Actrice, com�dienne, sc�nariste..., Adila Bendimerad est de celles qui ne renoncent pas. Ni � l�Alg�rie, son pays de naissance, encore moins � sa passion pour l�art et le th��tre en particulier. Ses r�ves, elle les met en pratique sans attendre le d�clic, cet instant propice. Son destin, elle l��crit comme elle retranscrit la verve qui coule dans ses veines. Sa veine, c�est son talent � convaincre sans grande peine son public qui adh�re. Nous l�avons rencontr�e. Dans son univers, elle nous a offert l�occasion de partager ses projets. Des projets qui ne tarderont pas � se concr�tiser. Adila en est persuad�e. Il est vrai que la hargne et la pugnacit� qu�elle respire font face � chacune des difficult�s qui peuvent se dresser sur son chemin. Adila Bendimerad sait ce qu�elle veut : lancer le concept du printemps th��tral. Son lieu, elle le d�couvre comme on d�couvre une source d�eau, de vie. La culture n�a pas de fronti�res et Adila n�a pas eu besoin d�un laissez- passer pour placer Jean Cocteau dans notre contexte, dans notre quotidien. Sa pi�ce : le Bel Indiff�rent. Une histoire d�amour, du sentiments � fleur de peau. Un r�le inhabituel pour Adila qui a toujours pr�f�r� faire rire. Mais qu�� cela ne tienne ; du drame, des �clats de rire peuvent jaillir de partout. De la passion aussi� Une femme, une chanteuse de cabaret sur sc�ne s�acharne � garder son homme. L�homme qu�elle entretient, entretient une autre relation, une autre histoire� Un dialogue s�engage alors sur une sc�ne de vie, de m�nage. Un couple, l�intimit� d�une histoire qui �choit sur les �mois d�une femme et d�un homme indiff�rent, sourd. Sans voix, son corps, son geste expriment la teneur et l�aboutissement d�une relation humaine. Quant � Adila Bendimerad, elle esp�re pouvoir trouver assez de sponsors pour que le Bel Indiff�rent fasse son apparition � la Rotonde le 2 avril prochain. Sam H. [email protected] ADILA BENDIMERAD AU SOIR D�ALG�RIE "Comme un �cho dans le coeur des femmes" �Je suis � la Com�die de Paris. De ma loge, je vois le Moulin Rouge : �Voil� ! je la tiens la pi�ce de th��tre qui fait m�rir les jeunes actrices et qui fais vibrer le public des grandes villes !� Deux mois plus tard, � Alger, le metteur en sc�ne et auteur La�che Kamel me pr�sente la version alg�rienne� C�est une �vidence qui me gifle la face. C�est le troisi�me mill�naire et je suis � Alger ! Cette pi�ce des ann�es de guerre devient une pi�ce moderne, vivante, renouvel�e. Le cri d�amour de cette vedette des cabarets face � la beaut� assassine et � l�indiff�rence de l�amant monumental me semble, dans une gouaille bien alg�roise, me venir des tripes de la Bahdja, comme un �cho dans le c�ur de ses femmes.� Le Soir : Comment le Bel Indiff�rent s�est retrouv� � Alger ? Adila Bendimerad : L�id�e est n�e la premi�re fois o� j�arrive au th��tre des Associ�s � Paris. Avec mon professeur Jean- Jacques Devaux, j�ai une sc�ne comique, et l�, d�un coup, il m�offre ce r�le � travailler qui est celui de Jean Cocteau qui l�a �crit pour Edith Piaf. Donc une fille folle amoureuse qui donne sans rien attendre en retour. Je commence � jouer le texte, � travailler sur sc�ne. Ce qui se passe, c�est que j�abandonne parce que j�en veux � mon prof puisque je me suis mise � pleurer sur sc�ne. Je lui explique alors que je ne suis pas l� pour pleurer, je fais du th��tre pour me faire plaisir. �a ne m�amuse pas du tout. J�avais 20 ans, je trouvais que c��tait trop dur pour moi. Du coup, Jean- Jacques Devaux donne le r�le � une autre com�dienne. Je la vois jouer, et l� je trouve la pi�ce g�niale. �a m�est rest� en travers de la gorge parce que je n�ai pas �t� jusqu�au bout. J�ai compris que mon prof m�avait fait confiance, qu�il voulait me voir jouer cette pi�ce. Cela dit, il est devenu plus tard mon metteur en sc�ne puisqu�il m�a cherch� une autre pi�ce � jouer. Il a continu� � me suivre. Apr�s, tous mes spectacles �taient de la com�die, du comique, de l�humour, du caf�-th��tre avec un public qui intervient, moi qui devais improviser pour faire rire tout le monde. Donc je suis tomb�e dans un th��tre hypercomique alors que j�ai une formation litt�raire tr�s s�rieuse. Vous pensez que la pi�ce s�adaptera au public alg�rois ? Justement, il y a effectivement des pi�ces qui ne pourraient pas s�adapter mais en m�me temps je me dis que �a sert � rien de dire �a parce que partout dans le monde, on va chercher des pi�ces qui ont une universalit� que l�on adapte � ce pays-l�. Mais qui arrive � toucher tout les publics. Ca circule. On a aussi des livres par exemple comme les Mille et Une Nuits qui sont non seulement d�une autre �poque mais d�une autre culture, mais qui sont tr�s bien lus dans le monde entier. Je crois en l�universalit�. Je pense qu�il ne faut pas que je m�arr�te sur �a. Et puis l�, il s�agit d�une pi�ce �crite pour Edith Piaf dans les ann�es 1940. C�est tr�s populaire, un langage de rue donc c�est pas un truc superintello. J�ai lu la version alg�rienne que le metteur en sc�ne Kamel La�che est en train d��crire, c�est vraiment un parl� de chez nous, c�est tr�s pop. On a le sentiment que �a se passe maintenant. On doit simplement moderniser certains d�tails de la pi�ce originale. Est-ce que c�est l�histoire d�Edith Piaf avec Marcel Cerdan qui va se jouer ? Non. Rien � voir. Le personnage f�minin dans la pi�ce n�est pas nomm� Edith Piaf. C�est un personnage fictif, une chanteuse de cabaret. M�me si Jean Cocteau s�est inspir� de la vie de Piaf. C�est vrai que c��tait une boule d�amour. En tant qu�actrice, femme aussi, j�ai envie de jouer du drame. Je crois que pour moi, � cette p�riode, en tant qu�actrice, il est important d�interpr�ter un r�le comme celui-l�. J�ai envie de tenter l�exp�rience amoureuse sur sc�ne. Ca co�ncide avec ma vie � moi, �a tombe tr�s bien. O� va se jouer Le Bel Indiff�rent ? En me baladant � Alger, il y a un mois je concr�tise l�id�e dans ma t�te et il y a un an que l�id�e me trotte dans la t�te. Je me dis je vais jouer , au Montmartre, Galabru en septembre d�ici l� je ne monte pas sur sc�ne. Je veux y remonter � Alger et avec le Bel Indiff�rent. Je suis convaincu que le Bel Indiff�rent s�est un peu essouffl� � Paris et qu�� Alger, il rena�trait vraiment. Il reprendra vie. Il parlera au public. C�est d�actualit�, m�me � Paris on devrait le remettre en sc�ne. Je me dis : je fais �a toute de suite. J�appelle mon metteur en sc�ne et je lui demande une adaptation. Lui s�interroge : on va jouer o�, qui, comment ? J�insiste, il me r�pond qu�au pire je jouerais deux jours au Th��tre national, trois jours au Mouggar�. L� je me mets � tourner en ville, je d�couvre m�me une petite salle en face de la wilaya. Une salle o� il n�y avait pas de sc�ne, un match de foot �tait projet�, �a fumait� L� je me dis �a va �tre compliqu�. Je ne jouerai pas dans ces conditions. J�attendrai septembre. Je me suis dit qu�il �tait hors de question de laisser tomber quitte � jouer dans une khe�ma. Comment s�est fait le choix du th��tre ? En tournant � Alger avec mon d�corateur, je pense aux Bois-des-Arcades. C�est calme et c�est assez joli. On a vu la Rotonde, on s�est dit c�est ici. On a mesur� sur place, il m�a dit que �a nous ferait une capacit� de 100 � 150 places mais l� avec l�architecte, on est arriv� � 130 places. C�est petit, c�est caf�- th��tre. Le lendemain, j�ai contact� la direction de l�Office Riad el Feth. Ravi, on m�a m�me propos� de le faire tout de suite. Sachant que nous n�avions pas les moyens de construire le th��tre, monter le chapiteau. Propos recueillis par Sam H. [email protected]