C�est un entretien in�dit avec l�ancien pr�sident de la R�publique, Chadli Bendjedid, que le quotidien arabophone El-Khabar a publi� hier. Une occasion pour l�ancien chef d�Etat de rendre un hommage appuy� � son pr�d�cesseur, le pr�sident Houari Boumediene, qui �a servi son peuple au point d�oublier les siens et sa propre personne. Il �tait intelligent dans ses d�cisions�. Mais aussi de mettre le point sur les i en affirmant que �ceux qui m�accusent d�avoir effac� les traces de l��re Boumediene sont pr�cis�ment ceux qui ont le plus b�n�fici� de la situation�. Ch�rif Bennaceur - Alger Le Soir - Pour la premi�re fois, l�ancien pr�sident Chadli Bendjedid, qui a dirig� les r�nes du pays durant treize ans, de 1979 � 1992, s�exprime longuement. Une occasion pour lui de rendre un hommage appuy� � son pr�d�cesseur, en regrettant le fait que �plusieurs politiques soutiennent ce dernier lorsqu�il s�agit des points positifs de son mandat et le descendent d�s qu�il s�agit de parler des points n�gatifs de cette m�me p�riode�. Voire de consid�rer que �trois d�cennies apr�s sa mort, il est regrettable qu�on ne lui accorde pas tout l�int�r�t et la consid�ration qu�il m�rite, � part quelques rencontres circonstancielles qui ont lieu une fois l�an, � dessein politique�. Boumediene et la crise ALN-GPRA Dans cette interview, Chadli Bendjedid narre avec d�tails sa rencontre en 1960 avec Houari Boumediene, le r�le �minent de ce dernier en tant que chef de l��tat-major dans la r�glement des conflits tant internes � l�Arm�e de lib�ration nationale ALN, que ceux opposant des officiers au gouvernement provisoire, sa volont� de mettre un terme aux dissensions fratricides ainsi que sa contribution � la r�organisation et modernisation de la lutte arm�e. En mettant en relief �la politique intelligente � de Houari Boumediene, son �int�grit�, son d�vouement et son nationalisme� et ses actions d�unification de l�ALN et de mise en �uvre d�une strat�gie guerri�re globale et efficace. En affirmant que Houari Boumediene n�a pas utilis� l��tat-major de l�ALN comme cheval de Troie pour s�emparer du pouvoir, et en expliquant la nature du litige ALN- GPRA de plus en plus politis�, ainsi que leurs divergences quant � la conduite des n�gociations avec la France, Chadli Bendjedid a indiqu� qu�il partageait le point de vue de son pr�d�cesseur sur la n�cessit� de r�gler militairement la crise. Un homme strict et efficace Et de pr�senter un portrait �logieux de Houari Boumediene, en relevant sa sobri�t� et sa modestie, et en d�mentant sa r�putation de dirigeant autoritaire et totalitaire. Mais aussi, en affirmant qu�il y avait entre eux une relation de confiance et de respect mutuel et que Houari Boumediene n�avait jamais dout� de sa loyaut� et le pr�sentait comme son enfant g�t�. Pour Chadli Bendjedid, �la plupart des gens ont une fausse image de Boumediene. Il �tait repli� sur lui-m�me, r�serv� et timide. Il �tait peu bavard et �coutait plus qu�il ne parlait. De plus, il ne prenait pas de d�cisions avec empressement mais consultait son entourage. Il savait cependant se montrer strict et efficace lorsqu�il s�agissait de l�int�r�t du pays�. Tout en estimant que �apr�s sa mort, certains ont tent� d��luder leurs responsabilit�s dans la prise de d�cisions collectives, dont l��chec a �t� imput� � Boumediene. Je veux assurer que nous assumons tous les grandes d�cisions de l��re Boumediene, avec ses aspects positifs et n�gatifs�. Il �tait ouvert et tol�rant Evoquant la gouvernance de son pr�d�cesseur, Chadli Bendjedid a indiqu� que Houari Boumediene s�est int�ress� � l�arabisation, de mani�re concr�te sans renier l�ouverture aux autres langues et autres cultures mais sans discourir en langue fran�aise. L�ancien pr�sident avait �galement �une foi profonde, tol�rante, ouverte, r�fractaire � toute forme de fanatisme et d�extr�misme et de politisation. Il tenait � appliquer les principes de la charia (loi islamique), et � les adapter � l�option socialiste. Il ne faut pas perdre de vue qu�il avait �tudi� � El Azhar, et il consid�rait que l�Islam est la religion de la justice sociale et de l��galit� en droits et devoirs�. Continuant, l�h�te des colonnes d� El Khabar a estim� que �les circonstances de la mort du pr�sident Houari Boumediene ressemblent � celles de Yasser Arafat�. Boumediene voulait r�viser les grandes options Et de r�v�ler que Houari Boumediene avait l�intention de r�viser de mani�re radicale certaines grandes options prises en mati�re de politique agricole, la politique industrielle et les nationalisations, et qu�il montrait, lors de leurs rencontres �des marques d��puisement sur son visage, il ressentait certaines douleurs mais il ne s�en plaignait pas�. En indiquant qu��� son retour de Damas, apr�s la r�union du front de r�sistance et de d�fi, Boumediene n�apparaissait plus en public, ensuite, il a �t� transf�r� � Moscou pour y �tre soign�, mais sa maladie s�est aggrav�e, et apr�s son retour, il est mort le 27 d�cembre 1978. Abordant la succession, Chadli Bendjedid a indiqu� qu��avant sa mort, le pr�sident Houari Boumediene m�a d�sign� responsable des corps de s�curit�. Les querelles autour de sa succession avaient d�but� avant sa mort, mais je n�aspirais pas, personnellement, au poste de pr�sident�. Et d�ajouter : �J��voquerais tous ces d�tails un jour dans mes m�moires. Je me contente ici d�indiquer que le quatri�me congr�s du Front de lib�ration nationale m�a d�sign� secr�taire g�n�ral du parti, et candidat � la pr�sidence de la R�publique�. De quelle d�cennie noire parle-t-on ? Revenant sur sa gouvernance � lui, Chadli Bendjedid a affirm� que �tout ce que j�ai fait visait � tenter de r�former un syst�me arriv� � l�impasse. Mon intention �tait bonne et pure�. Voire, �ceux qui m�accusent d�avoir effac� les traces de l��re Boumediene sont pr�cis�ment ceux qui ont le plus b�n�fici� de la situation et qu�on appelle les barons du r�gime, ainsi qu�une minorit� de gauchistes qui ont voulu obtenir des privil�ges au prix de quelques marchandages, mais j�ai refus�, et lorsque j�ai entrepris les r�formes, on a dit que je voulais effacer les traces de Boumedi�ne�. A ce propos, l�h�te d� El Khabar a pr�cis� que �celui qui a cr�� l�expression d�cennie noire est un responsable qui a voulu s�accaparer une ville propri�t� de l�Etat et qu�il a refus� d��vacuer � l�issue de ses fonctions. Quand je l�ai menac� de la force publique, il a lanc� cette id�e de d�cennie noire et la presse l�a reprise �. Et de s�interroger : �De quelle d�cennie parlent-ils ? Ont-ils analys� objectivement l��poque Chadli ? Ont-ils �valu� les r�alisations dans le domaine de l��conomie ? Qui oserait dire aujourd�hui que l�instigateur du pluralisme politique, de l�ouverture du champ m�diatique et de la culture des droits de l�Homme est une autre personne que Chadli�. �Boumediene �tait intelligent dans ses d�cisions� Pour Chadli Bendjedid, �Boumediene �tait intelligent dans ses d�cisions et ferme dans ses positions. Il a peut-�tre commis des erreurs de gestion, mais il n�en �tait pas le seul comptable. Son unique souci �tait de lib�rer l�Alg�rie de la colonisation et la construction d�une Alg�rie qui jouisse de la justice sociale et de la prosp�rit�. Il r�vait d�une soci�t� affranchie de l�ignorance et de la d�pendance. Il a servi son peuple au point d�oublier les siens et sa propre personne. Je le vois toujours entour� d�un halo de lumi�re.