C��tait la premi�re fois que nous nous rendions dans cette contr�e o� l�on nous avait annonc� le retour des habitants qui avaient d�sert� les lieux depuis le d�but de l�ann�e 1993, quand la situation s�curitaire s��tait d�grad�e. Il n��chappe � personne que cette zone �tait, il n�y a pas si longtemps, � haut risque. Une fois les lieux s�curis�s dans cette partie de Zema�cha, c�t� commune d�El-Guethna, l�on a lev� les obstacles et la route a �t� lib�r�e. Mardi matin, nous faisions une halte � Sidi Mahieddine avant d�emprunter le tron�on d�une route � la limite du praticable. Elle est sinueuse et en certains endroits l�on a proc�d� � quelques menus travaux afin de permettre aux v�hicules de circuler. Nous n�en croisons gu�re au bout de vingt minutes, et c�est tout juste si nous relevons la pr�sence d�une vache esseul�e. Des carcasses de v�hicules apparaissent et elles sont enti�rement calcin�es. A Stamboul, c��tait certainement le plus grand parc de v�hicules vol�s par les terroristes ; et il y a tout juste trois ans, des citoyens avaient c�d� � la tentation et ils �taient venus pour s�emparer des pi�ces de voitures. L�un d�eux avait pay� de sa vie puisque tu� par le dernier groupuscule de terroristes qui se trouvaient encore dans les monts Stamboul. Le v�hicule � bord duquel nous nous trouvons avance difficilement et sur une cr�te nous apercevons une petite construction. Elle est nouvelle et c�est un poste d�observation qui sera prochainement occup� par la garde communale. En observant les alentours, nous nous rem�morons tous les actes criminels commis par les hordes terroristes. Les vastes op�rations men�es par les forces de s�curit� les ont accul�s dans leurs derniers retranchements en employant les grands moyens m�me si la for�t en a p�ti. De nombreux arbres calcin�s jonchent le sol. Tout comme, de l�autre c�t�, sur la partie commune de Bouhanifia, Touahria a �t� nettoy�e. C�est le c�ur de Stamboul aujourd�hui en passe d��tre r�habit�. Nous voyons enfin un v�hicule. Le camion appartient � une entreprise de Bouhanifia et des ouvriers proc�dent � des travaux en bordure de route. C�est certainement une visite qui est annonc�e. Nous les saluons et continuons. Quand nous les d�passons, ils nous observent car la pr�sence d��trangers � la contr�e soul�ve parfois des interrogations et la vigilance est toujours de mise. Nous apercevons El Maatmar que nous avons d�j� visit� et apercevons un jeune citoyen qui en vient � pied. �O� se trouve Touahria ?� demandons-nous. �Vous l�avez laiss�e derri�re vous�, r�pondra-t-il. Nous faisons marche arri�re et l�homme est m�fiant quand nous lui demandons de nous y accompagner. Il finit par monter dans la voiture et nous arrivons enfin dans la derni�re localit� de la wilaya de Mascara qui n�est pas encore habit�e. Nous voyons toutes les habitations abandonn�es et par le pass� c��taient quarante familles qui y habitaient. Des bottes de foin se trouvaient sur notre parcours et un jeune berger surveille ses moutons, c�est signe que la vie a repris dans ce qui �tait un no man�s land. Nous avan�ons et remarquons des quantit�s de briques puis plus loin apparaissent des plates-formes. Touahria est en phase de reconstruction. Nous apercevons plusieurs citoyens assis sur un arbre. Nous les abordons et ils nous prennent pour un repr�sentant de l�administration. Apr�s les pr�sentations ils nous �voquent ce qu��tait leur douar et les perspectives d�avenir. A Zema�cha, ce nom de Zema�lach est tr�s r�pandu, c�est pratiquement une famille qui y vivait. C�est un nom qui nous est familier. Mourad Zema�lach habite � Bouhanifia avec Mani Zema�lach, Houari Djelloul et Zema�lach, Med Zema�lach ainsi que Za�dour Zema�lach, Houari, ils nous content donc Touahria dans tous ses d�tails. Nous apprenons qu�apr�s avoir fui, des citoyens sont partis vers Sig, Hacine, Bouhanifia, et m�me Oran. �Certains d�entre nous ne supportent pas la ville comme ceux qui se trouvent � Sidi-El- Bachir�, nous explique l�un d�eux. �Nous y �touffons et avons h�te de revenir sur nos terres�, poursuivra-t-il. Ils sont 26 environ � avoir entam� des constructions et des citoyens de quatre familles y passent d�j� les nuits. Ils sont dix � avoir confi� les travaux � un entrepreneur de Bouhanifia alors que les autres construisent eux-m�mes. Quand nous abordons le volet de l�aide � l�habitat rural, l�on apprend que quatre ont d�j� b�n�fici� de la premi�re tranche qui est de 100 000 DA alors qu�un cinqui�me a eu quelques difficult�s aupr�s de la banque. D�autres devraient en b�n�ficier dans les prochains jour, disent-ils. Et l�eau ? demandons-nous. �Nous nous rendons au puits situ� � 3 km environ�, nous r�pondra l�un de nos interlocuteurs qui nous montre du doigt l�arriv�e de la conduite d�eau � presque 1 km du douar. ll nous fait aussi savoir que le chef de da�ra, qui a effectu� plusieurs visites, a promis de la faire arriver jusqu�aux habitations. Pour ce qui est de l��lectricit�, Touahria devrait b�n�ficier de l��lectrification rurale. Les citoyens pr�sents affichent leur confiance m�me s�ils attendent plus de l�Etat en demandant l�acc�l�ration des proc�dures afin qu�ils puissent b�n�ficier rapidement de l�argent des aides. �Nous sommes d�termin�s � revenir sur nos terres�, disent-ils en ajoutant que leur place n��tait pas dans la ville. �C�est la terre de nos anc�tres et nous reprendrons notre activit�, rench�rit un autre. Il y a eu, ajoute-t-il, des labourssemailles timides mais cette ann�e, la r�colte a �t� bonne pour ceux qui ont d�j� travaill� la terre. En contrebas, il nous montre la for�t de Aouzert qui se reconstitue, d�clare-t-il. �L�, c�est Hammar Demcha�, puis il nous montre un grand ravin. C�est Cha�bat Oumcha�b, c�est certainement l� que les terroristes avaient construit leurs casemates. Nous prenons quelques photos et nous nous engageons sur une piste. �Venez, nous allons nous rendre au monument, nous dit Za�dour Zema�lach. C�est une st�le comm�morative �rig�e � la m�moire des chouhada. Elle a �t� compl�tement saccag�e. �Ici, nous dit-il, ont eu lieu de hauts faits d�armes pendant la R�volution et les djounoud ont malmen� les militaires fran�ais�. A c�t� se trouve un bus de voyageurs ou plut�t ce qu�il en reste. Il avait �t� ramen� de Chorfa. Nous apercevons pas tr�s loin de nous le barrage de Chorfa et en scrutant l�horizon nous apercevons les torches d�Arzew. Notre homme nous quitte alors. �Je vais rallier Sidi Benekrouf � pied pour prendre ensuite le bus � partir de Ouled Bouziane pour rentrer � Sig�, annoncet- il. Nous rebroussons chemin accompagn� d�un autre citoyen. Apr�s avoir pris un caf�, nous d�cidons alors de rentrer. �L�on nous a annonc� la visite prochaine du wali de Mascara�, nous dit un homme, et nous voudrions �tre inform�s quand il viendra�. Nous effectuons le m�me trajet dans le sens inverse de douze kilom�tres environ qui nous s�parent de Sidi Mahieddine. Sur le chemin du retour, nous croisons deux v�hicules. Nous n�avons plus les m�mes appr�hensions qu�� l�aller. Touahria a �t� lib�r�e et la vie a presque repris. Notre apprenti journaliste qui nous accompagnait a �t� impressionn� par les r�cits des citoyens.