La Commission europ�enne devrait sans surprise taper sur les doigts d'Ankara la semaine prochaine, en d�non�ant le ralentissement des r�formes et le non-respect de ses engagements sur Chypre, dans un rapport crucial pour l'avenir des relations entre l'UE et la Turquie. "C'est un rapport critique, le rythme des r�formes s'est ralenti" depuis l'ouverture des n�gociations d'adh�sion � l'UE en octobre 2005, a indiqu� mardi une source europ�enne, soulignant malgr� tout que "des choses ont �t� faites". "Un ralentissement des r�formes ne signifie pas un retour en arri�re", a comment� Bahadir Kaleagasi, repr�sentant aupr�s de l'UE des patrons turcs, estimant que les lois adopt�es ces derni�res semaines influenceraient "sans doute favorablement" le rapport de Bruxelles. Les d�put�s turcs ont notamment adopt� une grande partie d'un paquet l�gislatif tr�s attendu par Bruxelles, qui comprend notamment la cr�ation d'un m�diateur charg� de r�gler les conflits entre l'Etat et les citoyens. Seule une disposition pol�mique sur l'�largissement de la libert� de culte, et en particulier sur la restitution des biens appartenant aux fondations religieuses non-musulmanes, est encore en discussion. Le rapport de la Commission va �galement souligner les progr�s en mati�re de lutte contre la torture, selon une autre source europ�enne, mais va en revanche �tre "tr�s critique sur la libert� d'expression". Le commissaire � l'Elargissement, Olli Rehn, demande depuis des mois la modification ou la suppression de l'article 301 du code p�nal turc, qui a permis � la justice de poursuivre plusieurs dizaines d'auteurs, dont le prix Nobel de litt�rature 2006 Orhan Pamuk. Les principaux points du rapport ont d'ailleurs d�j� �t� �voqu�s par M. Rehn, a not� une source europ�enne, assurant qu'"aucune surprise" ne devait �tre attendue. En septembre, le commissaire, r�p�tant que "l'�lan des r�formes avait ralenti en Turquie depuis un an", avait soulign� les probl�mes en mati�re de libert� d'expression, de libert� religieuse, de droits des minorit�s. Et il avait bien s�r rappel� Ankara � ses engagements sur Chypre. La Turquie a sign� en juillet 2005 le protocole dit d'Ankara qui �tend son union douani�re avec l'UE aux dix Etats membres entr�s dans le bloc europ�en en 2004, dont la partie chypriote grecque, au sud de l'�le divis�e depuis 1974. Mais Ankara refuse toujours d'ouvrir ses ports et a�roports aux navires et avions chypriotes grecs et exige au pr�alable la lev�e de l'isolement de la communaut� chypriote turque, au nord. Pour sortir de cette impasse, la pr�sidence finlandaise de l'UE a pr�sent� il y a quelques semaines un plan qui se concentre sur la reprise du commerce direct entre la partie nord et l'UE. Selon une source turque, ce compromis pr�voit notamment la reprise de ce commerce direct via le port de Famagouste (partie nord) et le transfert � l'ONU du contr�le de la ville fant�me de Varosha, banlieue de Famagouste. Mais pour accepter le plan finlandais, Nicosie, qui bloque depuis son entr�e dans l'UE en 2004 toute mesure commerciale en faveur de Chypre du Nord, r�clame le retour � Varosha, vid�e lors de l'invasion turque de 1974, des Chypriotes grecs, ses "habitants l�gitimes". Pour tenter de parvenir � une solution, la pr�sidence a invit� tous les acteurs concern�s pour une r�union de la derni�re chance dimanche et lundi en Finlande. La Commission attend d'ailleurs l'issue de cette r�union pour �crire les "conclusions" de son rapport, a indiqu� une source europ�enne. Ces derniers mois, plusieurs responsables europ�ens ont menac� la Turquie d'une suspension au moins partielle de ces n�gociations d'adh�sion � l'UE si elle n'ouvrait pas ses ports aux navires chypriotes. Quelle que soit la position de la Commission, les 25 examineront de toute fa�on la question lors de leur sommet de d�cembre.