Sur les 132 sièges du Conseil législatif, le Hamas en a remporté 76 contre 43 pour le Fatah. C'est la confusion générale au Proche-Orient, où le mouvement Hamas vient d'arracher une écrasante majorité aux élections législatives. Hier, la tension était à son comble sur l'Esplanade des mosquées, où des centaines de partisans du Hamas ont célébré la victoire du mouvement, devant un dispositif sécuritaire discret de la police israélienne. Une victoire fracassante, qualifiée de «séisme politique» qui fait voler en éclats une quarantaine d'années d'hégémonie du Fatah et compromet davantage la perspective d'un règlement négocié avec Israël. Sur les 132 sièges du Conseil législatif, le Hamas en a remporté 76 contre 43 pour le Fatah, a annoncé, jeudi la commission électorale. Le Hamas jouira ainsi d'une confortable majorité au Parlement qui lui permettra de former le prochain gouvernement. Les 13 autres sièges sont allés à des partis de moindre importance ou à des indépendants. Le taux de participation au scrutin, qui a eu lieu mercredi, s'est établi à 77%. Plusieurs cadres du Fatah, comme Jibril Rajoub, Qaddoura Farhs ou Hatem Abdelkader ont été battus dans leurs propres circonscriptions. Un verdict juste, affirme la plupart des Palestiniens, qui évoquent un vote sanction, contre les pratiques «immorales» au sein du Fatah, allusion faite aux scandales financiers et autres malversations du régime. Aussitôt les résultats connus, Ahmed Qoreï annonce sa démission, ouvrant la voie à la formation d'un nouveau cabinet par une personnalité du Hamas, comme le souhaite le leader palestinien Mahmoud Abbas, qui a appelé au «respect» du choix du peuple. Cependant quel serait l'intérêt d'un gouvernement déserté par le symbole de la lutte du peuple palestinien, à savoir le Fatah, qui depuis sa création en janvier 1965 a été l'interlocuteur incontournable dans le processus de paix? D'autant plus que le triomphe du Hamas était accompagné d'appels internationaux au mouvement pour qu'il renonce à la violence. Des appels, qui au vu des réactions des deux belligérants, seront difficiles à être entendus. En effet, après l'annonce des résultats, le gouvernement Olmert a refusé de négocier avec une autorité issue du Fatah. Pour sa part le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, rejette la «feuille de route», le plan de paix international, refuse de désarmer. Un véritable imbroglio pour le chef de l'Autorité palestinienne, confronté à une crise inédite depuis son accession au pouvoir. Ce qui risquerait de créer une situation de confusion au sein de l'Autorité palestinienne remettant en cause la feuille de route et le processus de paix dans la région. Car, il est pratiquement impossible de composer avec un gouvernement qui navigue à contre-courant des accords de paix conclus avec l'Etat hébreu, et approuvés par la communauté internationale. «Le président Abbas va charger le Hamas de former le gouvernement, auquel le Fatah ne participera pas», déclare le négociateur palestinien en chef Saëb Erakat, après avoir assisté à un entretien entre Abbas et Qoreï. Avant de poursuivre que «ceux qui ont remporté (les élections) doivent assumer toutes leurs responsabilités envers notre peuple dans tous les domaines, politique, sécuritaire, économique et national» Côté Hamas, on ne désarme pas. «Nous commencerons très prochainement d'intenses consultations avec le président Abou Mazen, les frères du Fatah et les autres groupes palestiniens pour nous entendre sur la nature du partenariat politique de la prochaine étape», affirme Ismaïl Haniyeh. Cependant, le mouvement Fatah, qui avait approuvé, à travers l'autorité incarnée par M.Arafat et ensuite Abbas la Feuille de route et les Accords d'Oslo et de Madrid, va-t-il accepter le fait accompli du Hamas. Ce dernier, qui même s'il a fait des petits pas sur la voie du pragmatisme politique, n'est pas encore prêt à répondre aux exigences de la communauté internationale, notamment la reconnaissance d'Israël, estiment les observateurs. Pour preuve: au lendemain de sa victoire électorale, le Hamas s'est déclaré prêt à accepter un Etat palestinien en Cisjordanie et à Ghaza, mais a réaffirmé son refus de reconnaître Israël. Ainsi, les responsables du Fatah, qui viennent de subir un cinglant revers, vont-ils accepter l'«offre» du Hamas? Si oui, sur quelles bases vont reposer les pourparlers et surtout de quel côté se feront les concessions?