Les pouvoirs publics ne m�neront aucune politique de promotion de la lecture publique. Il aurait fallu pour cela qu�ils aient une grande ambition pour l�Alg�rie, un grand sens de la justice sociale pour corriger les in�galit�s sociales et culturelles, maintenir le souffle populaire de la guerre d�ind�pendance, laisser au peuple alg�rien le m�rite de la victoire anti-coloniale. Ou il aurait fallu alors avoir une grande id�e de l�Alg�rie, une grande ambition de notre nation m�me sans les engagements populaires des premi�res ann�es de l�ind�pendance avec l�autogestion et une option socialiste bancale mais porteuses des esp�rances les plus profondes d�un peuple qui a lib�r� le pays pour un autre destin que le pouvoir sans partage de quelques castes de l�import-import. On nous bricolera bien des moments comme l�ann�e arabe pass�e sur la t�te de nos jeunes qui n�en sauront pas plus sur May Ziada, sur Khalil Djebran, sur les textes d�El Ka�s ou ceux d�Ibn Rochd. On nous bricolera des salons du livre qui auront perdu de vue les objectifs initiaux de leur conception et qui couvriront d�un voile arachn�en la pauvret� indigne du r�seau des librairies pour lesquelles aucune mesure incitative n�est annonc�e. L�absence de projet national limitera forc�ment ce salon � des buts subalternes et le livrera � une gestion sans envergure et sans les attendus �l�mentaires de la gestion d�une question culturelle. Comme par exemple cette initiative de choisir le Liban comme invit� d�honneur. Le choix politique d�un invit� d�honneur commande que le salon soit plac� sous les couleurs du pays, que les plus hautes autorit�s de ce pays ouvrent le salon, que le public d�couvre, � travers d�innombrables activit�s, les visages et les facettes de la culture de ce pays. Inviter un pays ne r�pond pas � un effet d�annonce mais � un contenu et des formes protocolaires. Pas un seul drapeau ne rappelle aux visiteurs que le Liban est l�invit� d�honneur. Ce n�est pas sans lien avec les probl�mes politiques li�s � la question de la lecture publique. Toutes les actions, toutes les activit�s du pays sont vid�es de ces contenus pour �tre raval�es au rang de justifications propagandistes. La lecture et la culture ont besoin d�un autre niveau intellectuel et d�un autre engagement que ceux de nos dirigeants. Et ils nous l�ont bien prouv� en inaugurant ce salon par un acte de censure, par l�interdiction du livre de Mohamed Benchicou. Et pendant longtemps planera sur nos �diteurs impavides le doute que l�argent de l�ann�e arabe a �t� pour quelque chose dans leur absence de r�action. Allez, ne faites pas trop cas de ces avanies culturelles, nous avons connu pire. Offrez un livre � vos enfants et lisez avec eux. Il leur restera au moins le souvenir d�un moment merveilleux pass� avec vous dans l��change intellectuel.