a pas de contradiction et d�incompatibilit� entre le fait de contracter ce cr�dit et, donc, de s�endetter, et la politique de d�sendettement adopt�e. Certes, l�Alg�rie b�n�ficie, gr�ce aux remboursements par anticipation op�r�s, d�une autonomie financi�re lui permettant de pouvoir contracter des dettes peu ch�res, de long terme et bien n�goci�es. Cependant, notre pays poss�de-t-il la capacit� de pouvoir rembourser cet endettement qui est imparable, car n�cessaire du point de vue �conomique. En d�autres termes, ces experts consid�rent que le fait de s�endetter est normal pour toute entit� �conomique et que l�endettement est l�gitime au regard des grands projets d�investissements � long terme lanc�s, notre pays poss�dant des ressources, �tant solvable et ouvrant ses march�s � l�investissement �tranger, � charge, selon ces experts, pour les op�rateurs �trangers de jouer le jeu et de profiter de cet effet de levier. Toutefois, l�Alg�rie, d�pendante encore de la manne p�troli�re, lui assurant � l�heure actuelle cette importante aisance financi�re, aura-telle la capacit� de reproductibilit�, c�est-�-dire de contracter ces dettes, transformer ces ressources en biens, services et �quipements et rembourser ces cr�ances ? Difficile d��tre r�ellement affirmatif � ce sujet. En fait, si l�endettement est de retour, au galop, diront certains, l�Alg�rie pourra-t-elle rembourser les dettes contract�es si le prix du p�trole baisse de mani�re vertigineuse. Ce qui n�est pas encore le cas � l�heure actuelle mais qui pourrait l��tre � moyen terme si notre pays ne sait pas g�rer ses richesses. Se pose donc, de nouveau, la question r�currente de la bonne gouvernance. Et l�, c�est un autre d�bat.