1) R�vision constitutionnelle ou recette culinaire ? Tous les indicateurs politiques laisseraient � penser que le chef de l�Etat ne ferait plus de �sa� r�vision constitutionnelle une priorit�. �Celle-ci ne serait plus � l�ordre du jour et Abdelaziz Bouteflika n�aura finalement pas �sa� nouvelle Constitution avant la fin de l�ann�e 2006 comme il l�avait lui-m�me annonc� dans son discours du 3 juillet dernier� ( Le Soir d�Alg�rie du 6 novembre 2006). D�fenseur acharn� on s�en souvient de cette m�me r�vision, Abdelaziz Belkhadem ne semble nullement g�n� m�me s�il en est d�pit�, le report du r�f�rendum : �Le pr�sident ayant d�autres priorit�s�, a-t-il d�clar� toute honte bue. Evidemment et comme � l�accoutum�e, n�attendons surtout pas d�explications � cette soudaine volte-face. Serait-elle v�ritablement une renonciation ? Ou une ruse pour mieux rebondir ? Et si v�ritablement le premier magistrat du pays a d�finitivement abandonn� son projet qui �tait contrairement aux dires de son chef du gouvernement, sa priorit�, n�ayant jamais cach�, d�s son investiture, son aversion pour l�actuelle Constitution, il y a lieu de penser alors, que ce n�est plus la question des mandats (pr�sidentiels) qui serait source de divergence totale en �haut lieu� mais beaucoup plus celle de la d�signation d�un successeur � laquelle A. Bouteflika aurait voulu proc�der par le truchement de la r�vision constitutionnelle. C�est l� un mat�riau de r�flexion int�ressant puisqu�il repose le probl�me de l��tat de sant� du chef de l�Etat quand bien m�me ce sujet continue � �tre entour� d�une totale opacit�. Pourquoi en effet le premier magistrat du pays serait-il d�sireux et press� (par le temps qui lui serait donc compt�) de faire p�renniser (en choisissant lui-m�me son successeur) son r�gne, son mode de gouvernance et son image ? Comment r�pondre � cette question lorsqu�au moment o� son entourage tente de rassurer l�opinion sur �son �tat de sant� excellent�, la rumeur fort r�pandue, le dit tant�t malade, tant�t tr�s malade ? L�avenir � court ou moyen terme r�v�lera qui de la politique du secret, ou de la rumeur, souvent faut-il le rappeler seule source d�information dans notre pays depuis 1962, d�tient la v�rit� ? Mais pour importante que soit la raison qui aurait amen� le chef de l�Etat d�sireux il n�y a pas si longtemps de briguer un troisi�me mandat voire un mandat � vie, � changer soudainement de cap en pensant rapidement � d�signer son successeur, elle para�t mineure compar�e � l�id�e m�me de succession. Choquante et in�dite ce sont l� les deux qualificatifs qui lui conviennent le mieux. La Constitution de 1996 ne pr�voyant pas de vice-pr�sident et l�Etat alg�rien n��tant pas fond� sur une monarchie d�o� ce successeur tirerait-il donc sa l�gitimit� ? Et quand bien m�me tout n�est absolument pas parfait, loin s�en faut l�Alg�rie n�est pas une r�publique banani�re, l�Alg�rie n�est pas la Syrie o� Bachar remplace son p�re ou autres exemples du monde arabe. Il est vrai que le premier magistrat du pays mais surtout son entourage proche seraient tent�s de penser qu�un peuple qui hier a applaudi l�ex-FIS, les pr�sidents Boudiaf, �paix � son �me� Liamine Zeroual, puis Bouteflika, peut s�accommoder de n�importe qui. N�est-ce pas ce peuple dont son pr�sident a dit qu�il �tait �m�diocre� ? Faut-il cependant pr�ciser qu�� l�exception de M. le pr�sident Liamine Zeroual qui peut se vanter et se targuer d�avoir �t� �lu en 1995 massivement et r�guli�rement, toutes les �lections l�gislatives ou pr�sidentielles ont �t� entach�es de fraude �lectorale (M. Mohamed Boudiaf n�a pas eu le temps de se porter candidat). Ceux qui douteraient de cela pourraient se faire visionner les cassettes vid�o montrant les consulats alg�riens en 1995 pris d�assaut par la communaut� alg�rienne d�sireuse de voter. Et l�on se souvient en 1995 du courage des nombreux citoyens se rendant ici, aux urnes en bravant les menaces de mort des GIA. �Je vote contre le terrorisme�, disaient-ils ceux qui douteraient de la fraude, par contre, n�ont qu�� se souvenir des barbus de d�cembre 1991 sommant leurs troupes de cocher un bulletin en le remettant � l��lecteur suivant et de rapporter le bulletin vierge destin� � servir � d�autres �lecteurs. La manipulation des listes �lectorales a priv� les r�publicains d�avoir leurs cartes d��lecteurs et les morts ont �t� ressuscit�s. Quant � l��lection du 8 avril 2004 je rapporterai juste ce fait r�el : une enseignante assistant au d�pouillement dans un bureau de vote � Alger, ayant vot� avec 25 (je dis bien 25) membres de sa famille pour le candidat Ali Benflis n�a pas retrouv� ne serait-ce qu�un de ces 25 bulletins ! Tous �taient devenus Abdelaziz Bouteflika. Tout ceci pour dire que l�analphab�tisme aidant, les �lecteurs peuvent �tre manipul�s, tromp�s, abus�s cela ne signifie aucunement qu�ils sont �m�diocres�. M�diocres au point d�accepter comme le leur sugg�re un politologue comme �ventuels successeurs de l�actuel chef d�Etat soit un homme issu de sa fratrie �en r�serve de la r�publique�, dit-il, soit Abdelaziz Belkhadem ? Dans une contribution publi�e donc, en deux parties dan s El Watan des 5 et 6 novembre 2006, �une r�vision constitutionnelle pour quoi faire ?�, ce politologue pense que pour �viter ce qu�il appelle la �d�bouteflikatisation� apr�s le d�part du chef de l�Etat il y a lieu pour ce dernier de d�signer d�s � pr�sent son successeur comment ? En le d�signant comme vice-pr�sident. Par quels moyens ? Il le nomme y compris sans r�vision constitutionnelle. Quel profil aurait le successeur ? Sur ce point l�auteur dudit article cite des noms : ou un homme issu donc de la fratrie, ou A. Belkhadem. L� ce ne sont plus de simples hypoth�ses, ce sont tout bonnement des solutions semblables � des recettes de cuisine afin que demeure p�rennes le pouvoir et le r�gne de Abdelaziz Bouteflika apr�s son d�part que le m�me auteur dit in�vitable en raison de son �tat de sant� : �Tous les efforts d�ploy�s par les services de la pr�sidence, le chef du gouvernement... pour rassurer la population sur l��tat de sant� du pr�sident ne peuvent rien contre les faits qui eux sont t�tus : le pr�sident a ralenti de fa�on drastique son activit� � la t�te du pays� ( El Watandu 5 novembre 2006 page 13). C�est l� un aspect fort int�ressant de la contribution puisque son auteur nous dit indirectement mais sans ambigu�t�s que nous serions na�fs de croire � la th�se du banal ulc�re h�mmoragique. Dont acte. Par contre, je n�ai �videmment pas les talents de visionnaire de ce politologue et sans �tre une politologue je sais au moins qu�il existe une r�alit� politique qui n�a jamais vari� depuis 1962 : d�s que tombe le sommet, tout le ch�teau de cartes autour de lui s��croule. Une �quipe s�en va... une autre lui succ�de... Le successeur sera celui qui sera accept� et coopt� de la m�me mani�re que le fut par deux fois Abdelaziz Bouteflika. Enfin si ce politologue dont je respecte l�opinion estime qu�il ne m�rite que Abdelaziz Belkhadem ou un autre Bouteflika, c�est son droit. C�est celui de nombreux Alg�riennes et Alg�riens dont je fais partie d��tre convaincus qu�ils m�ritent beaucoup mieux qu�un islamiste existant et respirant gr�ce � son pr�sident ou un �h�ritier� tir� de la fratrie. M�pris�s par un pouvoir soucieux seulement d�exercer le pouvoir serions-nous pour autant frapp�s du sceau de la d�bilit� ? Peut-�tre que les politologues devraient �couter ce qui disent et pensent M. et Mme Tout-le-monde. Il serait stup�fait de constater qu�ils sont las tr�s las m�me du r�gne de Abdelaziz Bouteflika. Serions-nous masochistes au point de nous �faire offrir� son clone ? J�ignore absolument quel homme sortira du chapeau magique, je sais par contre que cette id�e de succession distill�e � dose hom�opathique est l�apanage de ceux qui croiraient � au risque de de me r�p�ter � que l�Alg�rie est une r�publique banani�re ou que la politique ressemblerait � une recette culinaire. La politique est peut-�tre �une dynamique irrationnelle� (Francois Mitterrand) mais pas si irrationnelle qu�on le croit lorsque ceux qui veillent au grain sont toujours l�, contrairement aux dires des uns et des autres qui les disent neutralis�s et �of course�. 2) Le GSPC et ses soutiens Alors que le terrorisme islamiste continue � frapper avec f�rocit� (8 militaires tu�s r�cemment dans la wilaya de A�n- Defla) alors que le m�me terrorisme multiplie ses appels et communiqu�s demandant des soutiens parmi les populations par �les armes, l�argent et la pri�re�, voici qu�au niveau de l�Etat, les discours se veulent rassurants. Tellement rassurants qu�ils en sont ridicules. C�est ainsi que le ministre de l�Int�rieur a qualifi� �le recours des groupes arm�s � l�explosif comme une preuve de leur faiblesse�. Tellement faible le GSPC qu�il a dynamit� deux commissariats et entra�n� la mort de plusieurs policiers et civils ! On aurait plut�t pr�f�r� savoir pour quelles raisons ces groupes arm�s ont-ils pu se red�ployer � 25 km seulement de la capitale alors que ce m�me ministre de l�Int�rieur avait d�clar� il n�a a pas tr�s longtemps que �les terroristes �taient d�sormais en petit nombre !� A moins que la faiblesse concerne la charge de l�explosif ? Le ministre de l�Int�rieur estimant que 50 kg c�est une charge faible � quand les 100 kg de TNT ? Et 8 militaires tu�s dans une embuscade c�est toujours une preuve de faiblesse ? Le terrorisme islamiste est de retour et tant pis pour celui ou celle qui sera au mauvais endroit, au mauvais moment : il subira la faiblesse du GSPC. C�est la seule r�alit� dont il faut � nouveau s�accommoder. L�autre perle de la semaine �coul�e est celle du pr�sident de la commission consultative de la protection des droits de l�homme qui a qualifi� quant � lui �d�actes d�sesp�r�s les attentats de Dergana et Regha�a�. Tellement d�sesp�r� le GSPC qu�il fait monter les ench�res et veut le pouvoir, tout le pouvoir ou rien. Ce n�est pas tout, ce pr�sident s�est dit avoir �t� fortement impressionn� par �l�esprit mod�r�, ouvert et d�mocratique de Rabah Kebir�. Ce n�est pas la premi�re fois que le repr�sentant des droits de l�homme confond lamentablement extr�misme et tol�rance ou �esprit d�ouverture� puisqu�en 2003 ( Le Soir d�Alg�riedu 4/12/2003) il avait r�v�l� au grand public que son genre de femme dans le domaine de la beaut� �tait celui d�une militante fran�aise pure et dure du Front national de Le Pen, ancienne actrice bien connue. Bref ! Il a le droit de faire ami ami avec le �repenti, blanchi, revenu d�Allemagne. Il ne nous obligera pas � transformer le diable en ange. 3) Salon du livre Prix des ouvrages encore inaccessibles pour toutes les bourses, voil� bien un constat que l�on fait chaque ann�e et au-del� que propose-t-on ? Que fait l�Etat ? Par contre, la commission dite de contr�le et le minist�re de la Culture prompts � censurer Boualem Sansal ont laiss� exposer l�ouvrage en arabe d�un certain �Sayed Ben Hussein El Afani�, un Egyptien qui remet en selle le �qui-tue-qui� ? et sugg�re aux groupes arm�s de ne pas frapper en Egypte mais de le faire en toute libert� en Alg�rie... Pour en avoir lu plusieurs extraits au Salon du livre, j�ai �t� stup�faite de constater qu�on puisse �tre aussi laxiste avec des ouvrages aussi venimeux. Au cas o� l�on souhaiterait plus de d�tails il y a lieu de se reporter � un article fouill�, publi� � ce sujet par El Khabar du 6 novembre 2006 page 4 sous le titre �Scandales au Salon international du livre�. Que fait-on au minist�re de la Culture ? La guerre � Malika Mokaddem et Boualem Sansal... 4) Corruption... corruption... Entre les scandales financiers, les d�tournements � coups de milliards, les affaires pendantes ou � venir devant la justice, on n�est vraiment pas �tonn� de voir l�Alg�rie � la 84e place dans le classement de l�ONG Transparency International. La petite pointe d�humour r�side dans le fait que l�Alg�rie est mieux plac�e � � peine ! � qu�en 2005. Et pourquoi ne pas sugg�rer � notre ami, pr�sident de l�Association de lutte contre la corruption, M. Djilali Hadjadj, admirable de courage d��tablir la liste des Alg�riens (nes) qui ne sont pas corrompus ? Elle serait tellement courte et facile � faire que tous les corrompus (tous) appara�tront en gros plan et cela permettrait � l�Alg�rie de reculer... de reculer jusqu�� rejoindre la derni�re place � sa place � celle qui correspondrait � cette gangr�ne qui la mine de partout quels que soit l�institution, le secteur ou la profession exerc�e. Et lorsque Djilali Hadjadj r�v�le qu�il n�a pas entendu joindre un dossier au rapport transmis � l�ONG parce qu�il a �t� menac�, il y a lieu de nourrir de s�rieuses inqui�tudes quant � l�avenir de notre pays, quant � la s�curit� �galement de ceux qui se battent depuis de longues ann�es contre ce grave fl�au. Sans doute le plus grave.