Mercredi 22 ao�t 2007. Le si�ge de la Centrale syndicale UGTA sis � la place du 1er-Mai est d�sert. Depuis avril dernier, la �Maison du peuple� est sous �surveillance�. Les va-et-vient � l�int�rieur de l�exfoyer civique ne sont plus tol�r�s comme auparavant. Pour cela, on n�a pas h�sit� � renforcer la �surveillance�, en faisant appel � une �quipe de vigiles appartenant � l�entreprise Amnal. Une entreprise sp�cialis�e dans la s�curit� des sites et autres structures financi�res appartenant � un groupement de banques publiques. Cette nouvelle donne n�a pas laiss� indiff�rents les habitu�s des lieux. Les commentaires vont bon train. �L�argent d�pens� pour cette �prestation� s�curitaire aurait pu �tre inject� dans les salaires des travailleurs de la Centrale en charge jusque-l� de la s�curit� du site. Les salaires qu�ils per�oivent ne leur suffisent plus pour faire face � leur v�cu quotidien�, commente un syndicaliste retrait�. En somme, l�UGTA-employeur s�aligne sur la politique salariale du gouvernement. Elle �vite d�augmenter les salaires de ses fonctionnaires. �Ils sont coup�s du monde ext�rieur� Ceci �tant, notre interlocuteur pousse loin son commentaire sur un ton nostalgique : �C�est pour filtrer et �viter toute forme de regroupement des travailleurs au niveau de la Centrale. Autres temps, autres m�urs. On a l�impression de se retrouver au si�ge d�une entreprise. C�est dommage pour eux. Ils sont coup�s du monde ext�rieur, du monde du travail. Nous avons beaucoup perdu de notre historique et h�ritage syndical. C�est vraiment dommage !� �Eux� ? Ce sont les responsables de la direction nationale de l�UGTA, �y compris ceux des autres structures�. En effet, � une semaine de septembre et par voie de cons�quence de la rentr�e sociale, un calme plat r�gne au niveau de l�immense b�tisse abritant les bureaux de la plus �grande� organisation syndicale du pays. Les ann�es pass�es et en pareille circonstance, l�ambiance �tait tout autre. D�j� avant septembre, la mobilisation syndicale passe � la vitesse sup�rieure, poussant ainsi �les pouvoirs publics au retranchement pour trouver les solutions appropri�es aux probl�mes soulev�s par les repr�sentants des travailleurs�. Au niveau de la grande cour, il y a peu de voitures en stationnement. Un autre signe de la vacance des lieux ? �Absolument pas�, r�torque un syndicaliste rencontr� sur les lieux. Des voitures sont l�. Une grande partie d�entre elles sont de haut de gamme. Des v�hicules de marques � l�image des �M�gane� des �Peugeot 407, 307 et 206�, constituant le d�cor d�une organisation syndicale riche. �Ils appartiennent aux cadres syndicaux et la plupart d�entre elles sont �offertes� par la Centrale syndicale�, commente-t-on. Selon des sources syndicales, le parc v�hicules de l�UGTA d�passe la centaine. Une grande partie de ses v�hicules sont affect�s au profit des f�d�rations et des unions de wilaya. �C�est pour assurer les d�placements des cadres syndicaux lors de leurs missions�, explique-t-on, tout en ajoutant, �qu�il n�y a point d�activit� syndicale durant des mois�. Soutenir le pr�sident et exclure un de ses proches La seule sortie du secr�taire g�n�ral �tait celle effectu�e � Annaba pour assister � la signature du protocole d�accord � Acelor Mittal d�El-Hadjar. M�me la derni�re rencontre de la commission ex�cutive nationale (CEN) n�a rien donn� de concret � l�exception de deux mesures contradictoires. Il s�agit du soutien exprim� en faveur du pr�sident de la R�publique et de la mesure d�exclusion prononc�e � l�encontre d�un membre de cette instance, qui politiquement, est li�e au premier magistrat du pays�. Il s�agit de Amar Mehdi, s�nateur et pr�sident du tiers pr�sidentiel au sein de la Chambre haute. A l�int�rieur de structures de la Centrale syndicale, on �vite d�sormais de parler de gr�ves et autres contestations, qui autrefois constituaient la force de frappe de l�organisation syndicale cr�� par A�ssat Idir. �C�est au secr�taire g�n�ral de s�exprimer sur les questions de l�heure. M�me un �ventuel commentaire sur le prix de la pomme de terre revient au premier responsable de l�organisation syndicale�, nous explique un syndicaliste, qui, sous couvert de l�anonymat, s�interroge si �le pacte �conomique et social sign� par la tripartite l�UGTA � patronat � gouvernement est toujours valable ? � Une question est tout indiqu�e, sachant que depuis sa signature il y a pr�s d�une ann�e, �aucune rencontre d��valuation quant � la mise en pratique de cet accord n�a eu lieu�, alors que les termes du contrat stipulent qu�un groupe de travail tripartite proc�dera trimestriellement � une �valuation de son application. L�UGTA, otage de sa d�marche, voire de sa strat�gie ? �Les deux � la fois�, ajoute notre source, qui appr�hende des lendemains incertains pour le monde du travail. Sidi Sa�d perdra-t-il la bataille du port d�Alger ? �Ira-t-on jusqu�� sacrifier le port d�Alger au profit des Emiratis ?�, se demande un autre syndicaliste. Ou encore Sidi Sa�d perdra-t-il la bataille du port d�Alger ? �Nous lui faisons confiance �, r�torque un membre du conseil syndical de l�entreprise portuaire d�Alger (Epal) rencontr� sur les lieux. Des propos contredits par un autre syndicaliste rencontr� au niveau du hall de la Centrale � la recherche d�sesp�r�ment d�un responsable pour lui faire part de sa situation. Sa crainte est de voir le temps passer et assister impuissant � la disparition de son entreprise. �Nous avons perdu espoir. Il ne faut point attendre aujourd�hui une r�action de l�UGTA. Ses responsables ne s�int�ressent gu�re au monde du travail, encore moins au devenir des entreprises publiques. Depuis plus de deux heures que je suis l� � attendre l�arriv�e d�un secr�taire national pour lui exposer la situation, rien ne pointe � l�horizon. Mieux, la situation dans laquelle se trouvent les structures syndicales attestent de la d�liquescence de notre organisation. O� est le contre-pouvoir social, au moment o� les prix flambent et le gouvernement refuse de r�viser les salaires ? A une semaine de la rentr�e sociale, il n� y a point de responsables au niveau de la Centrale. Ils sont encore en vacances�, s�est indign� notre interlocuteur. Les responsables de l�UGTA savent que la base syndicale est en col�re contre eux. Mais ils refusent le contact direct �avec ceux qui vivent l�enfer au quotidien�. Pour la direction sortante l�enjeu est ailleurs. Pour eux, il s�agit de gagner du temps, �viter la confrontation sociale et passer le cap de l�ann�e 2007 avec peu de d�g�ts. L�objectif est de pr�parer le prochain congr�s, le onzi�me depuis la cr�ation de l�UGTA et s�inscrire dans la perspective de l�optique politique prochaine.