A tous �gards, la cause est entendue. Elle est fadasse. Il est plein d��nergie. Elle n�a rien � dire. Il a une th�orie sur tout. Elle est un tantinet b�cassine. Il cite Jaur�s et Hugo. Elle n�a pas d�envergure. Il a la stature de chef d�Etat. Elle �coute. Il parle. Elle enregistre les dol�ances. Il fait des propositions. Elle cligne des yeux. Il tape du poing sur le pupitre. Fermez le ban ? S�gol�ne Royal, candidate du PS � la pr�sidentielle, fan des d�bats participatifs, n�a plus qu�� se rhabiller dans un de ses tailleurs blancs et laisser la place � Nicolas Sarkozy, le redresseur de torts, le d�fenseur de la veuve et de l�orphelin agress�s sans m�nagement par les sans-papiers et les sans-logis, le chevalier blanc de la geste du renouveau fran�ais. Combat in�gal ? M�me si Sarkozy m�ne la course en t�te et qu�avec 26% d�intentions de vote, soit dix points de moins qu�au moment de son investiture, Royal rame un peu, rien n�est jou�. Pour autant, la dictature des sondages donne des ailes aux frileux qui veulent se calfeutrer dans la gr�garit� des vainqueurs. Du coup, les ralliements � Sarkozy se font l�gion. Chaque jour apporte des lots de ralli�s tellement disparates qu�on croirait qu�ils proviennent d�un march� aux puces politique. C�est que Sarkozy ratisse large, et parfois bas. Dans la cohue des ralli�s, chacun trouve des arguments qui lui paraissent justifier le retournement de veste, du moins pour celles et ceux qui viennent des landes socialistes ou assimil�es. Artistes, intellectuels, amuseurs en prime time, �politiques� dont la conscience se d�cline, au mieux, dans le m�canisme fruste d�une girouette, se bousculent au portillon d�ores et d�j� jonch� des lauriers de la victoire de Sarkozy. Ces quelques noms montrent la bousculade paradoxale dans le cercle de craie sarkozien. Faudel, l�un des premiers, croit avoir mis la banlieue dont il est issu dans la dot. Manque de pot, les �meutes de l�automne 2005 ont montr� ce qui continue encore � �tre largement perceptible : il a beau dire, ce qu�il fait dresse la banlieue contre Sarkozy. Le sourire patelin du chanteur de ra� �lev� aux hormones m�diatiques n�apaise pas le rapport du camp sarkozien aux jeunes de banlieue. Doc Gyn�co, sombre et aphone clown d��missions � 4 balles qui se donne, lui aussi, le monopole de la banlieue en direction de la m�nag�re de moins de 50 ans, est plut�t de nature � desservir Sarkozy. Parfois, il y a lieu de se demander si le chanteur de rap n�est pas un �infiltr� dans le cercle sarkozien. Andr� Glucksmann,, ancien mao�ste franc du col, autrefois intransigeant sur le trac� de la ligne gauche, converti au �bushisme�, entre dans le cercle, lui aussi. Ce que l��crivain Jean-Marie Laclavetine commente dans Le Monde : �Comme Nicolas, vous �tes empli d'un immense amour de vousm�me et des hommes forts. Vous avez v�n�r� Mao, vous admirez George W. Bush, vous auriez ador� Picrochole, f�t-ce pour en faire la cible de vos fulgurantes diatribes.� Max Gallo, ancien porte-parole de Fran�ois Mitterrand, chev�nementiste repenti, historien m�diatique, biographe du g�n�ral de Gaulle et de Napol�on, s�est ralli� � Nicolas Sarkozy parce qu�il a aim� le discours � N�mes, le 9 mai 2006. Le candidat de l�UMP y avait exalt� la grandeur de la France et fustig� la manie de la repentance. Steevie, un chroniqueur d�origine alg�rienne, r�v�l� par �Loft Story�, semble fascin� par la d�termination de Nicolas Sarkozy. M�me fascination exerc�e par le candidat de l�UMP sur le chanteur et animateur t�l�, idol�tre de Mitterrand, Pascal Sevran. Pascal Bruckner, Bernard Tapie, Johnny Hallyday, Enrico Macias, Arthur, vont tous de leur petit couplet en faveur de Sarkozy. Beaucoup de �mitterrandiens� se jettent dans ses bras. George-Marc Benamou a saut� dans le cercle. De m�me que Roger Hanin, aux sympathies communistes connues, qui �prouve des difficult�s incommensurables a essay� de rendre coh�rent de devoir voter pour la communiste Marie-George Buffet au premier et pour Nicolas Sarkozy au deuxi�me tour. Et alors, Navarro ? Qui manque � l�int�rieur du cercle ? Alain Finkenlkraut vient de d�mentir une indiscr�tion du Canard encha�n� annon�ant son ralliement � Sarkozy. Il d�clare �tre d�accord sur beaucoup de points avec le candidat de l�UMP mais que, pour autant, il n�en est pas un soutien. Cela veut dire quoi ? Le d�mineur de l�antis�mitisme qu�il suspecte partout, m�me chez Bourdieu, pourquoi pas, partage n�anmoins avec Sarkozy une vision du monde bas� sur l�usage de la rigueur bushienne en faveur de l�ultralib�ralisme et du �choc des civilisations�. Intervenant en d�cembre 2005 dans la pol�mique suscit�e par l�entretien accord� par l�intellectuel fran�ais au quotidien isra�lien Haaretz � propos des �meutes de banlieue, Nicolas Sarkozy avait jug� que Alain Finkielkraut faisait �honneur � l'intelligence fran�aise� et que �s'il y a tant de personnes qui le critiquent, c'est peut-�tre parce qu'il dit des choses justes�. Dans le brouillage des donn�es, la plupart des �gens de gauche� qui rejoignent, principes tombants, le cercle sarkozien justifient leur position par l�effacement de fronti�re de craie entre la droite et la gauche et que, en l�occurrence, il s�agit de choisir entre deux personnalit�s plut�t qu�entre deux politiques ou encore moins entre deux id�ologies. Quand bien m�me ce serait le cas, il y a lieu de souligner que ce n�est pas S�gol�ne Royal mais bien Nicolas Sarkozy qui est all� se d�marquer aupr�s de George Bush de la politique �trang�re de son propre pays. Ce n�est pas Nicolas Sarkozy mais bien S�gol�ne Royal qui a accept� de discuter avec un membre du Hezbollah. Ce n�est pas S�gol�ne Royal mais bien Nicolas Sarkozy qui ne veut pas entendre parler de la repentance vis-�-vis de l�Alg�rie, comme il l�a laiss� entendre � Alger m�me. C�est parce qu�ils sont une petite minorit� � mettre les principes de gauche au-dessus des atours de la victoire qu�il faut saluer le courage de l�historien Benjamin Stora. Il rallie, lui, S�gol�ne Royal.