Il est incontestable que les options �conomiques de Bouteflika sont en train de prendre un nouveau cours. Sans parler encore d�une vision �labor�e, coh�rente et facilement identifiable, on peut d�celer dans la d�marche �conomique officielle de ces trois derni�res ann�es des mesures qui marquent le retour de l�Etat comme principal acteur de la vie �conomique nationale. Certes, le choix de l��conomie de march� n�est pas remis en cause mais le lib�ralisme �conomique pr�n� au d�but de sa premi�re mandature, par ses �conomistes-ministres, semble avoir fait long feu. Et c�est tant mieux ! Rappelons-nous d�abord la d�claration de Bouteflika lui-m�me � la fin de l�ann�e 1999 : �Je suis un lib�ral... L�Etat-providence, c�est fini !� Son ministre des Finances de l��poque rench�rissait : �L�Etat doit �ter ses mains de l��conomie !� ou encore un peu plus tard : �Les Alg�riens doivent mettre les mains � la poche�, � propos des tarifications de l�eau, gaz et �lectricit� ou celles des soins de sant� que le ministre des Finances trouvait trop basses. De m�me, � propos de la mise � niveau des entreprises alg�riennes dont tout le monde reconnaissait la faible performance et l�absence de comp�titivit�, le ministre des Finances d�clarait : �Il appartient aux entrepreneurs de la financer et non pas � l�Etat !� Le ministre des Participations pour sa part d�clarait � tous vents : �Toutes les entreprises publiques sont privatisables.� �Encore faudra-t-il trouver des repreneurs de toute cette vieille quincaillerie !�, pr�cisait-il en pr�sence des ministres des Finances et de l�Energie devant un parterre de journalistes. Enfin, qui ne se souvient de la t�nacit� avec laquelle le ministre de l�Energie, soutenu notamment par le ministre des Finances de l��poque, se bagarrait pour faire passer sa �loi sur les hydrocarbures� qui lib�ralisait et privatisait le secteur p�trole et gaz ? S�agissant des politiques de relance de type keynesien que le pr�sident de la R�publique s�appr�tait � mettre en �uvre, le ministre des Finances les d�clarait inappropri�es et inefficaces. La capacit� d�absorption de notre �conomie �tant faible et l�offre interne �tant rigide, le multiplicateur allait jouer � l�ext�rieur. 2001, la r�orientation de la politique �conomique est entam�e d�abord par la mise en �uvre du premier plan de relance 2001/2003 et le Plan national de d�veloppement agricole (PNDA). Deux programmes publics d��quipement du pays tr�s attendus. Les r�sultats sur la croissance �conomique sont l� : +5% par an en moyenne. 2005, rebelotte. On adopte un second plan de relance procyclique nettement plus consistant qui fait chuter le taux de ch�mage, rattrape une partie des d�ficits d��quipement du pays, fouette l�activit� �conomique. La loi sur les hydrocarbures, qui lib�ralisait totalement ce secteur strat�gique, est mise au placard. Bouteflika d�clare : �Je consid�re que notre g�n�ration est incapable de construire l��conomie de l�apr�s-p�trole, j�ai donc d�cid� de pr�server nos ressources en p�trole et en gaz pour nos g�n�rations futures.� L�Etat reprend les leviers de commande du secteur de l��nergie. De m�me, la privatisation annonc�e de l�ensemble des entreprises publiques est remise en cause par Bouteflika qui d�cide que les grosses entreprises publiques �difficilement constitu�es� resteront entre les mains de l�Etat m�me si l�ouverture de leur capital peut �tre envisag�e. Bouteflika va plus loin encore et ordonne l��laboration d�une nouvelle strat�gie industrielle dont le socle sera constitu� par les plates-formes industrielles publiques existantes et dans la mise en �uvre de laquelle l�Etat va jouer un r�le pr�pond�rant. Enfin, et pour ne citer que les d�cisions les plus importantes, dans le domaine social un fonds de r�serves pour le financement des retraites est institu� qui confirme bien la poursuite de la politique de protection sociale. Bien �videmment, ce retour de l�Etat dans les politiques macro-�conomiques actives et dans la relance de l��conomie est une bonne option, une option juste. Il faut, cependant, �viter de retourner � l��tatisme des ann�es 1970 et, au contraire, acc�l�rer le rythme des politiques structurelles qui doivent instaurer la r�gulation indirecte, les m�canismes de march�, les contraintes d�efficacit� et la consolidation de l�entreprise priv�e. Dans tous ces domaines, force est de constater qu�il n�y a pas de feuille de route, qu�il n�y a pas d�initiative, qu�il n�y a m�me pas de d�bats ! Bouteflika parle bien, et a sati�t�, de l�apr�s-p�trole, mais personne ne sait quel en est le contenu, ni comment y arriver. Nous avons m�me l�impression qu�il est dans la sph�re officielle le seul � en parler, le reste de la troupe ayant du mal � suivre. Pourtant, les chefs de gouvernement qui se succ�dent ne cessent de marteler qu�ils sont l� pour �appliquer le programme du pr�sident� ! Le connaissent-ils vraiment ? Arrivent-ils vraiment � le d�crypter ? Combien de fois, par exemple, n�a-t-on entendu, � la t�l�vision, Bouteflika appeler � la mise en place de grandes �coles pour la formation de cadres comp�tents et qualifi�s dans les diff�rents domaines ? O� sont ces �coles ? Combien de fois a-t-il �mis des doutes sur la capacit� de nos institutions � produire des informations �conomiques et des statistiques fiables et utiles � la d�cision ? Qu�a-t-on fait � ce jour pour doter le pays de vrais outils d�aide � la d�cision : instituts d�analyse de la conjoncture, recensement �conomique, r�gionalisation de l�appareil statistique, formation de pr�visionnistes et d�analystes �conomiques... ? Quand l�appareil d�Etat sortira-t-il de son immobilisme ?