Le dossier des indemnisations des sinistr�s du s�isme meurtrier, qui a frapp� le centre du pays le 21 mai 2003, n�est toujours pas clos. La l�g�ret� et la pr�cipitation avec lesquelles le dossier a �t� entrepris par le filtre r�gional, la CNL, n�ont pas manqu� de g�n�rer des situations pour le moins surprenantes. En effet, l�indemnisation des pauvres m�nages qui ont subi les foudres de la nature n��tait dans certaines situations pas � la hauteur des d�g�ts occasionn�s et les cons�quences qui ont suivi ces pi�tres indemnit�s n�ont fait que dramatiser davantage leur pr�carit�. A titre d�exemple, le propri�taire d�une habitation class�e rouge 5 par les contr�leurs du CTC � Dellys sera indemnis� par la somme d�1 million de dinars contre 500 000 DA dans la da�ra de Tigzirt. Et les diff�rences s��largissent de fa�on abyssale � mesure que le montant se r�duise. Aussi, quelques sinistr�s qui avaient jug� que le montant de l�indemnit� ne suffira pas pour r�parer les fissures de leurs maisons ont refus� de les toucher. Et pour offrir un toit d�cent � leurs prog�nitures, ils ont d�pos� des demandes d�aide sociale � l�autoconstruction. Seulement, leurs dossiers seront automatiquement rejet�s par le filtre r�gional du logement de la CNL. Par ailleurs, pour faire passer la couleuvre dans le gosier des pauvres, la Caisse nationale du logement a simplifi� terriblement la question. Les indemnit�s du s�isme ont servi en quelque sorte de fichier de recensement. Pour la CNL, toute personne ayant b�n�fici� de l�indemnit� est cens�e �tre bien log�e ou du moins l�indemnit� dont elle a b�n�fici�e l�a fait sortir de la pr�carit�. Donc elle est de facto exclue de l�aide de l�Etat pour tout le restant de leur vie. L��tat de l�habitation ne compte plus du moment que le nom du concern� se trouve sur le fichier. Et, pire, dans son aveuglement et sa pr�cipitation � boucler la boucle, m�me les b�n�ficiaires des indemnit�s qui ont contest� le montant allou� et refus� � ce jour de le percevoir ne sont toujours pas tol�r�s dans la liste des ayants droit � l�aide de l�Etat. Pour une meilleure lecture de la gestion des suites de la catastrophe, il est n�cessaire de remonter le temps jusqu�au lendemain du s�isme. Rappelons que les agents de la premi�re commission d��valuation des d�g�ts occasionn�s par la catastrophe �taient dot�s de la liste de tous les demandeurs de logement ou d�aide � l�autoconstruction � l�APC, car �tant mal log�s donc �ventuellement des sinistr�s. Ce qui �tait une r�alit� incontestable dans plusieurs cas. Aussi, les concern�s avaient accueilli les techniciens avec l�immense espoir de voir enfin leurs dol�ances prises en charge. Mais la suite des �v�nements a �t� bien difficile pour beaucoup d�entre eux et n�a fait que compliquer leurs calculs. Avec la notification sans appel des rejets, le sujet a �t� un facteur de mobilisation des personnes concern�es mais devant l�intransigeance de l�administration, certains acteurs du formidable sursaut ont abandonn� alors que bon nombre d�entre eux ont fini m�me par accepter �l�humiliante indemnisation�. Aujourd�hui, quatre ans apr�s le terrible s�isme, le dossier des indemnit�s des sinistr�s et des mal-log�s, dans la commune de Mizrana est toujours pendant.