Enjeu n Dans quatre semaines, les Français se rendent aux urnes pour choisir leur président, et si Nicolas Sarkozy garde un avantage sur Ségolène Royal, tout reste ouvert. Nicolas Sarkozy (UMP, droite), Ségolène Royal (Parti socialiste), François Bayrou (UDF, centre) ou Jean-Marie Le Pen (FN, extrême droite): au soir du 22 avril, c'est de ce quatuor qu'émergeront les deux finalistes pour le second tour, le 6 mai. Douze candidats se sont lancés dans la dernière ligne droite de cette bataille indécise – près d'un Français sur deux n'a pas encore arrêté son choix – qui passionne le pays. A 74 ans et après 12 années au pouvoir, Jacques Chirac, a préféré s'effacer, laissant un bilan critiqué et ouvrant la voie à une nouvelle ère politique avec, pour la première fois, des chances sérieuses pour une femme d'accéder à la Présidence. A l'exception de Jean-Marie Le Pen, 78 ans, les trois principaux candidats sont des quinquagénaires, qui promettent de profondes réformes et une nouvelle façon de faire de la politique dans un pays qui doute profondément de ses élites. «Rupture tranquille» pour Sarkozy, «Révolution pacifique» pour Bayrou ou avènement d'un «ordre juste» pour Royal, tous promettent de redresser la barre d'un pays secoué par une série de crises comme les émeutes dans les banlieues et dont le non à la Constitution européenne en 2005 avait secoué l'Europe. Les sondages, omniprésents, donnent l'avantage à Sarkozy, 52 ans, avec de 28 à 31% d'intentions de vote au premier tour, devant Mme Royal, 53 ans, qui recueille de 25 à 26,5%. Un écart qui s'est resserré ces derniers jours. Au second tour, presque toutes les enquêtes donnent M. Sarkozy vainqueur, mais un sondage vendredi a toutefois placé les candidats à 50/50. Medias, sondeurs et candidats le martèlent : «Rien n'est joué.» D'autant plus qu'un «troisième homme», le centriste François Bayrou, est venu troubler le jeu et menacer le duo Sarkozy-Royal. M. Bayrou, 55 ans, qui veut mettre fin au clivage gauche -droite, se présente comme un candidat modeste et a séduit des déçus de Mme Royal comme des électeurs traditionnels de droite. Les derniers sondages le donnent toutefois en train de fléchir, autour de la barre des 20%, voire en dessous. Reste l'inconnu du score de Le Pen. Le chef du Front national (FN) affirme qu'il sera de nouveau au second tour, comme lors de la présidentielle de 2002. Prônant la «préférence nationale», pourfendant la mondialisation et l'immigration, il séduit notamment dans l'électorat ouvrier, chez les déclassés, les personnes âgées. Il est crédité d'environ 13% des intentions de vote, soit plus qu'en 2002 à la même époque. Cinq candidats de la gauche radicale se présentent : trois trotskistes (Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et Gérard Schivardi), une communiste, Marie-George Buffet, et l'altermondialiste José Bové. Les autres postulants sont l'écologiste Dominique Voynet, le souverainiste Philippe de Villiers, qui concurrence M. Le Pen, et Frédéric Nihous, candidat des chasseurs. Aucun des huit «petits» candidats ne dépasse les 4% d'intentions de vote.