Tout � leurs probl�mes, les Palestiniens n�en gardent pas moins l��il riv� sur ce qui se passe dans le monde arabe et musulman. Marwan, cadre du Fatah � Naplouse, compare volontiers la crise entre le Fatah et le Hamas � ce qui s�est pass� en Alg�rie en 1991-1992. Un Fatah qui, depuis 1966, a assum� le poids de la lutte contre Isra�l, coiff� sur le poteau par un Hamas, cr�� en 1987 et qui, de surcro�t, a pris en marche le train de l�Intifadha. �Tout comme en Alg�rie, dit-il, ce sont ceux qui n�ont pas assum� le poids de la guerre de Lib�ration nationale alg�rienne qui ont failli rafler la mise en 1991�, assure-t-il en �voquant l�ex-FIS. Sans illusion, ce cadre du Fatah, qui a pass� 5 ans dans les ge�les isra�liennes, admet que les islamistes ont exploit� les erreurs du Fatah et la corruption de certains de ses dirigeants. �Le pouvoir et les avantages qu�il a procur�s ont fait tourner la t�te � certains de nos dirigeants que le peuple palestinien id�alisait lorsqu�ils �taient dans la clandestinit� ou en exil�. Dans cette librairie de Naplouse, Marwan et ses amis, dont un communiste et un membre du FPLP, portent un regard d�sabus� sur l��volution politique des pays arabes. A leurs yeux, l�image que donnent au monde les r�gimes arabes ne fait pas avancer la cause palestinienne. �Except� le Liban, et encore, la d�mocratie et les libert�s n�existent dans aucun pays arabe. Partout, c�est soit le r�gne de la dictature soit celui de l�autoritarisme. Les �lections sont truqu�es. Aucun n�a r�ussi son d�collage �conomique. La corruption r�gne partout et la pauvret� gagne du terrain. Vous avez des pays dot�s de r�gimes semi-f�odaux, d�autres dirig�s par des pr�sidents � vie ou qui veulent garder le pouvoir par tous les moyens. Une violence qui n��pargne aucun d�eux, pas m�me ces monarchies du Golfe qui avaient un certain moment encourag� les islamistes� Dans ces conditions, comment voulez-vous que le discours des dirigeants arabes sur la cause palestinienne soit cr�dible aux yeux d�une opinion internationale travaill�e au corps par les m�dias pro-isra�liens �, se demande Marwan. Durant mon s�jour en Cisjordanie et � Ghaza, j�ai observ� que les Palestiniens se sont fait une raison. Ils n�attendent plus rien des dirigeants arabes. Ils regardent d�un �il amus� les ballets diplomatiques entre le Caire, Riyadh et Amman. Ils ne se font plus d�illusion sur les belles intentions affich�es par les diff�rents sommets arabes concernant le r�glement de la crise isra�lo-palestinienne. �Personne d�entre eux n�ose contredire le pr�sident Bush, voire d�essayer d�infl�chir sa position afin qu�il cesse de soutenir inconditionnellement Isra�l. En revanche, s�agissant de soutenir une faction palestinienne contre une autre, ces r�gimes arabes savent y faire�, ajoute Marwan. Lequel rappelle que �les pays du Golfe avaient cess� leur aide financi�re � Arafat en raison de son refus de la guerre contre l�Irak en 1990-1991, tout en inondant de dollars le Hamas qui s��tait rang� du c�t� des monarchies p�troli�res, avant qu�elles ne l�encouragent � supplanter l�OLP parmi les Palestiniens�. Dans cette librairie de Naplouse, ces progressistes palestiniens, qui ont en commun le fait d��tre interdits de sortie de Cisjordanie par Isra�l, ont l�impression de vivre entre le marteau isra�lien et l�immobilisme des pays arabes. Bien que tr�s amers, ils restent optimistes. �Dans tous les pays arabes, il existe des forces progressistes soutenant notre cause. Mais le meilleur soutien qu�on puisse esp�rer, c�est que ces pays se d�mocratisent, que leurs peuples respirent enfin la libert�, qu�ils expriment librement leur solidarit� et qu�on n�assiste plus � ces pseudo-manifestations de soutien t�l�command�es par les r�gimes en place, et ce, afin qu�Isra�l et ses alli�s aient en face d�eux des pouvoirs l�gitim�s par leurs peuples et que cette image de repoussoir qu�offrent certains r�gimes arabes � l�opinion occidentale, et tant instrumentalis�e par la propagande isra�lienne, disparaisse � jamais�.