Le Kremlin a renforc� son emprise sur le syst�me de partis russes � un an de l'�lection pr�sidentielle - avec pr�s de 60% des voix en sa faveur dimanche aux r�gionales - tout en entretenant l'illusion de la d�mocratie et du multipartisme. Russie Unie, qui domine la vie politique depuis l'arriv�e de Vladimir Poutine au pouvoir en 2000, a obtenu 46% des suffrages en moyenne dans les 14 r�gions appel�es � voter, selon des r�sultats pr�liminaires publi�s lundi. Elle progresse ainsi de huit points par rapport aux l�gislatives de 2003 (37,8%) et est en position de remporter haut la main les l�gislatives du 2 d�cembre, souligne l'analyste Sergue� Markov, proche du pouvoir. Le Kremlin peut aussi compter sur une nouvelle force, Russie Juste, qui se dit en �opposition dure� � Russie Unie et chasse sur les terres communistes en pr�nant la �construction du socialisme�, mais soutient tout aussi fid�lement que son rival Vladimir Poutine. Six mois apr�s sa cr�ation, Russie Juste a d�croch� 11,7% des voix qui, jointes � celles de Russie Unie, repr�sentent pr�s des deux-tiers des suffrages exprim�s. �Notre parti a un visage, celui de la Russie socialiste du 21e si�cle�, a assur� lundi le leader du parti, Sergue� Mironov, �galement pr�sident du Conseil de la F�d�ration (Chambre haute), en se f�licitant de son score. Russie Unie se paie m�me le luxe de remporter les r�gionales � Stavropol (sud) et de rassembler 20% des voix � Saint-P�tersbourg, un des principaux centres de pouvoir russes. �Tout cela, c'est du th��tre. Il n'y aucune vraie diff�rence. Ce sont deux partis qui soutiennent le Kremlin�, estime Sergue� Parkhomenko, �ditorialiste sur la radio Echo de Moscou, un des rares m�dias russes ind�pendants. Le pr�sident Poutine, r�guli�rement interpell� � l'�tranger sur les manquements � la d�mocratie dans son pays, �pourra maintenant dire � regardez, nous avons deux partis assez influents, cela marche ��, ajoute-t-il. Le taux de participation, d'� peine 39%, traduit un �manque d'int�r�t dans la population� pour ces scrutins, souligne par ailleurs M. Parkhomenko. Pour Andre� Piontkovski, directeur de l'Institut des �tudes politiques, �non seulement le champ politique est � nettoy� �, avec une dominante pro-Kremlin, mais l'�lectorat aussi�. �Seuls les �lecteurs les plus conformistes viennent. Les autres sont rendus passifs�, estime-t-il. Les �lections r�gionales signent le �triomphe de la d�mocratie dirig�e� ch�re � Vladimir Poutine, avec une �construction pro-Kremlin � deux jambes�, ajoute-t-il. �Les autorit�s comprennent que la menace pour la stabilit� publique, c'est une �norme in�galit� sociale, une rupture entre les riches et les pauvres. Le parti Russie Juste doit canaliser ce m�contentement�, rel�ve encore M. Piontkovski. Russie Juste n'a pas r�ussi � �vincer toutefois le Parti communiste qui, avec 16%, reste pour l'heure la deuxi�me force politique du pays. Les ultranationalistes (LDPR) de Vladimir Jirinovski (9,2%) occupent la quatri�me place, derri�re Russie Juste. Le rapport de forces est ainsi clairement �tabli - avec quatre � cinq partis en position �ligible - � quelques mois des l�gislatives, qui ouvriront ensuite la voie � l'�lection pr�sidentielle pour la succession de Vladimir Poutine, ce dernier ne pouvant se repr�senter. L'opposition lib�rale ressort une nouvelle fois lamin�e. Avec 6,86% des voix, l'Union des Forces de Droite (SPS) ne r�ussit � franchir la barre des 7% n�cessaires pour �tre �lue que dans cinq r�gions. Quant � Iabloko, priv� d'�lection dans son fief de Saint-P�tersbourg pour des questions de proc�dure, il n'arrive m�me pas � 4% de voix ailleurs en moyenne.