Révélé par le Financial Times, le rapport sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne confirme que les conditions de Bruxelles reportent ce projet aux calendes grecques, au grand dam du gouvernement Erdogan. Intervenant devant l'assemblée grecque, le président du Parlement européen, Josep Borrell, a adressé, mardi soir, un sérieux rappel à l'ordre à la Turquie lui demandant de respecter les valeurs de l'Union européenne et d'ouvrir ses ports et aéroports à Chypre. Le Parlement européen “ne transigera pas sur le respect des critères, des valeurs et des principes fondamentaux qui ont un rapport avec les relations de bon voisinage et le respect du droit international”, a déclaré M. Borrell devant les députés grecs, selon ses propos rapportés par l'agence de presse d'Athènes (ANA). “Il n'est pas possible d'accepter l'adhésion d'un pays qui ne respecte pas ces conditions et cela a été clairement dit à la Turquie”, a ajouté M. Borrell qui effectue une visite en Grèce. Le président du Parlement de Strasbourg a affirmé que celui-ci était “vigilant” et avait “une position très critique face à la Turquie, à laquelle il avait à maintes reprises souligné qu'elle devait se plier aux conditions et aux principes de l'UE”. Il a insisté sur le fait que le Parlement européen “exigeait que la Turquie ouvre ses ports et aéroports” à Chypre, rappelant qu'Ankara s'était engagé à étendre l'union douanière aux dix nouveaux pays de l'UE et qu'elle continuait d'appliquer cet accord à Chypre. Il a rappelé que le Parlement européen souhaitait une “Chypre unifiée”. “Nous ne pouvons pas avoir dans l'Union le "seul" mur qui persiste en Europe”, soutenant fermement les négociations en cours menées par la présidence finlandaise de l'UE pour une solution du problème. Par ailleurs, le commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, s'est opposé, mardi dans Libération, à la suspension des négociations d'adhésion avec la Turquie, qui refuse l'accès de ses ports et aéroports aux navires et avions chypriotes, en violation du protocole d'Ankara, qu'elle a pourtant signé. Lorsqu'on l'interroge sur le fait de savoir s'il faut suspendre les négociations avec Ankara, M. Rehn répond : “Non, si la Turquie fait ce qu'elle doit faire.” À propos du non-respect du protocole d'Ankara par la Turquie, M. Rehn a indiqué que “la présidence finlandaise négociait actuellement avec les deux communautés chypriotes ainsi qu'avec la Turquie afin de trouver une solution”. Concernant l'adhésion de façon plus générale, “l'Union est déçue par la lenteur des réformes, qui ne sont pas assez crédibles, ce qui suscite la méfiance des opinions publiques”, estime M. Rehn. Enfin, la Turquie a été condamnée, mardi, par la Cour européenne des droits de l'homme pour mauvais traitements infligés à une femme placée en garde à vue pour son appartenance à un parti illégal. Dilek Yilmaz avait été placée en garde à vue, en octobre 1995, en raison de son appartenance au parti communiste marxiste-léniniste, MLKP. En mars 1997, elle avait été condamnée à trois ans et neuf mois d'emprisonnement pour aide et assistance à une organisation illégale. R. I./Agences