L'image lamentable de mobilisations professionnelles d'intermédiation politique d'une pseudo opposition (RCD, MDS, PLD…), comme le firent tunisiens et égyptiens est triste à voir, pour le moins, en dépit du respect personnel que peut susciter par ailleurs la volonté de certains acteurs autonomes de bien faire dans n'importe quelle condition. Cette agitation ne suffit plus ; le peuple a appris à séparer le grain de l'ivraie. C'est triste aussi pour la régression de ce pays qui se situa il n'y a pas longtemps aux avant-gardes. Les appareils politiques voulus visibles par le régime ont si peu nourri de capacité d'analyse et d'expertise stratégique en pensée politique. Ils ont été si loin du peuple depuis la guerre policière et idéologique de l'éradication du véritable mouvement populaire de justice et de droit. Ils ne furent que ridicules dans leurs tentatives opportunistes de faire valoir. * Ces attitudes ont été politiquement des grandes erreurs du point de vue du peuple; elles ont été en grande partie le résultat du comportement des acteurs politiques qui ont aveuglément cherché politiquement ailleurs qu'avec le peuple les lignes de pensée et d'action politiques alors existantes. Ils ont pensé plutôt les trouver dans l'excitation équivoque d'argumentaires de réformes avec les « décideurs » à l'intérieur et à l'extérieur. * Ces attitudes sont d'extrême utilité pour le pouvoir en place ; à l'extérieur et notamment en France, leur existence satisfait au désir aigu auto-centrique de normalisation des valeurs. Il ne met aucunement en danger la poursuite à peine déguisée du comportement colonial. A l'intérieur, elles participent aussi vaillamment que toujours à l'entretien de la fausse image d'opposition et à la division des militants et résistants. Comme en Egypte, pour y arriver, on dit qu'on attend tout des jeunes en souhaitant sans trop le dire qu'ils mobiliseront pour le bénéfice des mêmes professionnels politiques d'une pseudo opposition. Ce qui reste à voir et qui n'est de toute façon pas beau. Le compromis de restauration du régime est selon cette stratégie signé d'avance ! Pour y voir clair, nous avons besoin sans précipitation d'anticipation et d'une vraie vision prospective.[1] La condition, est tout de même que ceux qui se mettent en réseau pour cette tâche soient clairement identifiés comme ne se mettant pas en position de rentiers politiques attendant le recrutement et qu'ils démontrent par leur travail la volonté de se mettre au service du peuple là où il se trouve, là où il se bat et là où il élabore. Les jeunes dirigeants égyptiens avaient préalablement partout dans le mouvement social ces cadres, devenus ensuite interlocuteurs institutionnels. Les jeunes étudiants et syndicalistes qui se font défoncer systématiquement doivent le savoir et maintenir leurs mots d'ordre au lieu de se laisser manipuler au service des professionnels des compromis. La tâche aujourd'hui n'est plus de réformer ; le régime est pourri. Les peuples disent en Egypte et en Tunisie partout de rompre. Pour cela, il faut d'abord être là où le peuple se mobilise et là où il agit. La politique chaque fois resservie avec opportunisme de « consensus » est devenue la règle d'exclusion des acteurs intermédiaires légitimes de l'expression populaire et de l'idée même d'action politique. Il compromet l'avenir des libertés, des revendications de la société, et donc la capacité de notre pays à saisir les voies de la construction de systèmes politiques libérateurs et comprenant- les mutations du monde contemporain. Une fois de plus, ce système porte la responsabilité de ses échecs et, en l'occurrence, de son incroyable incompétence sur ceux qu'il empêche de défendre l'intérêt général mais au total bénéfice du régime conservateur, inefficace et «sécuritaire. Ce système d'opposition interdit de penser dans la société vivante un mouvement qu'il décrit de monstruosité. Pour y voir clair, il faut d'abord le savoir, accepter le caractère fondamental de l'événement des révoltes populaires sans réserves mythologiques d'idéologie hypocrite de réformes, et lutter pour que la voie du peuple s'exprime dans les médias disponibles. Nous avons fait des propositions concrètes et pris des initiatives que nous avons affiché là où nous pouvons être. Cette fois, le peuple est saturé de leurs poussées de fièvre et les laisse bredouilles. L'intoxication avouée ou non consciente doit cesser et la parole revenir au peuple qui ne cherche qu'à passer à autre chose qui ouvre à la dignité et à la paix. Plutôt que de se préoccuper des premiers symptômes et des poussées de fièvre, ils avaient préféré par ambition et précipitation casser le thermomètre. L'huître démagogique des intermédiaires du RCD s'est heureusement fermée. Clôturons cette phase peu glorieuse d'amalgame et de mensonge. Il y a plus grave pour le peuple. La forme d'exercice anti-libérale, anti-rentière et anti-autoritaire de la politique d'émancipation reste à construire. La cellule de prospective que nous appelons et pour laquelle nous travaillons est de la première urgence ; elle existe sous des formes discrètes multiples à mettre en réseau. Espérons que le peu qui est là ne soit pas méprisé et mis sous le boisseau par la voie affichée de concurrence malsaine à la représentation à laquelle appartiennent sans discontinuer les faux opposants qui ne disent rien de concret depuis 1992, sauf de diviser et étouffer les Algériennes et les Algériens. Aucune des grandes actions qui ont garanti le rayonnement international de ce peuple ne peut être écrite avec cette hypocrisie. Aujourd'hui l'initiative de M. Mehri, soutenue par Aît Ahmed va dans ce sens. Elle peut et doit servir de base de discussion. Le soulèvement populaire dont nous parlons est manifestement sans parti, sans organisation hégémonique, sans dirigeant reconnu à cette date. Il n'a pas besoin d'Etat pour initier. Ce qu'il veut immédiatement, c'est : - la liberté sans réserve et sans exclusive de l'exercice plein de la politique, - La liberté de s'organiser sous toute forme et dans tout contexte culturel d'association - le démantèlement économique et institutionnel de tous les mécanismes de privilèges et de corruption. - la libre circulation notamment dans le Maghreb, Ce sont les conditions minimales du retour à la paix et à l'espoir. ------------------------------------------------------------------------ [1] [1] Voir dans algeria watch « L'Algérie en recherche de changement après un long silence par Ghazi Hidouci, 7 février 2011 Lectures: