Il est, d�sormais, admis que la Belgique vit une crise institutionnelle r�elle. Grave. Trois mois et des poussi�res apr�s les l�gislatives, aucune configuration n�a pu �tre mise sur pied. L�Orange-bleue, coalition lib�rale-chr�tienne, qui semblait pour un temps tenir la route, bat de l�aile. Si ce montage paraissait math�matiquement possible, il p�chait n�anmoins par un manque certain de r�alisme. L�Orange-bleue regroupe, en effet, les vainqueurs du scrutin de juin dernier, cependant, les lignes de fracture entre n�erlandophones et francophones sont tellement importantes qu�elles emp�chent une lecture politique normale ou banale. Les d�mocrates-chr�tiens flamands eux-m�mes, d�j� tr�s d�pendants du biberon nationalitaire, moins nationaliste du fort sentiment d�appartenance � une nation flamande, unie et g�ographiquement d�limit�e sont en sus prisonniers de leur alliance avec la NVA, un parti ouvertement anti-belge et � la lisi�re des th�ses de l�extr�me- droite flamingante. Pour corser le tout, c�est ce cartel CDNV-NVA qui a remport� les �lections en Flandre. En face, c�t� francophone, si les choses sont un peu moins compliqu�es, l�ordre institutionnel ne r�gne pourtant pas en ma�tre ici. Le Mouvement r�formateur (MR) dirig�, brillamment, par Didier Reynders est le grand vainqueur de l��lection de juin dernier. Mais cette formation de centre-droit ne peut gouverner avec les Flamands alors que ces derniers ne donnent pas suffisamment de gages pour le maintien du f�d�ralisme belge. Pire, le CDNV-NVA pousse vers une r�forme de l�Etat dont les contours sont trop impr�cis pour ne pas susciter l�hostilit� des francophones. Didier Reynders, pour autant, n�est pas �frileux� sur la question de la r�forme de l�Etat. Seule exigence de sa part : qu�elle ait un contenu f�d�ral. Le chef du mouvement r�formateur pr�cise, toutefois, le fait que le �c�ur� du programme MR (questions �conomiques et sociales, justice, pensions, immigration) n�ait pas encore �t� abord� � ou insuffisamment abord� � lors des conciliabules pr�sents. Pour l�instant, l�explorateur (personnalit� consensuelle accept�e par les formations qui ont remport� les �lections des deux c�t�s du pays), M. Van Rompuy n�a encore rien laiss� filtrer de ses consultations. Les signaux qu�il �met, ou qu�on fait �mettre en son nom, ne sont pas, pour le moment, porteurs d�optimisme. Hier, il a remis un rapport au roi, le quatri�me depuis qu�il a accept� cette d�licate mission de bons offices. Avant lui, le syst�me belge avait mis K-.O. plusieurs autres personnalit�s et les a contraintes � rendre le tablier. Elles �taient d�sign�es, alors, sous d�autres vocables : informateur puis formateur. Le roi Albert II, � qui la Constitution interdit tout r�le politique, demeure, n�anmoins, en ces instants cruciaux pour la survie du royaume l�un des rares si ce n�est le seul facteur d�unit� nationale. La Belgique vit, c�est certain et c�est admis, une v�ritable crise de r�gime. Le royaume laissera des plumes lors de cette �preuve.