Le deuxi�me mandat de Bouteflika qui vient de se terminer aura �t� incontestablement marqu� par un retour de l�Etat dans l��conomie (plans de relance � forte dose d�investissements publics, nouvel assainissement financier des entreprises publiques, recapitalisation des banques publiques, multiplication des emplois aid�s...). La troisi�me mandature qui d�bute semble acc�l�rer encore plus cet interventionnisme �tatique et les derni�res circulaires du Premier ministres, tant celles relatives aux investissements directs �trangers que celles qui r�organisent les activit�s d�importation exerc�es par les op�rateurs �trangers et qui remettent en bonne place les int�r�ts de l'op�rateur alg�rien public ou priv�, ou encore la cr�ation d�un fonds d�investissement d�Etat qui pourra aider au financement de l�investissement productif public, s�inscrivent toutes dans la volont� de renforcement du r�le de l�Etat dans l��conomie. On pensait pourtant que l�arriv�e de Bouteflika, en 1999, � la t�te de l�Etat alg�rien allait marquer le d�but d�une nouvelle aventure pour l��conomie alg�rienne marqu�e par un engagement dans le lib�ralisme � la mode au niveau mondial depuis l�adoption du fameux consensus de Washington et des �dix commandements � que l�on peut rapidement rappeler : 1/ Refus de l�utilisation de l�instrument budg�taire pour soutenir l��conomie 2/ Suppression des subventions publiques 3/ Baisse des imp�ts 4/ Taux d�int�r�t fix�s par le march� 5/ Adoption de taux de change comp�titifs (d�valuation pour fouetter les exportations) 6/ Ouverture commerciale 7/ Encouragement des IDE 8/ Privatisation des entreprises publiques 9/ D�r�glementation de l��conomie 10/ Respect du choix de propri�t�. En un mot, retrait de l�Etat et primat au march�. Bien �videmment, la crise financi�re et �conomique mondiale actuelle a rendu tout � fait inappropri� et m�me bien os� de se pr�valoir du consensus de Washington : le lib�ralisme a produit d�immenses d�g�ts et le capitalisme triomphant a tendance � baisser pavillon. Mais, il faut reconna�tre que ce retrait par rapport au lib�ralisme a commenc�, en Alg�rie, d�s la fin de l�ann�e 2001. Le �Je suis un lib�ral� de Bouteflika de 1999 a laiss� place � �pas de march� libre sans un Etat r�gulateur� et mieux encore �les entreprises publiques sont un patrimoine de l�Etat qu�on ne peut abandonner�. Cette d�cennie 2000, et notamment sa seconde moiti�, est bien caract�ris�e par une politique volontariste digne de celle des ann�es 1970 qui r�habilite le dirigisme et pousse l�Etat � investir massivement certes, surtout dans les �quipements du pays et les infrastructures de base mais aussi dans le d�veloppement de l�agriculture et des zones rurales et bient�t dans le secteur industriel puisqu�une ambitieuse strat�gie industrielle est en attente d��tre adopt�e et mise en �uvre, dans sa grande partie, par l�Etat et ses entreprises publiques. � La politique des salaires et celle des taux d�int�r�t est toujours d�termin�e centralement par le gouvernement m�me s�il y a quelques s�ances de concertation- alibi avec le syndicat et le patronat. � Le commerce ext�rieur libre dans le discours est contr�l� par l�Etat dans les faits : des r�glements sont produits au gr� de la conjoncture avec comme objectif de garder sous contr�le les op�rations de commerce ext�rieur soit par le biais des lois de finances, des circulaires internes aux banques ou des r�glements douaniers. � La loi sur la concurrence adopt�e et publi�e n�est pas appliqu�e et la concurrence d�loyale et le commerce informel font feu de tout bois. Cette mani�re de g�rer les affaires �conomiques rend bien �videmment illisible la politique �conomique du gouvernement pour les op�rateurs, qu�ils soient nationaux ou �trangers. Mais, la question principale qui se pose lorsqu�on veut tenter de dessiner les perspectives �conomiques de l�Alg�rie est celle de savoir s�il est juste de chercher � jeter par-dessus bord les r�formes �conomiques comme on les appelle ici, de rebrousser chemin dans le programme de construction d�une �conomie de march� avec libert� d�entreprendre et de commercer, libert� d'initiative, m�me si l�Etat, bien s�r, doit rester r�gulateur, et, pourquoi pas, par certains endroits (mais seulement par certains endroits) investisseur ? Il faut bien prendre conscience que la d�mondialisation n�a pas commenc� et le mur de Berlin n�a pas �t� reconstruit.