En quatre ans, onze chapitres sur 35 ont jusqu'ici été ouverts à la négociation, et un seul a été bouclé. L'Union européenne devrait faire un pas supplémentaire mais timide en direction de la Turquie avec l'ouverture lundi d'un douzième «chapitre» thématique des pourparlers d'adhésion, tandis que les négociations avec la Croatie progressent malgré les réticences slovènes. L'ouverture d'un seul chapitre des négociations consacré à l'environnement, prévue lundi lors d'une réunion à Bruxelles, témoigne de ce que «le rythme des pourparlers reste singulièrement lent», commente Didier Billion, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris. En quatre ans, onze chapitres sur 35 ont jusqu'ici été ouverts à la négociation, et un seul a été bouclé. Un manque de progrès qui s'explique en partie par les divisions entre Européens sur l'adhésion de la Turquie, certains comme la France et l'Autriche préférant lui proposer un «partenariat privilégié», une option rejetée par Ankara. Mais surtout, face au refus persistant des Turcs d'ouvrir leurs ports et aéroports aux Chypriotes grecs en dépit de l'adhésion de Chypre à l'UE en 2004 (le «protocole d'Ankara»), l'UE bloque depuis 2006 huit chapitres de négociations. Début décembre, l'UE a «profondément regretté qu'en dépit d'appels répétés, la Turquie persiste à ne pas vouloir satisfaire» à cette obligation et a réclamé des progrès «sans plus attendre». Sans prendre toutefois de sanctions supplémentaires, malgré les pressions de Chypre. Le ministre chypriote des Affaires étrangères, Markos Kyprianou, a dans la foulée annoncé que son pays allait poser de nouvelles conditions sur cinq chapitres non encore ouverts, ce qui porte à six le nombre de domaines bloqués par Chypre. «Pour autant, les Chypriotes ne sont pas dans la situation de tout vouloir faire capoter», indique Billion. De fait, Chypre est actuellement engagé dans de délicats pourparlers avec la communauté turque du nord en vue d'une réunification de l'île divisée depuis 1974. Dans ces négociations qui semblent piétiner, après leur relance en 2008 sous l'égide de l'ONU, «chacun a intérêt à faire pression sur l'autre sans aller jusqu'à franchir la ligne de non retour», estime le chercheur. Les Européens sont très critiques sur le ralentissement des réformes en Turquie, malgré des avancées notamment dans la normalisation des relations avec l'Arménie. Et la récente décision de la cour constitutionnelle turque de dissoudre le parti pro-kurde pour une société démocratique (DTP) «a envoyé un mauvais signal» à l'UE, relève M.Billion. Entamées en 2005 en même temps que la Turquie, les négociations d'adhésion avec la Croatie sont elles entrées dans la phase finale, et deux nouveaux chapitres, concernant la libre prestation des services et l'emploi et la politique sociale, doivent être bouclés lundi. Ceci porte à 17 sur 35 le nombre de chapitres clos. Les pourparlers, longtemps bloqués par la Slovénie en raison d'un différend frontalier, ont repris à un rythme soutenu depuis que les deux pays se sont mis d'accord le 4 novembre pour soumettre leur querelle à un arbitrage international. Llubljana n'a cependant pas encore ratifié l'accord et continue de bloquer l'ouverture de trois chapitres sur l'environnement, la pêche et la politique étrangère et de défense, officiellement en raison d'un «manque de temps», selon un diplomate. L'UE réclame encore de Zagreb une meilleure coopération avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et des efforts de lutte contre la corruption. Mais la Commission européenne juge un bouclage des négociations courant 2010 «réalisable». Et l'UE vient même de mettre en place ce mois-ci le groupe de travail chargé de rédiger... le traité d'accession de la Croatie.