C�est le titre du dernier chapitre de mon livre La n�buleuse islamiste en France et en Alg�rie publi� en septembre 2002 ( Ed 1, Calmann-Levy), un an apr�s les attentats du World Trade Center. Ben Laden n�est pas mort, autrement dit, l�id�ologie et les valeurs qu�il repr�sente et incarne sont plus pr�sentes que jamais. Sous nos yeux. En effet, voil� que les services de s�curit� arr�tent 12 coll�giens, enr�l�s par l�ex-GSPC, � Boumerd�s. Douze enfants, qui entre deux cours, s�initiaient � la gu�rilla islamiste sous la conduite d�islamistes chevronn�s ! C�est grave. Cette affaire interpelle. Elle survient apr�s la diffusion par Al- Djazira, de la vid�o montrant le fils de Ali Benhadj, Abdelkahar, posant en treillis, arm� d�une kalachnikov, entour� par quatre djihadistes, revendiquant haut et fort son engagement, mettant fin aux rumeurs d�enl�vement par les services de s�curit�, enl�vement complaisamment relay� par certains m�dias fran�ais. Et moins d�un mois apr�s les attentats suicides du 11 avril revendiqu�s par El Qaida du Maghreb via Al-Djazira. Sous nos yeux donc. Sous deux formes se nourrissant mutuellement. La premi�re gagnant du terrain, s�installant graduellement dans le paysage social et institutionnel, � l�abri de la loi sur la r�conciliation nationale, avance d�sormais � visage d�couvert. �Normal� comme disent les jeunes ! Cet islamisme soft, branch�, confortablement install�, explique � qui veut l��couter que le terrorisme r�sulte d�une mauvaise interpr�tation de l�Islam. Et qu�il suffit d�expliquer � ces jeunes, ayant pris les armes contre leur soci�t�, en quoi consiste le vrai message coranique pour que les brebis islamistes retrouvent le droit chemin et que la paix revienne. Or, ceux, qui parmi ces �gar�s, ont d�pos� les armes, b�n�ficiant d�une amnistie sans �tre contraints de faire acte de repentance, sont finalement convaincus que leur �djihad� n�a pas �t� vain. La seconde, les irr�ductibles de l�ex-GSPC, savent bien qu�ils ne feront pas tomber le pouvoir par la seule force des armes. Il leur suffit, pour l�heure, d�entretenir un minimum de pression sur l�Etat et la soci�t�. Ils n�arr�teront leur �djihad� qu�une fois r�unies les conditions socio-politiques pour le �grand soir islamiste�. D�ailleurs, plus ils commettent des actes terroristes, plus se multiplieront les appels � la r�conciliation nationale sur fond de signaux empreints de religiosit� dans leur direction. Ce qui se passe chez nous, en Alg�rie, est observable � l��chelle du monde arabe et musulman. La guerre de Bush en Irak, le refus de r�gler la question palestinienne, l�agression isra�lienne contre le Liban, ont permis � l�islamisme, toutes tendances confondues, de se refaire une nouvelle sant�, aid� dans son entreprise par la corruption et l�autoritarisme des r�gimes arabes et musulmans en place, le tout sur fond d�accroissement des in�galit�s sociales et de creusement de la fracture sociale. De fait, devant l�incurie des r�gimes arabes et musulmans, plus soucieux d�assurer leur survie par tous les moyens, l�islamisme n�a aucun mal � cr�dibiliser son message. Il est en train de se rel�gitimer aux yeux des plus d�sh�rit�s, abreuv�s quasi quotidiennement par le discours religieux extr�miste. Via surtout le Web. La Toile � plus de 4500 sites islamistes � � laquelle s�ajoutent certaines t�l�s satellitaires � connotation religieuse, est devenue la nouvelle arme de destruction massive islamiste. Plus besoin de pr�cheurs. Un simple clic et on entre en contact avec de prestigieux barbus. Dans les quartiers populaires, on t�l�charge les derni�res vid�os montrant les exploits des djihadistes, les derniers discours des �stars� islamistes. On se les passe, on les commente et on se remet � r�ver aux 72 houris attendant le futur martyr ! D�cid�ment, Ben Laden n�est pas mort.