Le 27 octobre 2005, � Clichy-sous-Bois, dans la banlieue nord de Paris, deux jeunes, Bouna et Zyed, d�c�daient tragiquement, �lectrocut�s dans un transformateur o� ils s��taient r�fugi�s pour �chapper � la police. La suite : une col�re nourrie par la discrimination � l�emploi, la malvie, un ch�mage touchant plus de 40% des jeunes, les propos d�un ministre de l�Int�rieur, Nicolas Sarkozy, qualifiant ces jeunes de �racaille�, promettant de nettoyer les quartiers pauvres au karcher, allait embraser les banlieues fran�aises. Une ann�e apr�s, les ingr�dients de la crise sont toujours l�. Les promesses d�am�lioration sociale n�ont pas �t� tenues. Plus grave, � l�occasion de ce triste anniversaire, des bus sont incendi�s par des jeunes cagoul�s dont on se demande s�ils ne sont pas manipul�s pour aider une droite fran�aise en mal d�imagination � rebondir, jouant sur le tout-s�curit� pour faire diversion. D�autant que se profile � l�horizon 2007 l��lection pr�sidentielle. Une ann�e est pass�e. Ceux qui voyaient derri�re ces �v�nements la main des islamistes, �tablissant un lien douteux entre la situation des banlieues et celle existant dans les territoires occup�s palestiniens ou en Irak, se taisent aujourd�hui. Les quelques tentatives des �barbus� de reprendre en main ces �v�nements afin de se pr�senter comme des interlocuteurs oblig�s ont �chou�. Car les racines de cette crise n��taient pas religieuses mais sociales. Parmi, ces jeunes, beaucoup n��taient pas �musulmans�. Dans le nord de la France, certains �casseurs� condamn�s � la prison ferme par des tribunaux �taient des Fran�ais de souche, issus de quartiers d�favoris�s. Obnubil�s par de pr�tendues menaces islamistes ou voulant � tout prix convaincre une majorit� de Fran�ais que les racines du mal n��taient pas sociales mais religieuses, on a vu des politiques, Nicolas Sarkozy en t�te, ass�ner dans l�urgence des �v�nements des explications qui, par la suite, n�ont pas r�sist� aux faits. Et des commentateurs, des �fast-thinkings�, �des gens qui pensent plus vite que leur ombre�, comme les qualifiait Pierre Bourdieu, qui s�lectionnaient et exag�raient des faits en fonction de leur propre grille de lecture, tentant de faire de la religion, en l�occurrence l�islam, une composante d�une identit� ethnique. Tout simplement parce qu�une majorit� de ces jeunes �taient d�origine maghr�bine et africaine. La r�alit� est tout autre. Si certains quartiers des banlieues fran�aises sont habit�s par des gens originaires du Maghreb et d�Afrique, cela ne r�sulte pas d�un communautarisme d�essence religieuse, une sorte de ghetto religieux, mais comme le souligne Olivier Roy, d�une ethnicisation d�un espace d�exclusion sociale sans rapport avec le religieux de type salafiste. Il suffit d�observer que les comportements, le type de conduite de ces jeunes d�class�s sociaux, sont sans rapport avec les rites islamistes, les conditions sociales d�existence et les comportements des jeunes palestiniens ou irakiens � qui ces �fastthinkings� ont cherch� � les comparer. Bien que de parents �trangers, ces jeunes des banlieues fran�aises sont le produit et le vecteur d�une sousculture urbaine bien occidentale. La langue qu�ils parlent, les mots qu�ils utilisent et que Jamal Debbouze utilise dans ses sketchs, leur tenue vestimentaire, la musique qu�ils aiment � le rap � font que ces jeunes ressemblent plus � ceux qui vivent dans les banlieues am�ricaines qu�aux jeunes des villes du Moyen-Orient ou du Maghreb ; cette sous-culture des banlieues fran�aises est en rupture avec la culture d�origine de leurs parents et de ce point de vue, ils sont tr�s bien int�gr�s � la soci�t� occidentale. Et ce n�est pas en brandissant le fait que des jeunes filles � un peu plus d�un millier sur les centaines de milliers de coll�giennes et lyc�ennes � se sont fait exclure pour port de voile des �tablissements scolaires, qu�il faut conclure au refus de ces jeunes de s�int�grer � la soci�t� fran�aise.