�Harragas�, un ph�nom�ne qui prend de l�ampleur dans les wilayas c�ti�res de l�Est et qui s�enracine dans les esprits faisant miroiter un Eldorado � port�e des rames des fr�les embarcations bravant les dangers de la M�diterran�e. L�aventure a s�duit plus d�un et la rumeur a pris le relais pour glorifier ceux qui ont r�ussi sur l�autre rive, encourageant ainsi tous ceux qui h�sitaient encore � �prendre le large�. A Annaba, le 31 d�cembre 2006, veille du jour de l�an, dans la soir�e, 11 embarcations de fortune ont �t� mises � la mer � partir de la plage de Sidi- Salem (Annaba), � leur bord pas moins de 50 jeunes pr�ts � tout pour rejoindre la Sardaigne. Ils prirent la mer � moins que ce ne soit la mer qui les a pris puisqu�ils disparurent et depuis, aucune nouvelle. L� aussi, la rumeur fait �tat de leur arriv�e en Sicile, certains parmi ces clandestins auraient t�l�phon� pour dire qu�ils se portaient bien et que tout allait pour le mieux pour eux. Sur cette terre d�accueil, ils travailleraient d�j� et gagneraient �plein de fric�. Stimul�s par cette �bonne nouvelle�, dans la nuit du 22 au 23 janvier 2007, ce sont 10 adolescents qui entreprirent la p�rilleuse travers�e sur une mer d�mont�e � bord de 2 canots � moteur � partir de Ras-El-Hamra. Une visibilit� nulle du fait d�un brouillard tr�s dense, l�absence d�outils de navigation ont fait que les 2 embarcations se retrouvent perdues au large des c�tes tunisiennes. Sauv�s par le �Tropical Land� un navire marchand battant pavillon maltais, les 10 clandestins furent remis aux garde-c�tes tunisiens, qui, � leur tour, les remirent � leurs homologues alg�riens. Cette m�saventure n�a en rien entam� la volont� et la d�termination des candidats � l��migration clandestine puisque le 3 f�vrier courant, 8 harragas �g�s entre 21 et 32 ans, ont pris la mer de nuit � partir de la plage Toche toujours en direction de la Sardaigne. Ils disparurent en haute mer, leurs parents tent�rent en vain de les joindre sur leurs t�l�phones portables. Des informations font �tat de cadavres (non identifi�s encore) rejet�s par la mer sur les c�tes tunisiennes et l�on craint qu�il s�agit l� des m�mes jeunes qui sont partis de la plage annabie. Tout r�cemment, dans la nuit de mercredi � jeudi derniers 8 harragas ont �t� intercept�s par les garde-c�tes de la station maritime principale du port de Annaba. Dans la wilaya d�El-Tarf et � partir des plages d�El-Kala, l��t� dernier, ce sont 11 harragas qui avaient vol� un petit bateau � en prenant la pr�caution de transporter une r�serve suffisante de carburant � qui avaient appareill� en direction des c�tes italiennes, ils y �taient bien arriv�s, mais 5 d�entre eux avaient �t� arr�t�s, les 6 autres ont pu regagner Rome et s�y sont install�s dans la clandestinit�. La nouvelle s��tait r�pandue et ces clandestins avaient �t� f�t�s en h�ros, les jeunes de la r�gion les voyaient comme des mod�les � suivre. Des �mules, on en trouve dans tous les villages et villes des quelque 500 km de la c�te est, de la petite localit� de Berrihane, ce sont 30 jeunes qui tent�rent l�aventure � bord d�embarcations de toutes sortes, certains auraient r�ussi � atteindre la terre ferme de l�autre c�t� de la M�diterran�e, d�autres ont �t� repris et bien d�autres ont disparu. La liste des candidats est encore ouverte, le ch�mage et la mis�re �tant le quotidien des dizaines de milliers de jeunes qui tentent de s�en sortir par tous les moyens, parfois au prix de leur vie. Tant que des solutions durables n�ont pas �t� apport�es, la saign�e continuera et l�on verra d�ici quelque temps des boat people � l�assaut de l�autre rive de la M�diterran�e. �L�Eldorado ou la mort� telle est la devise des jeunes aujourd�hui � Annaba et dans toute sa r�gion.