Le d�roulement de l'�lection pr�sidentielle turque, observ� avec attention par la Commission europ�enne qui s'inqui�te de l'intervention de l'arm�e dans la campagne, aura valeur de test dans la longue marche de la Turquie vers l'UE. Alors que l'UE d�nonce r�guli�rement l'influence de l'arm�e dans la vie politique turque, le commissaire � l'Elargissement Olli Rehn s'est �tonn� hier de l'avertissement lanc� la nuit pr�c�dente par l'�tat-major turc contre toute remise en cause du principe de la�cit� en vigueur dans le pays. �Il est important que l'arm�e laisse les pr�rogatives de la d�mocratie au gouvernement �lu, et cela repr�sente un test pour voir si les forces arm�es turques respectent la la�cit� d�mocratique et l'organisation d�mocratique des relations entre civils et militaires�, a d�clar� M. Rehn � quelques journalistes. La question des relations entre l'arm�e et la soci�t� civile en Turquie, un des crit�res-cl�s dans les n�gociations d'adh�sion de la Turquie � l'UE commenc�es en 2005, est en effet un des probl�mes r�currents point�s du doigt par la Commission. Le commissaire Rehn a ainsi appel� hier l'arm�e � respecter �les r�gles du jeu d�mocratique et son propre r�le dans ce jeu d�mocratique�, au �c�ur du projet d'europ�anisation� de la Turquie. �Cela repr�sente un test pour voir si les forces arm�es turques respectent les arrangements d�mocratiques et les valeurs d�mocratiques de l'Europe�, a-t- il insist�. Dans son dernier rapport de suivi en novembre 2006, la Commission avait d�j� regrett� le manque de �progr�s accomplis dans l'alignement des relations entre la soci�t� civile et l'arm�e sur les pratiques en vigueur dans l'Union europ�enne�. Elle avait �galement r�clam� des �efforts suppl�mentaires� pour �imposer l'autorit� du pouvoir civil sur l'arm�e�. L'arm�e turque a lanc� vendredi soir, en pleine �lection pr�sidentielle, un fort avertissement contre toute remise en cause du principe de la�cit� en vigueur dans le pays, accusant le gouvernement, issu de la mouvance islamiste, d'inaction face au d�veloppement d'activit�s islamistes. �Le probl�me qui a r�cemment surgi dans l'�lection pr�sidentielle se concentre sur la question de la remise en cause de la la�cit�, a d�clar� l'�tat-major dans un communiqu� diffus� sur son site internet. �Les forces arm�es turques sont contre ces d�bats (...) et afficheront ouvertement leur position et leurs attitudes lorsque cela deviendra n�cessaire. Personne ne doit avoir de doute � ce sujet�, ont menac� les militaires, rappelant que les forces arm�es �taient �des protectrices d�termin�es de la la�cit�. Cette intervention de l'arm�e, dont les pressions avait pouss� en 1997 � la d�mission du premier gouvernement islamiste de l'histoire de la Turquie moderne, a �t� interpr�t�e par les analystes comme un avertissement s�rieux, engageant le gouvernement � retirer la candidature d'Abdullah G�l. Unique candidat � la pr�sidence turque, M. G�l, ministre des Affaires �trang�res, est, comme de nombreux membres du parti au pouvoir de la Justice et du D�veloppement (AKP), un ancien islamiste. Mais il se d�finit aujourd'hui comme un �d�mocrate conservateur� ayant reni� ses positions pass�es. Il n'a pas r�ussi vendredi � �tre �lu au premier tour de scrutin par le Parlement, et l'opposition a r�clam� l'invalidation du vote pour provoquer des �lections l�gislatives anticip�es. L'UE attend d'ailleurs avec impatience la fin de cette p�riode �lectorale, esp�rant qu'apr�s la pr�sidentielle et les l�gislatives � pr�vues en novembre �, les r�formes qui s'�taient ralenties l'an dernier pourront reprendre en Turquie. En t�te de ces r�formes, la Commission insiste pour la modification ou l'abrogation de l'article 301 du code p�nal turc qui a conduit au lancement de poursuites contre des dizaines d'intellectuels pour �insulte � l'identit� turque�. Le gouvernement turc ferme face aux militaires Le gouvernement turc a ripost� fermement hier aux forces arm�es qui l'avaient s�v�rement accus� la veille de remettre en cause la la�cit� de la Turquie, rappelant que l'�tat-major �demeure sous les ordres du Premier ministre�. Apr�s une r�union de plus de deux heures entre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et plusieurs de ses ministres, le porte-parole du gouvernement Cemil Cicek a d�clar� aux journalistes que la protection des valeurs r�publicaines �tait �avant tout le devoir du gouvernement�. �Il est inconcevable que dans un Etat d�mocratique de droit, l'�tat-major, une institution qui demeure sous les ordres du Premier ministre, tienne des propos contre le gouvernement,� a d�clar� M. Cicek, qui est �galement ministre de la Justice. Il a r�affirm� l'attachement du gouvernement du Parti de la Justice et du Developpement (AKP, issue de la mouvance islamiste) aux principes la�ques de la R�publique et affirm� qu'il �tait �impensable� que la Turquie cherche des solutions � ses probl�mes en dehors du syst�me d�mocratique. M. Cicek a accus� l'�tat-major de �tentative d'influencer le cours de la justice� en publiant sa d�claration � un moment o� la Cour constitutionnelle examine un recours de l'opposition pour faire annuler le premier tour de l'�lection pr�sidentielle tenu vendredi au Parlement. Il a rapport� qu'une conversation t�l�phonique �utile et fructueuse� avait eu lieu hier apr�s-midi entre M. Erdogan et le chef d'�tat-major g�n�ral, le g�n�ral Yasar B�y�kanit. Dans une d�claration rendue publique vers minuit vendredi, l'�tat-major avait affirm� sur un ton exceptionnellement dur que les forces arm�es �taient les �protectrices d�termin�es de la la�cit� et qu'elles �afficheront ouvertement leur position et leurs attitudes lorsque cela deviendra n�cessaire�. La crise a pris un nouveau d�veloppement le soir du premier tour de l'�lection au Parlement d'un nouveau pr�sident de la R�publique, avec comme unique candidat le ministre des Affaires �trang�res Abdullah G�l, bras droit de M. Erdogan et comme lui un ancien islamiste reconverti �conservateur d�mocrate�. M. G�l a recueilli 357 voix, alors qu'il lui en fallait 367 pour �tre �lu. Le scrutin a �t� boycott� par l'opposition, qui soup�onne l'AKP d'avoir un agenda islamiste secret, et la principale formation de l'opposition a saisi la Cour constitutionnelle pour faire annuler le premier tour du scrutin dans l'espoir de forcer des �lections l�gislatives anticip�es. RECEP TAYYIP ERDOGAN �Le peuple turc n'autorisera pas une d�stabilisation du pays� Les Turcs s'opposeront aux tentatives de saper la stabilit� et la confiance dans le pays, a affirm� hier le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, au lendemain de l'avertissement lanc� par l'arm�e � son gouvernement, accus� de remettre en cause les principes la�ques de la R�publique. �L'unit� politique et la structure sociale (...) de ce pays peuvent parfois �tre victimes de d�sastres�, a d�clar� le Premier ministre turc lors d'une r�union du Croissant-Rouge turc, � Ankara. �Cette nation a pay� un prix �lev�, douloureux quand les fondements de la stabilit� et de la confiance ont �t� perdus. Mais elle n'autorise plus, et n'autorisera plus, les opportunistes qui attendent et ouvrent la voie au d�sastre�, a-t-il ajout�. Dans un communiqu� particuli�rement ferme publi� vendredi soir en pleine �lection pr�sidentielle, l'arm�e turque a lanc� un fort avertissement contre toute remise en cause du principe de la�cit� en vigueur dans le pays, accusant le gouvernement, issu de la mouvance islamiste, d'inaction face au d�veloppement d'activit�s islamistes. �Ni la Nation, ni l'Histoire ne pardonneront � ceux qui essaieront de saper ou d'�clipser notre structure sociale ou notre esprit de solidarit� et de g�n�rosit�, a-t-il d�clar�.