Pas moins de six femmes sont candidates � l��lection pr�sidentielle fran�aise. Outre la socialiste S�gol�ne Royal, investie jeudi pass� par son parti et donn�e favorite par les sondages, Marie-George Buffet (56 ans) et Cl�mentine Autain (33 ans) toutes deux en lice au nom de la gauche anti-lib�rale, Dominique Voynet (Vert), Arlette Laguiller (Lutte ouvri�re) le sont �galement, mais aussi, m�me si elle ne l�a pas encore annonc�, la gaulliste Mich�le Alliot-Marie (60 ans), actuelle ministre de la D�fense et opposante d�clar�e � Nicolas Sarkozy au sein de leur propre parti, l�UMP. S�gol�ne Royal a �t� choisie par 61% des militants socialistes devant Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, deux poids lourds de la gauche socialiste. Marie-George Buffet, secr�taire nationale du PCF (Parti communiste), a �t� choisie par plus de 80% des militants de son parti devant l�ancien maire de Saint- Denis, Patrick Braouzec. Il en est de m�me de Dominique Voynet au nom des Verts. Quant � Cl�mentine Autain, maire adjoint de la ville de Paris, apparent�e communiste, elle b�n�ficie d�une sympathie r�elle parmi la gauche anti-lib�rale et pourrait �tre pr�f�r�e � Marie-George Buffet quand les collectifs unitaires antilib�raux seront appel�s � choisir celle ou celui � car il faudra compter avec Jos� Bov� � qui sera leur candidat � l��lection pr�sidentielle. Hormis Mich�le Alliot-Marie, elles sont toutes de gauche. Avec, certes, des nuances. S�gol�ne Royal et Voynet se situent � droite de l��chiquier par rapport � Buffet et Autain, voire la candidate trotskiste, Arlette Laguiller. La pr�sence d�autant de femmes ne rel�ve pas d�un effet de mode. Aussi est-il permis de penser que l�on est en pr�sence d�une r�volution culturelle dans un pays o� la repr�sentation politique a �t� domin�e par les hommes jusqu�� ces derni�res ann�es. En effet, dans ce pays masculin qu�est encore la France o� le droit de vote aux femmes ne leur a �t� accord�e qu�en 1945, une candidature f�minine �tait une exception. C�est le cas de l�inamovible Arlette Laguiller, qui �tait la seule femme � s��tre pr�sent�e � toutes les �lections pr�sidentielles depuis� 1974 ! Si aujourd�hui on assiste � une telle r�volution des mentalit�s rendant banal le fait qu�une femme puisse devenir chef d�Etat, c�est gr�ce � plusieurs d�cennies de lutte du mouvement f�ministe fran�ais et des partis de gauche toutes tendances confondues. Mais les femmes dirigeant des pays ne sont pas l�apanage du seul Occident. Trois pays musulmans l�ont �t� par des femmes. Au Pakistan, Benazir Butho a �t� deux fois Premier ministre, au Bangladesh, Khaleda Zia a dirig� ce pays par deux fois, de 1991 � 1996 et d�octobre 2001 � octobre 2006, tandis qu�en Indon�sie, Megawati Sukarnoputri, fille du p�re de l�ind�pendance indon�sienne Ahmed Sokarno, et symbole de l'opposition au r�gime dictatorial du g�n�ral Soeharto, a �t� pr�sidente de l�Indon�sie de juillet 2001 � juillet 2004. Dans ces trois pays, ces femmes ont �t� �lues d�mocratiquement au suffrage universel � l�issue d��lections pluralistes, et ce, malgr� la violence qui y s�vissait du fait des islamistes. Reste que l�Indon�sie, le Pakistan et le Bangladesh constituent des exceptions dans le monde musulman : ce sont des pays asiatiques o�, malgr� les pesanteurs sociales, les femmes ne sont pas aussi marginalis�es qu�on le croit. Si pour l�heure, dans le monde arabe la possibilit� qu�une femme acc�de � la plus haute magistrature n�est gu�re r�alisable, elle n�est pas impossible. Bien avant la plupart des pays arabes, l�Alg�rie avait montr� la voie de l��mancipation � travers l�engagement des femmes dans la guerre de Lib�ration nationale et, plus tard, en d�fiant les islamistes, payant un lourd tribut pour leur droit � la citoyennet�. Et en d�pit des pressions multiples, de l�instrumentalisation de l�Islam � des fins politiques, l�Alg�rie ne peut gu�re �chapper � cette �volution qui voit les femmes devenir des acteurs politiques de premier plan. Ce n�est qu�une question de temps.