Les r�sultats du 1er tour des �lections r�gionales en France n�ont pas d�menti les sondages sur au moins deux points : l�abstention a atteint un record � plus de la moiti� des 44 millions d��lecteurs inscrits ne sont pas all�s voter � et le retour annonc� de la gauche est bien l� avec un parti socialiste � 29,8 %, et � 53 % avec l�ensemble de la gauche. Ce qui, par contre, avait �chapp� aux instituts de sondage, c�est incontestablement le retour du Front national (FN) avec 11,5 % des suffrages exprim�s, score nettement plus �lev� que ne le pr�voyait le FN lui-m�me. Faut-il s��tonner du r�sultat de l�extr�me droite, lorsque le pouvoir Sarkozy a envoy� Besson servir la soupe � Le Pen avec le d�bat sur l�identit� nationale et tout le vomi qui s�en est suivi sur les immigr�s et autres Alg�riens qui �envahissent la France� ? De notre bureau de Paris, Khadidja Baba Ahmed M�me si la droite refuse de l�admettre, un premier tour des �lections avec un faible score de l�UPM (26, 15 %) alors que ce parti a pr�sent� des listes uniques et qu�il n�a donc plus de voix de r�serves pour le 2e tour, les �lecteurs fran�ais ont, manifestement, sanctionn� la politique men�e par Sarkozy et exprim�, globalement, leur adh�sion � la gestion pr�sente des r�gions assur�e par les socialistes dans 20 d�entre elles, sur un total de 22. La majorit� de droite, � sa t�te le pr�sident Sarkozy, a re�u un v�ritable camouflet. Sur les huit ministres que le Pr�sident a envoy�s au front pour ces r�gionales, aucun ne semble pouvoir l�emporter au 2e tour et, d�ores et d�j�, quatre d�entre eux se trouvent class�s bien derri�re le candidat socialiste. La droite au pouvoir veut croire que ses r�serves de voix sont dans celles qui se sont abstenues de voter. �Rien n�est jou�, a dit, dimanche soir, le Premier ministre, Fran�ois Fillon. Et son ministre du Budget, Eric Woerth, d�clarait, dans la foul�e :�Il n�y a aucune raison de s�inqui�ter pour le second tour.� L�inqui�tude est pourtant l�, malgr� les d�clarations pour faire bonne figure. D�s hier, en effet, tous les t�nors de l�UMP se sont succ�d� pour mobiliser davantage et appeler les �lecteurs de Europe-Ecologie (12,5 % des suffrages) mais aussi ceux du Front national (11,5 %) � donner leurs voix aux candidats de la majorit�. Aux premiers, le discours a consist� � leur rappeler �l�engagement sans faille� du pr�sident Sarkozy en France, en Europe et dans le monde contre le r�chauffement climatique. Et en direction des seconds, ils insistent sur la �n�cessaire mobilisation g�n�rale de l�Etat et des r�gions pour combattre toutes les formes de d�linquance�. Que ne ferait la droite pour rogner encore sur les voix de l�extr�me droite ! Et l�on s�attend, au cours de cette semaine qui nous s�pare du 2e tour, � un discours encore plus muscl� � et Dieu sait qu�il l�a pas mal �t� ces derniers temps � sur �les lois plus s�v�res contre l�immigration, contre la d�linquance venue des Arabes, des Noirs, des musulmans qui perturbent la blancheur des murs de l�Hexagone. Et le 2e tour qui se d�roulera dimanche prochain ne changera, probablement, pas en profondeur la donne livr�e par le 1er tour. La gauche devrait se maintenir dans les 22 r�gions qu�elle dirige (sur un total de 24 r�gions et 26 avec les DOM -TOM ) et peut-�tre gagnera-t-elle, en plus, la r�gion de Corse jusqu�ici aux mains de la droite (avec l�Alsace qui vote traditionnellement � droite et o� le FN est bien pr�sent). La Corse, o� le pr�sident de la R�publique, en perte de vitesse, s�est rendu le 2 f�vrier dernier, en pleine campagne �lectorale, pour annoncer aux �lecteurs de l�Ile-de-Beaut� que le gazoduc Galsi (gazoduc devant relier l�Alg�rie � l�Italie en liaison sous-marine) va passer par la Corse et alimenter en gaz alg�rien les nouvelles centrales thermiques de l�Ile. Cette annonce, pour le moins surprenante, Galsi �tant pr�vu initialement sur la ligne Hassi-Messaoud - Sardaigne, sans d�tour par la Corse, suffira-t-elle � maintenir la r�gion de Corse � droite ? Nous le saurons dimanche. L�autre �chec, celui-ci cuisant, est sans conteste celui du MoDem. Le parti du centre de Fran�ois Bayrou qui n�enregistre que 4 % des voix. Bayrou, qui devra changer de strat�gie s�il veut continuer � faire de la politique, disent ses militants, a d�clar�, dimanche : �C�est un mauvais jour pour nous� Il faut continuer le combat pour un autre projet de soci�t�, d�autres valeurs.� Avec les r�sultats du 1er tour, la gauche, avec le score du PS (pr�s de 30 %), celui d�Europe Ecologie (12,5 %) et du Front de gauche (6 %), signe une victoire importante qu�il faudra, dit Martine Aubry, �amplifier au 2e tour pour faire gagner l�espoir�. Ce n�est pas jou�, il faudra, pour ce faire, que les n�gociations engag�es depuis hier soir avec tous les partenaires du PS et notamment avec Europe Ecologie, qui devient par ce scrutin la 2e force � gauche apr�s le PS, aboutissent. A �couter les d�clarations des leaders de gauche � l�issue du 1er tour de dimanche, tout laisse croire que la gauche est d�cid�e, co�te que co�te, � battre la droite et l�extr�me droite et � arriver � des accords au 2e tour en proportionnalit� des r�sultats du 1er tour. M�me le pr�sident du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, qui enregistre tr�s peu de suffrages et s��tait nettement d�marqu� du PS, appelle ses �lecteurs � �sanctionner la droite, une n�cessit� absolue, m�me si nous pensons que les futures majorit�s de gauche ne seront pas plus un rempart contre la politique de Sarkozy qu�elles ne l��taient ces derni�res ann�es�. Il faut juste esp�rer que tous les leaders de gauche, dans leurs strat�gies pour le 2e tour, n�oublient pas que le Front national est pr�sent au 2e tour dans 12 r�gions sur les 22. Ce retour du parti d�extr�me droite est le r�sultat, bien s�r, du discours raciste v�hicul� depuis l�arriv�e de la droite au pouvoir, qui chasse dans les terres du FN. Mais il l�est aussi dans les tergiversations et l�absence de voix socialistes fermes pour contrer ce discours.