Son prix varie entre 50 et 65 DA dans les principaux march�s de la capitale. A Tizi-Ouzou, � Blida, comme � Oran et � Constantine, le prix d�un kilogramme de pommes de terre a franchi le seuil du tol�rable. Enqu�te r�alis�e par Abder Bettache Depuis juillet dernier, il n�est pas descendu sous la barre des 60 DA le kg. Tension sur le march�, le tubercule devient rare et donc cher. Cons�quence la pomme de terre est en passe de devenir un produit de luxe. La machine de l�importation prend le relais. Aucun changement notable n�est apparu deux mois apr�s le d�but de l�op�ration. L�aliment le plus consomm� au monde, apr�s le bl�, le riz et le ma�s, ravit la vedette aux fruits exotiques. Cette flamb�e des prix de la pomme de terre affole. Et les journaux en font leurs choux gras. Questions : A qui incombe la faute ? Pourquoi l�importation n�a point chang� la situation du march� ? Qui sont les importateurs de la pomme de terre et les g�rants des chambres froides ? Y a-t-il connivence entre les importateurs et les intervenants dans les march�s de gros ? O� est l�Etat r�gulateur ? Faut-il r�habiliter l�ex- Ofla et Enafroid ? Les pouvoirs publics ont-ils commis l�erreur d�avoir dissous ou privatis� pr�cipitamment ces entreprises publiques, �qui peuvent �tre au service de l�Etat comme moyen r�gulateur de la vie �conomique nationale� ? La faute au mildiou ? En ce dimanche 19 ao�t, le prix d�un kilogramme de pommes de terre import�e est revendu � 33 DA au niveau du march� de gros des Eucalyptus, un des principaux march�s de gros de la capitale. Le l�gume import� du Canada est moins cot� que le produit local. La canadienne est c�d�e � 37, voire 49 DA le kilogramme. A la fin de la cha�ne de distribution, il est affich� � 65 DA pour le consommateur. Paradoxe ! En 2005, la production de la pomme de terre en Alg�rie avait atteint un seuil record. Il a �t� enregistr� un exc�dent de 500 000 tonnes. Satisfaction et grande joie au niveau institutionnel. �Les bienfaits de la politique trac�e par le Plan national de d�veloppement agricole (PNDA) lanc� en l�an 2000 sont l� et contredisent tous ceux qui s�y sont oppos�s�, s�exclame- t-on. Deux ans apr�s, c�est la crise. La p�nurie s�installe. �C�est la faute au mildiou qui a caus� des d�g�ts importants aux agriculteurs�, explique-t-on. Le mildiou ? Il s�agit d�une maladie qui appara�t dans la parcelle en foyers isol�s � partir desquels elle peut se g�n�raliser rapidement et aboutir � une destruction totale de la plantation en quelques jours. En effet, les tubercules �infect�s� pr�sentent des taches brunes et la chair est infiltr�e de zones marbr�es de couleur rouille � texture fibreuse ou granuleuse qui donne un aspect de pourriture s�che. Cette maladie, �tait � l�origine de cette p�nurie, �du fait que la production locale a �t� s�rieusement touch�e. Une production qui a co�ncid� avec la p�riode de soudure�. Mais l'explication la plus �tonnante � cette p�nurie, on la trouve du c�t� des pouvoirs publics. Ces derniers expliquent la p�nurie de pomme de terre en Alg�rie par le �dysfonctionnement qui a affect� l�approvisionnement en semences dont les plus grandes quantit�s nous viennent de l��tranger�. Les producteurs partagent l�avis des pouvoirs publics concernant le probl�me de la pomme de terre de semence mais alors que les premiers situent la faille au niveau du d�lai de livraison, les seconds pointent plut�t un doigt accusateur vers des lobbys d�termin�s � tirer profit d�un cr�neau juteux estim� � 70 millions de dollars. Le lobby en force, le ministre en vacances Au niveau de l�Union g�n�rale des commer�ants et artisans alg�riens (UGCAA), on pointe du doigt les sp�culateurs. Qui sont-ils ? Le secr�taire g�n�ral de cette organisation refuse d�apporter plus de pr�cisions sur la question. Il fera savoir toutefois que �tout se joue au niveau de la transaction effectu�e entre l�importateur et le grossiste �. �Il faut que l�Etat exerce un contr�le strict au niveau des d�p�ts frigorifiques �, a d�clar� M. Souilah Salah, qui nous fera savoir au passage, qu��une rencontre pr�vue avec le ministre du Commerce est report�e � une date ult�rieure du fait que le premier responsable de ce d�partement est en vacances�. Selon l�UGCAA, �cette p�nurie est accentu�e par le ph�nom�ne de la sp�culation qui a pris de l�ampleur depuis le d�but de la crise�. Certains repr�sentants du secteur agricole attribuent cette hausse vertigineuse du prix de la pomme de terre aux mesures d�cid�es par le d�partement de Sa�d Barkat pour r�glementer l�importation de la semence. En vertu de ces dispositions, seuls les tubercules de calibre 28 mm sont autoris�s � l�importation, c�est-�-dire que le nombre d�unit�s de pomme de terre doit �tre de 700 par sac de 50 kg. Or, ces crit�res poseraient beaucoup de probl�mes aux importateurs qui n�arrivent pas � s�approvisionner sur les march�s internationaux. Pour d�autres sources, �de v�ritables lobbys se sont constitu�s et disposent de prolongements tant au niveau de l�administration de l�Etat que chez les importateurs�. Face � une absence totale de �l�Etat r�gulateur, tous les moyens sont permis pour devenir riche et appauvrir davantage le citoyen�. Constat : � y voir de plus pr�s, la pomme de terre est d�sormais au c�ur des enjeux �conomiques et environnementaux qui font l�actualit�. Direction port d�Alger. Au niveau de l�enceinte portuaire, des sources nous indiquent que �les quais du port d�Alger, notamment le grand m�le, ont d�j� r�ceptionn� plusieurs bateaux charg�e de pomme de terre en provenance du Canada, de Belgique, de France et de Turquie�. Propri�taire de la SARL Doguiz (coop�rative universitaire), M. Nabil Rahmoune est un professionnel dans l�importation des produits agroalimentaires. Depuis le d�but de la p�nurie, il nous indique que sa soci�t� a import� � deux reprises de la pomme de terre du Canada. Les deux arrivages ont eu lieu la fin juin et juillet derniers pour une quantit� totale de 7 800 tonnes. Selon la m�me source, il est attendu quatre autres arrivages de Belgique sur une p�riode ne d�passant pas le mois et demi. �La pomme de terre import�e de l�Am�rique du Nord est revendue au grossiste � raison de 30 DA le kg, contrairement � celle de la Belgique qui co�te un peu plus cher�, explique cet importateur qui dira que �la premi�re op�ration d�importation de la pomme de terre assur�e par son entreprise remonte en 1997�. �A cette �poque, c��tait �galement la grande p�nurie�, se rappelle-t-il. Nostalgie de l�Ofla et l�Enafroid Il est � noter que la tonne de pomme de terre import�e du Canada est factur�e � 250 dollars la tonne, alors que celle en provenance de Belgique est de 280 euros. Une diff�rence de prix qui s�explique par le fait que le produit am�ricain est peu pris� sur le march� local � cause de sa couleur sombre. Pour certains commer�ants, �la pomme de terre import�e de l��tranger est de moindre qualit�. Tr�s souvent elle est emmagasin�e depuis plus d�une ann�e dans des chambres froides avant qu�elle ne soit exp�di�e vers des pays comme le n�tre.� �Faites un tour au port d�Alger et vous constaterez l�absence du contr�leur de la qualit�, t�moigne pour sa part un cadre exer�ant au niveau du port d�Alger. Reste � savoir quelle est la part de la taxe douani�re lors d�une op�ration d�importation d�une cargaison de pomme de terre ? Le propri�taire de la Sarl Doguiz dira � ce propos que �tant que les droits et taxes douani�res sont maintenus � ce niveau, le co�t du produit sera toujours �lev�. A ce titre, on apprend que la taxe repr�sente 40% du prix de revient d�une op�ration d�importation�, d�o� l�id�e avanc�e par le ministre du Commerce, selon laquelle �s�il y a n�cessit� de supprimer les taxes douani�res pour baiser le prix de la pomme de terre, nous le ferons�. Cependant, il n�en demeure pas moins que l�autre cause de cette �crise� est � rechercher du c�t� de l�Etat r�gulateur. La �disparition� pr�cipit�e des entreprises publiques sp�cialis�es dans le froid (Enafroid) ou celle dans l�importation � l�image de l�Ofla a provoqu� un d�r�glement total de la machine de la distribution en Alg�rie. R�sultats : �Ceux qui importent sont ceux qui stockent et revendent.� L�Etat absent, l�empire du milieu a encore de beaux jours devant lui. Il continuera toujours � imposer son diktat.