Le proc�s Khalifa semble plonger la classe politique dans la somnolence. Inutile de revenir sur les d�tails du proc�s que vous pouvez lire sur tous les journaux selon les angles les plus divers. Je veux vous parler de cette impression de temps suspendu. Les gens qui en parlent disent ne rien en attendre et en m�me temps ils suivent de pr�s les d�clarations des uns et des autres. Tout se passe comme si ce proc�s offrait quelques cl�s pour comprendre de l�int�rieur et jusqu�� un certain point le fonctionnement du syst�me. Je me suis souvenu au passage d�une th�se. En gros, elle soutenait que les romans policiers en parlant des marges de la soci�t� nous permettent d�en comprendre quelques ressorts essentiels. Comme si par l�exc�s on pouvait comprendre le normal. Les r�actions des personnes qui m�en ont parl� me font penser � une double facette. La premi�re ordinaire qui nous renvoie l�image des turpitudes ordinaires de notre vie nationale, celle de tous les jours que nous recensons dans la vie de nos communes, dans la distribution des logements sociaux, dans la sp�culation fonci�re, etc. Cette gestion sans normes et sans r�gles de la banque Khalifa nous est-elle vraiment �trang�re ? Le proc�s agit dans le subconscient comme la loupe grossissante ou le microscope dirig� sur nos propres m�urs. Ne pensons-nous pas, quelque part, que le propri�taire priv� poss�de un droit absolu sur son bien et qu�il peut en faire ce qu�il veut ? Le proc�s Khalifa serait d�une certaine fa�on celui d�une partie de nos m�urs. La deuxi�me facette concerne le fonctionnement du syst�me. Oh ! Non pas le fonctionnement cach�, secret, souterrain. Pas du tout ! Mais celui des sph�res subalternes, les sph�res des commis de l�Etat dont le comportement et la conduite sont la preuve vivante que, justement, nous n�avons pas un Etat mais une redoutable administration. Les d�clarations des ministres, des ministres d�l�gu�s, des Pdg, en attendant les responsables syndicaux et pr�sidents des diff�rentes caisses, nous d�voilent le sens carenc� des affaires publiques, les d�ficiences du fonctionnement, la teneur de la morale publique. Edifiant ! Nous savons d�sormais � quoi servent ces responsables dans notre r�publique et leur mode d�emploi. C�est d�j� cela de gagn� et la nudit� m�me relative�