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CONFESSIONS D'UN DEALER
"Vendre le kif pour �chapper au filet social"
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 06 - 2007

En d�pit des saisies importantes de quantit�s de kif op�r�es par les services de s�curit�, le trafic autant que la consommation de drogues n�ont eu de cesse de prendre des proportions alarmantes. Dans nos grandes villes, il n�existe presque plus de quartier qui n�ait pas son dealer attitr�. Il va sans dire que les dangers qu�encourent les jeunes adolescents en particulier, nantis ou d�s�uvr�s, rel�vent d�une pr�occupation primordiale aussi bien pour les parents que pour les autorit�s publiques.
D�autant plus que la n�buleuse des trafiquants de drogue, que l�on dit inaccessible, continue d��tendre ses ramifications, y compris dans les territoires les plus retranch�s du pays, d�fiant, par son ampleur, les moyens mobilis�s par les services de s�curit� pour lutter contre ce fl�au. Et si la finalit� pour les dealers de tout bord est la m�me, le proc�d� change d�un empoisonneur � un autre. Notre reporter, qui a pu suivre les pas de l�un d�eux pendant une journ�e, raconte, justement, recettes et confessions d�un trafiquant insoucieux.
Chez un grossiste
Cela se passe dans une localit� de la p�riph�rie constantinoise. L�intimit� est un vain mot dans ce bourg puisque tout le monde conna�t tout le monde. Moh, toxicomane et non moins dealer attitr� du village, n�a presque plus rien � cacher. Il lui suffit d��viter de se faire prendre en flagrant d�lit. Et c�est d�ailleurs sans peine qu�il accepta de se pr�ter au jeu des questions-r�ponses, voire m�me de se faire accompagner par un journaliste chez son fournisseur. Le chauffeur du taxi clandestin que nous empruntions ne se doutait de rien. Les deux compagnons de Moh ont n�goci� un aller-retour de pr�s de quarante kilom�tres, histoire d�aller s�approvisionner en perspective d�une soir�e �thylique. Destination pr�sum�e : un d�bit de boissons alcoolis�es clandestin ou encore � Mista� selon le jargon local. 18h30 ; un horaire qui n�est pas tout � fait indiqu�, selon Moh. Il craint les mauvaises surprises car, dit-il �c�est en d�but d�apr�s-midi que le risque est moindre. Pendant la saison des grandes chaleurs, le rel�chement des services de s�curit� est perceptible � partir de la mi-journ�e� � Il avait n�anmoins pris ses dispositions en passant commande pr�alablement � son d�placement. �Il suffit d�un coup de fil et le tour est jou�.� Sa marchandise est d�j� pr�te. Cela fait d�j� deux jours que sa client�le attend et la soir�e s�annonce fructueuse. En cours de route, Moh se d�tache du groupe et donne rendez- vous � ses compagnons une demi-heure plus tard. Il se dirige vers son livreur (serraf) qui, � l�aide de sa bande, contr�le la proximit� imm�diate du quartier. Son fief se situe derri�re un coll�ge, sur la rive d�un oued. Les �courtiers� l�attendaient � quelques dizaines de m�tres du �si�ge� de leur �ma�tre�. Moh leur est familier. Ils sont visiblement sous l�effet de psychotropes. Moh fait signe de son v�u. Il voulait voir le patron. �O� est-il ?� demanda Moh. �Juste en bas. Il n�a pas dormi depuis quatre jours. Il vient d�avaler une poign�e de comprim�s Soal et je crois qu�il est inconscient�, r�pond l�un d�eux. � Eserraf� �tait en compagnie de trois jeunes toxicomanes qui lui roulaient des joints, lui ramenaient son caf� ou encore jettent un �il, au besoin, pour �surveiller� l�entourage. Tout �tranger qui franchira ce p�rim�tre est signal�. Ils gagnent 250 � 300 DA par jour et se �ravitaillent � gratuitement en kif et psychotropes. � Lamaalam peut m�me abuser de l�un d�eux s�il le d�sire !� a lanc� Moh. Il a n�goci� �la feuille� � raison de 5 800 DA (environ 100 grammes de kif, soit l��quivalent de la consommation mensuelle d�un toxicomane av�r� qui fume 5 ou 6 joints par jour). Les autres dealers payent cette m�me quantit� � hauteur de 6 400 DA. Pas de psychotropes ! �Nous souffrons d�une crise d�approvisionnement en ces jours-ci�, d�plora un courtier. �Ce revendeur est un ancien compagnon de cellule. Il �tait un voleur et c�est gr�ce � moi qu�il a d�couvert le commerce de la drogue. Il entretient, depuis quelque temps, de bonnes relations avec les narcotrafiquants. Il vient de m�offrir un morceau de 3 grammes de ��double-z�ro�� (kif, dit-on, de bonne qualit�). �a vaut 500 DA�, r�v�le Moh. Et d�ajouter que la zetla de bonne qualit� est tr�s rare sur le march�. �C�est l�apanage de certains trafiquants et consommateurs avertis et ais�s !�. Le gramme du �double-z�ro� est c�d� � 170 DA. La m�me dose de �Pou linaire� ou de la � t�b��ela� est aussi ch�re. Les dealers ne commercialisent que de la marchandise truqu�e, soidisant� trait�e. �Ce que j�ai achet� aujourd�hui est un truc de tous les jours mais c�est copieux (wafia). �a s�appelle ��Lacoste���. En tout cas, il y a peu de connaisseurs, �a se vend comme des petits pains� les gens fument n�importe quoi�, commentera-t-il. Avant de quitter les lieux, la discussion entre Moh et les deux courtiers porte sur les conditions d�emprisonnement d�un grossiste du kif, livr� aux autorit�s par les faussaires de monnaies. �Les policiers sont venus chercher un contrefacteur. Un conard, surpris en flagrant d�lit en train de fumer un joint, livrera ce grossiste et un autre dealer sans aucun �tat d��me. Mais il a purg� sa peine. Il n�a pass� que 7 mois. L�affaire a �t� n�goci�e � l�int�rieur de la prison. Ce dealer a assum� le tout contre un gros pactole�, r�sumera le courtier. Ils ont parl� aussi � propos de la reconversion d�un �coll�gue� dans la gestion d�une pizzeria du quartier.
La pr�paration de la marchandise
Vers 20h, Moh et ses compagnons reviennent � leurs bases. Et ce n�est qu�� leur arriv�e que le chauffeur de taxi est mis au courant. Ne faisant preuve d�aucune inqui�tude, il promet de repasser plus tard. Aussit�t arriv� chez lui, Moh entame la coupe de la marchandise. Il �tait, un peu, mal � l�aise. �J�ai l�habitude de la d�couper en solo en fumant des joints�, dira-t-il. Cette fois-ci, il l�a fractionn�e, entour� de trois bonhommes qui faisaient tourner un sebsi (une pipe relativement longue) charg� en zetla � Mouh leur a offert la primeur � et buvaient de la bi�re. Le dealer, lui, a bu d�j� 5 bouteilles de Beck�s avant de se mettre � travailler. �Je n�ai pas le choix. Il n�y a pas de boulot. Moi, je ne balaye pas les rues pour 3 000 DA du filet social. C�est humiliant�, regretta-t-il. La feuille, qui fait 117 cm, a produit environ 25 lingots ( meroueds) de 70,4 � 0,5 cm. Le lingot (4 � 5 grammes) produit entre 3,5 � 4 morceaux (t�rraffs). Etant donn� que le morceau est commercialis� � raison de 100 DA, il vendra un meroued � hauteur de 350 � 400 DA. Par un petit calcul, il r�alisera un b�n�fice de l�ordre de 3 500 � 4 000 DA par feuille de 100 grammes, autrement dit, presque 100% du capital investi. ��a d�pend des ventes. Je pistonne certains amis et clients privil�gi�s et je garde des morceaux pour ma propre consommation, ce qui fait que le d�compte final n�est toujours pas net�, pr�cisera-t-il. Le consommateur ach�te sa dose en 4e ou 5e main, autrement dit la composition de celle-ci peut changer du grossiste au d�taillant, � maintes reprises et selon plusieurs m�thodes. Cela dit, elle ne maintient pas le traitement initial, appliqu� � la source par les producteurs. A titre d�exemple, afin de d�velopper le poids de la marchandise et aussi de leurrer la perception des chiens de police, les trafiquants ajoutent de la menthe ou du henn� et brouillent le tout dans une �cuelle par un sirop somnif�re qui joue dans ce cas le r�le d�un ciment. Puis, ils la laissent absorber le liquide pendant deux ou trois jours avant de la p�trir � chaud sur une surface de marbre, la r�partir en feuilles et l�emballer dans du cellophane. Cinq feuilles p�sent un demi-kilogramme. Actuellement, il y a une grande quantit� de kif non trait� qui circule dans la r�gion. Cette marchandise devait rejoindre les march�s europ�ens, mais elle a fini par �tre �coul�e en Alg�rie. L��tau a �t� amplement serr� sur le narcotrafic dans le vieux continent. C�est un Marocain, indique notre interlocuteur, qui alimente les r�seaux de commercialisation du hachich � l�est du pays. �Il utilise, peut-�tre, des faux papiers, mais il suit de pr�s, � bord de son v�hicule, le transport de la marchandise dans un camion semiremorque. Il traverse le territoire national jusqu�aux fronti�res Est en passant par Constantine, A�n- Be�da et Sedrata� a-t-il expliqu�. Par ailleurs, les quantit�s saisies par les autorit�s, ajoute-t-il, ne repr�sentent qu�une �goutte� dans l�oc�an. �Je lis dans la presse des articles portant des quantit�s saisies. C�est ridicule ! De plus, un grand nombre de consommateurs cultivent le cannabis � l�int�rieur de leurs domiciles, dans des petits jardins et n�ont besoin de personne pour se ravitailler�, constatera-t-il. Un officier sup�rieur de la Gendarmerie nationale a confirm� ce constat en pr�cisant que les drogues saisies sont, simplement, le r�sultat des op�rations men�es par les services de s�curit� et qui ne constituent en aucun cas un indice d'�valuation de la propagation des stup�fiants. En effet, la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale de Constantine a mis fin, dans le courant du mois d�avril dernier, aux activit�s d�un r�seau de trafic de psychotropes qui a pu �couler plus de 4 millions de comprim�s R�votril en l�espace d�une ann�e au moment o� les saisies op�r�es par les services charg�s de la lutte contre la drogue, tous corps confondus s�entend, n�ont pas d�pass� les 400 000 comprim�s pour le m�me exercice. Cet officier de la gendarmerie a �cart� l�hypoth�se de l�existence d�un grand r�seau qui g�re ce trafic en Alg�rie. �Rien ne le prouve jusqu�� maintenant. Ce sont plut�t de petits r�seaux, implant�s ici et l�, qui versent dans ce trafic et servent, probablement, de relais dans le transit du kif, qui traverse les fronti�res Ouest vers l�Europe.� Moh, qui a qualifi� les �l�ments de la police d�incomp�tents, estimera que les narcotrafiquants sont inform�s des descentes op�r�es par ces services quelques jours � l�avance. �Pis, les policiers font l�int�ressant lors de ces op�rations et ils sont tr�s b�tes. Ils m�ont fouill�, il y a quelque temps, � deux reprises et ils n�ont rien trouv� alors que j�avais dissimul� une quantit� qui vaut� cinq ans de prison�, s�enorgueillit- il en reprochant � certains agents des services de s�curit� de percevoir des commissions et ferment les yeux sur les activit�s des trafiquants de drogue. �Je crois qu�ils ne cherchent les dealers que lorsqu�un drogu�, agresseur, tombe entre leurs mains et d�clare au juge d�instruction avoir commis le d�lit sous l�effet de psychotropes�, encha�nera-t-il. A l�int�rieur de la prison, affirme-t-il, ce sont les trafiquants emprisonn�s qui vendent la drogue et ce, avec �la complicit� des gardiens. �Ces trafiquants les recommandent chez des grossistes du kif pour faire des courses en contrepartie d�une somme d�argent�, ajoute-t-il.
Pourquoi les gens s�adonnent- ils � la drogue ?
�Les gens fument le kif parce qu�il est disponible et consomment aussi les psychotropes pour la m�me raison. Si la coca�ne �tait disponible, ils s�abattraient, certainement, sur celle-ci. Certains s�adonnent d�j� � cette poudre et autres drogues dures. A cause du ch�mage, les jeunes et moins jeunes n�arrivent pas � occuper le vide qui brise leur vie et de se d�marquer de son corollaire, le stress. Il n�y a pas d�autres moyens, je le jure�, t�moignera Moh qui a avou� avoir snif� quelques �traits� ( khits) de coca�ne. Pour le faire, il est oblig� de faire de longs d�placements. �La premi�re fois, je suis all� � Alger chez une vieille connaissance. On m�a donn� une dose et puis on m�a recommand� chez des copains � Annaba. Cette ville est plus proche pour moi�, pr�cise-t-il. La drogue a �t� banalis�e � telle enseigne que le jargon populaire s�est enrichi d�un lexique sp�cifique. Kemia, akar, chira et autres aklia et boukhar d�signent le cannabis. Le pr�sident de l�Association pour la lutte contre l�alcoolisme et la toxicomanie (ALAT), qui est la seule association activant dans le domaine en Alg�rie, �tait sur la m�me longueur d�onde avec ce dealer dans la mesure o� la plupart des jeunes n�arrivent pas � trouver des activit�s (travail, sports, loisirs�) ou, � la limite, des lieux convenables afin d��vacuer leur �nergie. En axant sa th�se sur le principe de la pr�vention, il dira que �c�est parce qu�il n�y a pas de clients qu�il n�y aura plus de vendeurs. C�est le principe sacro-saint de l�offre et la demande�. Ce m�me responsable a indiqu� que la lutte contre la drogue n�est, seulement, pas l�affaire des services de la r�pression du banditisme mais celle de toute la soci�t�. �Actuellement, nous effectuons en collaboration avec la direction des affaires religieuses un travail de proximit� dans les mosqu�es et ce, en donnant des conf�rences, juste apr�s la pri�re du vendredi, qui mettent en garde les gens contre les dangers de la drogue�, a-t-il dit. Et de sugg�rer d��tablir plus de centres de d�sintoxication car, selon ses termes, il est aberrant qu�il y ait un seul centre, celui de Blida, lequel est d�une capacit� de 241 lits, destin� � abriter les toxicomanes d�une population de l�ordre de 35 millions d�habitants et o� le fl�au de la consommation de drogue a pris des proportions alarmantes.


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