J�ai lu dans l��dition du Soir d�Alg�rie du 22 mai 2007 une synth�se de l�entretien accord� par Jean Daniel - l�invit� de la bibliographie nationale � au Quotidien d�Oran. Le signataire de l�article (S. A.) �voque Albert Camus comme �un autre Fran�ais qui a pris cause et effet pour la lutte de Lib�ration nationale�. Voil� quelque chose que je ne savais pas. Et je souhaiterai que le signataire de l�article comble mes lacunes en me citant les actions par lesquelles Camus a soutenu les Alg�riens dans leur combat arm� contre le colonialisme fran�ais. Ce que je sais, par contre, c�est que, en 1958 quand la question d�Henri Halleg fait des remous, des �crivains fran�ais de renom d�noncent la saisie de l�ouvrage en signant une protestation qu�ils adressent au pr�sident de la R�publique. Fran�ois Mauriac, Andr� Malraux, Martin du Gard et Jean-Paul Sartre figurent parmi les auteurs qui avaient engag� leurs signatures. Par contre : �Albert Camus, sollicit� par le directeur des �ditions de Minuit, a refus� de s�associer � cette d�marche�. (cit� par Herb� Hamen et Patrick Rotman dans Les Porteurs de valises - P.96 - Ed. Albin Michel - Paris 1979). Le m�me Camus persiste et signe puisqu�il refuse d�apposer sa signature dans la fameuse d�claration des 121 personnalit�s fran�aises parmi lesquelles le c�l�bre philosophe Jean- Paul Sartre. D�claration qui d�non�ait la guerre men�e par la France en Alg�rie, une guerre qui n�est en v�rit� que cette agression qui se perp�tuait depuis 1830. Je suis d�j� intervenu dans la presse nationale il y a quelques ann�es sur le p�re de La Peste qui, dans ses �crits journalistiques d�s le d�clenchement de l�insurrection de 1954, ne nous a jamais reconnu la qualit� d�Alg�riens, en pr�f�rant r�p�ter � l�infini le mot �Arabes� pour nous d�signer. Une vieille terminologie coloniale qui a toujours sem� la confusion entre l�arabit� en tant que culture � ou langue � et l�alg�rianit� qui, elle, nous confortait dans notre nationalit� et notre histoire sans que nous nourrissions le moindre chauvinisme d�aspect racial ou religieux. Or, le prix Nobel qui nous d�niait notre propre nationalit�, �tait loin de s�engager � nos c�t�s pendant la lutte arm�e tel que le fut le philosophe Francis Jeanson et tant d�autres Fran�ais qui agissaient pour soutenir notre cause, mais aussi et surtout pour d�fendre l�honneur de la France et l�amener � cesser de noircir son histoire. Le nouveau chef d�Etat fran�ais refuse lui aussi d�accepter l�assainissement moral des pages honteuses de l�histoire coloniale. Himoud Brahimi (Momo) qui avait connu �B�bert� n�avait pas h�sit� d�accuser l�auteur de l�Etrangerde criminel litt�raire en soulignant notamment : �Dans l�Etranger, Albert Camus tua l�Arabe comme il dit. Il le tua non pas qu�il soit tueur, il le tua parce que le pouvoir colonial tenant � ce que l�indig�ne ait �chine ploy�e� (Momo - La magie des mots - p. 125 A. Belkhodja - Ed. Alpha 2006). C�est �galement Kateb Yacine qui va d�plorer l�absence des Alg�riens dans l��uvre de Camus. �Et le seul Alg�rien �voqu� par Camus, devait fatalement mourir� avait soulign� l�auteur de Nedjma dans une conf�rence donn�e � Oran en avril 1987 au cours d�une rencontre litt�raire intitul�e : �Ecriture et m�diterran�it�. C�est bien loin tout cela et je me contente de citer de m�moire les propos de Kateb Yacine que j�avais d�ailleurs rencontr� pour la premi�re fois ainsi que Myriam Ben � l�occasion de ce regroupement d�auteurs des pays m�diterran�ens, rencontre initi�e par la regrett�e Zoubida Hagani de l�universit� d�Oran. C�est toujours Himoud Brahimi (Momo) qui revient � la charge pour sa part et partageant la m�me opinion que Kateb Yacine, en nous livrant le constat selon lequel Albert Camus est victime �d�une colonie qui a corrompu les gens du savoir pour �crire des livres o� nous sommes absents�, ( L��il de Abel - texte de Himoud Brahimi du 11 novembre 1991 - cit� par A. Belkhodja dans une pr�sentation de l� Identit� Supr�me du m�me auteur, � para�tre). Ceci c�t� litt�raire. C�t� guerre de Novembre, Camus est absent � l�appel. Celui qui a pr�f�r� sa m�re � la justice avait compl�tement oubli� que la violence � ill�gitime � fut d�abord d�essence colonialiste pour avoir engendr� la contre-violence � l�gitime � des Alg�riens. Il est donc prudent pour nos journalistes de ne pas s�aventurer � la l�g�re sur des sujets qui m�ritent une attention des plus vigilantes. (*) A. B.