Production prévisionnelle de plus de 1,8 million de litres d'huile d'olive    L'importance de la numérisation du domaine notarial soulignée    Les impacts des tensions géostratégiques au Moyen-Orient Iran/Israël et les facteurs déterminants du cours des hydrocarbures    Plus de 1.4 million de personnes déplacées    Prison ferme pour un homme qui avait menacé d'incendier des mosquées    «L'Occident cherche l'escalade» selon Sergueï Lavrov    US Biskra : Séparation à l'amiable avec l'entraîneur Zeghdoud    Le MCA goûte sa première défaite, le CSC en tête    Ligue 2 amateur (Centre-Ouest) : Chaude empoignade entre El Biar et Kouba    Importante caravane de solidarité en faveur des enfants nécessiteux et des personnes âgées    Réhabilitation du réseau d'éclairage public à la cité    1 kg de kif traité saisi, 01 suspect arrêté    Action en justice contre Kamel Daoud    La 4e édition du 25 au 29 novembre à Alger    Plus de 4 millions de visiteurs    Ligue 1 Mobilis: le MCO rate le coche face à l'USMK (0-0)    Réunion OPEP-Russie : l'importance de la stabilité des marchés pétroliers et énergétiques soulignée    CPI : les mandats d'arrêt à l'encontre des responsables sionistes sont "contraignants"    CAN-2025 U20 (Zone UNAF) 4e journée (Tunisie-Algérie) : victoire impérative pour les "Verts"    Sansal, le pantin du révisionnisme anti-algérien    Jeux Africains militaires–2024 : l'équipe nationale algérienne en finale    Ghaza : 25 Palestiniens tombés en martyrs dans des frappes de l'armée sioniste    Startups : Les mécanismes de financement devraient être diversifiés    Organisation du 20e Salon international des Travaux publics du 24 au 27 novembre    La Révolution du 1er novembre, un long processus de luttes et de sacrifices    70e anniversaire du déclenchement de la Révolution : la générale du spectacle "Tahaggart ... l'Epopée des sables" présentée à Alger    Nécessité de renforcer la coopération entre les Etats membres et d'intensifier le soutien pour atteindre les objectifs    Accidents de la circulation en zones urbaines: 11 morts et 418 blessés en une semaine    Le Conseil de la nation prend part à Montréal à la 70e session de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN    Le ministre de la Santé met en avant les progrès accomplis par l'Algérie dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens    Le Général d'Armée Chanegriha préside la cérémonie d'installation officielle du Commandant de la 3ème Région militaire    Khenchela: 175 foyers de la commune d'El Mahmal raccordés au réseau du gaz naturel    Palestine: des dizaines de colons sionistes prennent d'assaut l'esplanade de la mosquée Al-Aqsa    Les ministres nommés ont pris leurs fonctions    «Dynamiser les investissements pour un développement global»    Le point de départ d'une nouvelle étape    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



SID-AHMED GHOZALI AU SOIR D'ALG�RIE
Histoire des nationalisations, politique p�troli�re et bonne gouvernance - 13e partie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 03 - 2008

�Le pr�sident Mitterrand donnait l�impression de revisiter sans cesse son ancienne relation avec l�Alg�rie coloniale qu�il semblait vivre plut�t mal avec le temps.�
Entretien r�alis� par Mohamed Chafik Mesbah
Mohamed Chafik Mesbah : Justement, je vous invite � revenir sur votre passage � la t�te de la diplomatie alg�rienne et de vous attarder sur des personnalit�s que vous avez eu � rencontrer alors...
Sid-Ahmed Ghozali : Mes navettes diplomatiques m�ont conduit � plusieurs reprises aupr�s d�un certain nombre de chefs d��tat, dont les plus fr�quemment rencontr�s, en mes qualit�s de ministre des Affaires �trang�res ou de missionnaire du pr�sident Chadli Bendjedid, furent, je cite les noms dans l�ordre o� ils me viennent � l�esprit, Fahd Ibn Abdelaziz, Hussein de Jordanie, Hafedh El Assad, Hassan II, Fran�ois Mitterrand, Juan Carlos, Giulio Andreotti d�Italie, Yasser Arafat, Nelson Mandela, Hosni Moubarak, Ma�mmar El Kadhafi, Zine El Abidine Benali de Tunisie, Saddam Hussein, Baudouin. La fr�quence des rencontres aidant, il est arriv� que l�entretien f�t une place � une communication o� la personne perce la carapace du chef d��tat. On dit dans ces cas que le courant passe. Ce fut le cas avec bon nombre d�entre eux. Il s�imprime alors dans la m�moire des impressions marquantes, souvent enrichissantes et d�autant plus vivaces qu�elles se rapportent � des probl�matiques pass�es mais qui demeurent toutes d�une br�lante actualit�. Cela va de l�impression de bonhomie bourr�e de bon sens ramen�e du Caire, � la perception d�une sensibilit� aigu� et de grande culture chez Fran�ois Mitterrand, cet homme politique assur�ment exceptionnel, en fin de mandat et en plein questionnement avec lui-m�me sur sa relation pass�e avec l�Alg�rie, en passant par la roublardise bon enfant m�l�e de spontan�it� parfois visionnaire de notre fr�re libyen quand il ne cessait de nous mettre en garde sur les cons�quences de notre l�galisation des partis religieux. Hosni Moubarek inspirait le sentiment d�un homme bon et modeste, ce qui ne donnait que plus de saveur � certaines de ses r�parties frapp�es du sceau de la candeur populaire. Lors d�un d�ner intime avec ses homologues alg�rien et libyen, au Caire, d�ner o� j�ai �t� associ� en m�me temps que mon homologue Ismat Abdelmadjid, le Qa�d part dans une tirade fustigeant les Arabes qui placent leur argent dans les banques occidentales ; c��tait au lendemain du Sommet arabe du 9 ao�t 1990, le pr�sident Hosni Moubarek marmonna entre deux gorg�es de potage �Et toi tu mets ton argent o� ?� Tel un enfant pris en d�faut, le Qa�d ne pipa mot. Sur notre retour le 12 ao�t 1990 du sommet du Caire, nous avions fait une escale d�une nuit � Tripoli. Alors que nous conversions de la crise du Golfe et de l�UMA, il me voulait alors comme secr�taire g�n�ral de l�Union, le �Qa�d� se tournant ostensiblement vers moi me fit l�observation suivante : �J�ai des fois l�impression que vous les Alg�riens vous nourrissez plus d�affinit�s avec les Europ�ens qu�avec les Arabes.� J�ai compris qu�en lan�ant cette pique il s�attendait � une d�n�gation de ma part ou � une protestation de principe ; je lui r�pondis, sous le regard amus� du pr�sident : �Mais votre impression n�est pas si �loign�e du tout de la v�rit� comme vous paraissez le penser fr�re Qa�d ! D�ailleurs, ne l��tes-vous pas autant que nous puisque nous sommes avant tout des M�diterran�ens ? Et puis, que nous reste-t-il de commun avec des pays arabes qui envahissent violemment leurs voisins ? Avec d�autres Arabes qui en appellent � la rescousse des troupes �trang�res pour matraquer un autre pays arabe ?� J�ai fait partie de la d�l�gation alg�rienne qui �tait au si�ge de l�OPEC � Vienne lors de l�assaut donn� par le groupe de Carlos le 20 d�cembre 1975. Zaki Yamani, le ministre saoudien qui avait �t� d�sign� avec l�Iranien Jamshid Amouzegar et leurs adjoints directs parmi les premi�res personnes qui seraient immol�es, s�il n��tait pas fait r�ponse aux exigences du commando, a indiqu� que l�op�ration avait �t� commandit�e de Libye. Estce parce que l�occasion idoine ne s�est jamais pr�sent�e ou est-ce parce que je n�aurais pas su la saisir ? Le fait est que je ne suis jamais all� � ce jour jusqu�au bout de la promesse que je m��tais faite d��voquer la question avec le Qa�d. Peut-�tre y parviendrai-je un jour, qui sait ? Il y a eu aussi la forte douleur que je ramenais de mes entretiens avec Saddam Hussein, devant l�immense g�chis que les calamiteuses d�cisions d�un seul homme peuvent causer � des centaines de millions d�humains ; un g�chis qui donne la mesure de l�extr�me fragilit� des hommes pr�tendus forts parce qu�ils dirigent de la mani�re forte et brutale, de l�extr�me vuln�rabilit� d�un syst�me politique bloqu� qui ne laisse aucune place � la contradiction et se met, de ce seul fait et de lui-m�me, dans une situation de totale ins�curit� ; un syst�me qui, de par sa nature m�me, se pr�te � marcher, durant des ann�es, voire des d�cennies dans toutes les manipulations ext�rieures qui sont faites pour le perdre. A l�autre extr�me, le sentiment d��tre en pr�sence d�une incarnation de la force des institutions et de leur r�le capital dans la vie d�une nation. Le r�confort que procurent la vision r�volutionnaire authentique et la force morale r�unies dans le chef d�un m�me homme politique africain, Nelson Mandela.
Pouvez-vous �voquer, plus particuli�rement, le souvenir du pr�sident Fran�ois Mitterrand, dans son profil personnel et dans ses rapports avec l�Alg�rie ?
J�ai connu Fran�ois Mitterrand en trois temps diff�rents. Au milieu des ann�es 1970 � la faveur des rencontres au sommet FLN-PS. C��tait par Lionel Jospin qui, l�accompagnant dans un ou deux s�jours alg�rois en sa qualit� de secr�taire national aux relations ext�rieures du PS, en profitait pour passer � la maison un moment en famille ; car il existait d�j� une amiti� personnelle qui s��tait �tablie depuis 1958 par un concours de circonstances fortuites : nous avions �tudi� durant trois ann�es dans la m�me rue des Saintsp�res, de part et d�autre du boulevard Saint- Germain, l�un � l��cole nationale d�administration et l�autre � 200 m de l� � l��cole des ponts et chauss�es. Nous logions dans la m�me cit� universitaire dans deux b�timents communicants ; last but not least, il y avait notre militantisme pour la cause alg�rienne, chacun dans son propre cadre national, l�un au sein de l�Union des �tudiants de France, l�Unef, et de l�Union de la gauche, l�autre dans l�organisation clandestine du FLN. Mes contacts avec Fran�ois Mitterrand �taient donc plut�t priv�s, sporadiques et impersonnels, comme c��tait le cas � Paris lors de colloques sur les relations Nord-Sud ou sur la M�diterran�e. Il y a eu aussi, en novembre1974, ce d�ner � la r�sidence de notre ambassadeur en France, il �tait en compagnie de Pierre Mend�s France, j��tais aux c�t�s de Bela�d Abdesselam en mission officielle � Paris. Sept mois plus t�t il avait �t� battu d�un nombre de voix �gal � celui des Comores par Val�ry Giscard D�estaing aux pr�sidentielles de succession � Georges Pompidou. Il nous avait expliqu� comment les deux candidats �taient convenus de refaire les �lections dans le cas o� la diff�rence des votes ne d�passerait pas le nombre des voix des Comores, parce qu�ils s��taient rendu compte que le chef des Comores les avait promises � chacun d�eux. Val�ry Giscard D�estaing les ayant emport�es en fin de compte aurait ainsi oubli� ses engagements. Dans un deuxi�me temps, ce sont mes charges aux Finances et aux Affaires �trang�res qui me conduisaient � l��lys�e, des fois seul, tant�t en compagnie de mes coll�gues saoudien et marocain, tant�t dans la suite du pr�sident Chadli Bendjedid. C��tait pour le traitement des contentieux financiers alg�ro-fran�ais qui s��taient accumul�s durant la d�cennie 1980, ou lors des laborieux processus euro-arabe, euromaghr�bin, France-Afrique ou dans le cadre des efforts parall�les alg�riens et fran�ais, dans les affaires libanaise ou irako-koweitienne.
Vous avez eu � l�approcher, plus souvent, en qualit� d�ambassadeur � Paris�
C�est en ambassadeur d�Alg�rie, en effet, que je l�ai approch� le plus et le plus fr�quemment. C��tait une p�riode particuli�re pour lui comme pour moi, car il �tait � moins de trois ann�es de la fin de son mandat et sa maladie avait progress�. Ce sont des moments de v�rit� pour tout �tre humain. Son premier mot pour moi quand je lui pr�sentais mes lettres de cr�ances en d�but d�cembre de 1992 en la pr�sence de Roland Dumas fut : �Je veux d�abord dissiper un malentendu entre nous : non seulement je ne vous ai pas critiqu� mais je consid�re au contraire que ce que vous avez fait �tait tr�s courageux. � Il se r�f�rait � sa d�claration du lendemain de la d�mission de Chadli Bendjedid et de l�interruption du processus �lectoral. �Il faut que le processus d�mocratique reprenne le plus t�t possible.� Invit� par un journaliste fran�ais � commenter ladite d�claration, j�avais r�pondu : �Inacceptable. � A la fin de la c�r�monie protocolaire, il me dit son souhait de m�inviter � d�jeuner au Palais de l��lys�e une fois tous les trois mois. �Chose que je ne fais qu�avec trois autres ambassadeurs, l�Anglais, l�Allemand et le Sovi�tique� Je compte sur vous pour me le rappeler s�il advient que je n�en prenne pas l�initiative. � La premi�re de ce type de rencontres eut lieu apr�s la premi�re quinzaine de janvier 1993. Il aimait � prolonger la conversation au moment du caf�. Ces momentsl�, je croyais entendre l��tre humain se parler � lui-m�me, ou le Fran�ais qui se confiait � l�Alg�rien, plus souvent que je n�entendais le propos du chef d��tat face � l�ambassadeur. L�homme donnait l�impression de revisiter sans cesse une ancienne relation avec l�Alg�rie coloniale qu�il semblait vivre plut�t mal avec le temps, pendant que le Fran�ais semblait chercher les occasions pour se montrer solidaire de l�Alg�rien en difficult�. Quant au chef d��tat, �tait-il en qu�te d�un quelque chose que l�histoire substituerait enfin � l�obs�dante d�claration de Batna : �La seule n�gociation c�est la guerre� ?
Vous avez �voqu� le poids de l�histoire dans les relations entre les deux pays, l�Alg�rie et la France...
Un jour, c��tait en hiver et nous �tions assis au coin chemin�e, nous �voquions l�histoire de la colonisation fran�aise en Alg�rie, lorsqu�il m�interrompit par une surprenante question : �Combien y a-t-il eu de morts durant la guerre d�ind�pendance ?� �Les chiffres officiels diff�rent �videmment, r�pondis-je, pour nous un million et demi, pour vous cinq ou six cent mille. Si la v�rit� �tait seulement entre les deux, cela ferait quand m�me un Alg�rien sur neuf� c�est comme si la France avait perdu sept � huit millions de ses habitants en sept ans. � Il a hoch� doucement la t�te, s�est tu pendant une trentaine de secondes puis tendant sa main vers Roland Dumas, il me dit : �Vous voyez la personne qui est � c�t� de vous, son p�re a �t� ex�cut� par les Allemands. Aujourd�hui, il est en train de travailler � l�amiti� franco-allemande.� De mon c�t�, je lui livrais mon exp�rience des relations alg�ro-fran�aises, sans pr�caution protocolaire particuli�re et souvent � contre-courant des clich�s dominants en France. Si on peut charger �galement les classes politiques des deux c�t�s sur l�absence de vision, c�est en Alg�rie que l�opinion publique a �t� la plus m�ture d�s l�ind�pendance. Comme s�il avait la g�opolitique dans la t�te, le peuple alg�rien est pour des relations importantes avec l�Europe, notre voisin, notamment la France. Il a toujours s�par� la probl�matique des m�faits de la colonisation pass�e de celle des int�r�ts objectifs pr�sents et futurs. D�j� en pleine p�riode coloniale, les Alg�riens, qui ont le plus souffert et ceux qui ont les premiers combattu le colonialisme, ont �t� les premiers � faire le distinguo entre le peuple fran�ais et le syst�me colonial d��tat. Mon intime conviction est que l�attachement � la pr�servation de la m�moire est, dans l�esprit et dans le c�ur des Alg�riens, totalement exempt d�un quelconque sentiment de revanche ou d�une volont� de culpabilisation d�humiliation en bloc d�un peuple, ni dans le fond ni dans la forme. Les Alg�riens, les plus attach�s � une relation exemplaire avec la France, savent bien � juste titre qu�une telle relation repose sur une reconnaissance solennelle objective que la colonisation de l�Alg�rie est pass�e par des entreprises de pillage et de massacres syst�matiques de la part d�un syst�me colonisateur d��tat. Les successeurs de Charles de Gaulle ont entretenu un contentieux psychologique personnel avec l�Alg�rie, le cas le plus �vident �tant celui de Val�ry Giscard D�estaing. Les cadres du PS, � commencer par ceux qui sont venus � la politique par la voie du soutien � l�ind�pendance, demeurent, eux aussi, frapp�s par un syndrome d�un autre genre, celui d�une Alg�rie ind�pendante qui avait le tort de ne pas ressembler assez � celle de fantasmes paternalistes refoul�s � ce jour.
Vous aimez � citer, � cet �gard, l�exemple d�sint�ress� du professeur Andr� Mandouze�
Oui, car il ne cessait de r�p�ter � ceux qui r�vaient : �Tu ne convoiteras point la r�volution des autres.� C��tait un intellectuel fran�ais hors normes, fondateur du journal le T�moignage chr�tien, il fut aussi un Alg�rien de c�ur et de combat. Il a incarn� l�intellectuel chr�tien impliqu� dans tous les combats en faveur des causes justes. Jeune agr�g� de latin et r�sistant fran�ais, puis professeur � la facult� d�Alger � la fin de l�occupation nazie en France, il a soutenu activement le mouvement national et la cause de l�ind�pendance alg�rienne au p�ril de sa vie. Il a essuy� sans jamais faillir les menaces et agressions incessantes de la part des fascistes d�Alger, la pers�cution exerc�e � son encontre par l�administration d�un pays pourtant cens� �ne pas emprisonner Voltaire�. C�est au cours de son s�jour � la prison de Fresnes qu�Andr� Mandouze, qui �tait � l��poque pour les jeunes de ma g�n�ration une figure embl�matique des luttes en faveur des libert�s, tissa les premiers liens personnels avec d�autres cod�tenus alg�riens, notamment cinq chefs historiques de la R�volution : Boudiaf, Ben Bella, Khider, Bitat et A�t Ahmed. Il a �t� le premier directeur de l�Enseignement sup�rieur de l�Alg�rie ind�pendante et a quitt� l�Alg�rie en 1965. Il y revint en 1992 revoir Mohamed Boudiaf. Il a partag� avec nous le retour de ce dernier avec la m�me ferveur que la n�tre. Sa passion pour l�Alg�rie �tait rest�e intacte, parce qu�il l�a v�cue pleinement, lucidement, en pleine conformit� avec le principe qu�il a superbement �nonc� : �Tu ne convoiteras point la r�volution d�autrui.� Il n�a manqu� � aucun moment au peuple alg�rien, car son c�ur battait � l�unisson du n�tre, aux moments de tous les dangers comme � la lueur des grands espoirs. Son d�sir le plus ardent �tait que �les Alg�riens se r�approprient saint Augustin� dont il fut un grand sp�cialiste. Il n�avait cess� de marteler cette invite devant l�auditoire que j�avais r�uni pour l��couter au Palais de la culture. L�observation pr�liminaire � son expos� �tait : �L��uvre de saint Augustin s��value � 250 tomes : il �tait excessif� comme tous les Alg�riens. � En v�rit�, durant plus de cinquante ans de sa vie, c'est-�-dire jusqu�� ses derniers jours, Andr� Mandouze n�a jamais quitt� l�Alg�rie ni dans sa t�te ni dans son c�ur. Le jour viendra-t-il o� nos programmes scolaires et universitaires incluront l�enseignement de la vie, de l��uvre et des actions de cet homme qui fait partie int�grante de notre histoire ? Dieu, qui comme l�affirmait p�remptoirement Albert Einstein �ne d�cide pas � coups de d�s�, a d� sans doute vouloir combler Andr� Mandouze en choisissant de le rappeler � lui en mai 2006 � Porto Vecchio, c'est-�-dire au milieu de la M�diterran�e, � mi-chemin entre Marseille et Annaba.
Finalement, Fran�ois Mitterrand s�est-il d�li�, � la fin de sa vie, de son rapport conflictuel � l�Alg�rie ?
Pour l�avoir approch� � des moments o� il faisait sa mutation dans maints secteurs, politiques et spirituels, je crois, pour ma part, que Fran�ois Mitterrand a profond�ment �volu� avec le temps. Cela n�est pas l�avis de Claude Cheysson qui est all� jusqu�� d�clarer � LCI, le jour de la disparition de Fran�ois Mitterrand, que �l�ind�pendance de l�Alg�rie lui est rest�e dans le gosier�. Je pense que Claude Cheysson, dont nul ne peut d�nier la sinc�rit� et l�amiti� envers l�Alg�rie, parlait du dernier Fran�ois Mitterrand qui est demeur� dans sa m�moire, celui de 1985 date de son d�part du Quai d�Orsay pour Bruxelles. Durant la p�riode 1989-1994, j�ai enregistr� plusieurs des gestes et d�marches de la personne et du chef d��tat qui t�moignaient d�une �vidente �vacuation de relents pass�s. Il a fait beaucoup pour �tre aux c�t�s de l�Alg�rie en difficult� financi�re. Il s�est investi personnellement et fortement dans ce domaine. Notamment en juin 1991, quand j�avais demand� � la Communaut� europ�enne de l��poque un pr�t d�aide � la balance des paiements d�un milliard de dollars am�ricains. Bien que l�Alg�rie ne f�t pas statutairement �ligible � ce type d�intervention � le seul pr�c�dent �tait un pr�t similaire accord� � un �tat europ�en, la Hongrie �, le Conseil des chefs d��tat et de gouvernement de la CE r�pondit dans des d�lais exceptionnellement rapides de quelques mois, gr�ce � la forte implication de Fran�ois Mitterrand, relay� amicalement et aussi fortement par Jacques Delors, pr�sident de la Commission europ�enne, et Pierre Beregovoy, ministre de l��conomie. Sur le plan personnel, je voudrais souligner combien Fran�ois Mitterrand s�est montr� fraternel � mon �gard. J�ai re�u la notification de ma r�vocation de l�ambassade un 12 novembre. Le 20 novembre j�ai trouv� dans le garage de la r�sidence les valises de mon successeur. Le HCE m�avait donn� un pr�avis de huit jours pour que je n�aie m�me pas la possibilit� de demander � faire mes adieux aux autorit�s fran�aises. La goujaterie n�a pas �chapp� au pr�sident fran�ais, qui m�a fait appeler par Vedrine qui me dit : �Le pr�sident tient � vous recevoir pour la visite d�adieux. � Pour me marquer une amiti� et un respect � un moment o� mes propres mandants s�appliquaient � m�humilier, le pr�sident fran�ais est pass� outre les exigences de son protocole d��tat. C��tait cela aussi l�homme d��tat Fran�ois Mitterrand.
Pouvez-vous �voquer le r�le, aussi minime f�t-il, de l�Alg�rie lors de la crise du Golfe ?
La p�riode de la crise du Golfe a �t� la plus frustrante de ma vie publique, la plus dure. Je l�ai v�cue de mani�re plus �prouvante m�me que mon passage � la t�te du gouvernement, passage dont les conditions ne sont pourtant pas r�put�es avoir �t� faciles. Mes d�placements � Baghdad �taient pour tenter de convaincre Saddam Hussein de retirer ses troupes du Kowe�t, de l�alerter sur les cons�quences incalculables, pour lui et pour nous tous, d�un prolongement ind�fini de l�occupation. Nous nous connaissions d�j� depuis 1974, ce qui m�autorisait � lui parler sans restriction particuli�re. Ses interventions me donnaient l�impression d�un entretien surr�aliste. Je lui disais : �Monsieur le Pr�sident, il n�est pas besoin d�expertise militaire pour savoir que vous allez avoir affaire � un pays, qui, � la veille d�entrer en guerre en 1942 contre l�Allemagne et le Japon, s�est mis � fabriquer des milliers et des milliers d�avions militaires par an, pendant que le pays de Staline de son c�t� fabriquait cent quarante mille chars par an. Or, tout � l�heure en d�barquant � l�a�roport de Baghdad, j�ai not� dix a�ronefs en stationnement, dont on m�a dit qu�ils �taient en panne par manque de pi�ces de rechange�� �En cas de guerre, ce sera l�ordinateur am�ricain contre l�ordinateur irakien et l�Irak sera d�truit en moins de temps qu�il ne faut pour le dire. � Je tiens de Tarek Aziz la narration de la promesse que fit James Baker � la d�l�gation irakienne, lors de la rencontre de la derni�re chance d�but d�cembre 1990 � Gen�ve : �Nous vous remettrons � l��ge de pierre. � Je n�ai jamais rel�ch� nos efforts en vue d��viter l�intervention militaire : du d�but de l�invasion jusque et y compris la derni�re tentative de paix effectu�e par le pr�sident Chadli Bendjedid. Je l�avais alors accompagn� dans une grande tourn�e de sensibilisation aux principales capitales du Moyen-Orient et de l�Europe occidentale, en d�cembre 1990, c'est-�-dire jusqu�� la veille de la guerre. Et ce, malgr� l�agacement, voire l�hostilit� que nous valaient ces efforts de la part de toutes les parties : l�Administration am�ricaine �tait riv�e � bloc dans sa logique de guerre et pr�te � tout pour dissuader toute action susceptible de favoriser une d�cision de retrait des troupes irakiennes du Kowe�t, �ventualit� que les strat�ges am�ricains d�signaient, c��tait connu, comme �tant le �sc�nario cauchemar� dans le sens o� un tel retrait leur �tait l�alibi de base � l�intervention de leurs troupes ; les alli�s arabes de l�Administration am�ricaine, � leur t�te les gouvernants du Kowe�t, souvent rencontr�s au Caire, � New York ou � Alger, avaient �t� satisfaits quand nous avions condamn� l�invasion, ensuite ils se montr�rent d��us quand nous n�avions pas vot� en faveur du recours aux soldats �trangers et enfin ils ne cach�rent pas leur irritation quand nous poursuivions nos efforts pour un d�part des Irakiens de leur pays ! Ne pensant qu�� en d�coudre avec leur envahisseur et lui faire payer le prix �lev�, mon coll�gue et mes amis kowe�tiens me disaient : �De quoi te m�les-tu � vouloir convaincre Saddam de se retirer ? Laissele ! Mais laisses-le donc ! D�t-il transformer le Kowe�t en un tas de cendres ! � A Alger, dans un climat de v�ritable hyst�rie collective, toutes couches sociales et politiques confondues, la presse, l�opinion alg�rienne y compris toute l�intelligentsia, toutes les sensibilit�s politiques et parmi elles ceux que l�on croit les plus averties, tous �taient dans un �tat second, aveugl�ment acquis � la folle id�e de �l�Irak quatri�me puissance militaire du monde� et d�non�aient durement le fait que nous ne soutenions pas inconditionnellement Saddam Hussein �pour une fois que nous avons un pays arabe en mesure d�infliger une correction aux Etas-Unis, criaient-ils tous�! Il a fallu six heures de d�bats � huis clos dans l�h�micycle de l�APN, pour que je d�crive � des d�put�s m�dus�s l�envers de la m�daille. Rencontr� � New York en septembre 1990, James Baker, secr�taire d�Etat am�ricain, tentait en vain de nous rallier � la �coalition militaire� � nous nous �tions abstenus lors du sommet arabe du Caire qui lui avait donn� sa b�n�diction � Il s�exclamait � l�expos� de notre position : �Qu�est-ce que c�est donc cette position qui m�contente tout le monde, qui m�contente les gouvernements am�ricain, fran�ais, irakien, kowe�tien, l�opinion alg�rienne comme toutes les opinions arabes ?� ��a s�appelle une position ind�pendante, Monsieur le Ministre�, me contentai-je de r�pliquer. Ainsi s�est termin� ce qui allait �tre notre dernier entretien jusqu�� une ann�e plus tard. J�ai v�cu les cinq mois pr�c�dant la guerre tourment� par la perspective de la destruction de l�Irak et les souffrances qui allaient en r�sulter pour le peuple irakien. Ce matin du 15 janvier 1991 qui a suivi le d�but de la guerre, le pr�sident a tenu un Conseil des ministres extraordinaire, j�ai commenc� mon expos� la voix �trangl�e. Mon passage au minist�re des Affaires �trang�res autant que ma mission de chef de gouvernement m�ont beaucoup �difi� tant sur la r�alit� du r�gime irakien que sur celle du r�gime iranien. Alors que je le recevais officiellement � Alger, mon vis-�-vis de l��poque aux Affaires �trang�res Ali Velayati, au cours d�un t�te-�-t�te qu�il avait express�ment demand�, a exprim� sans l�ombre d�une g�ne son souhait que le gouvernement alg�rien autorise l�envoi de propagandistes iraniens dans nos mosqu�es, selon ses propres termes pour �mettre les Iraniens sur un pied d��galit� avec les salafistes saoudiens�. Mani�re polie de le remettre � sa place, je m��tonnai de l�entendre vouloir transformer, avec notre b�n�diction en prime, l�Alg�rie en un champ de bataille entre la shi�a et la salafia. C�est pour dire combien les faits pass�s ont forg� ma conviction que l�instrumentalisation de l�islam et de la shi�a par le r�gime des mollahs n�est pas la manifestation innocente d�un acte de pros�lytisme d�sint�ress�, mais entre bel et bien dans le cadre d�une strat�gie h�g�monique qui va bien au-del� du voisinage asiatique de l�Iran et s��tend sur toute notre r�gion � commencer par notre pays. Voil� un r�gime que l�Alg�rie a �t� l�un des rares � soutenir de la mani�re la plus d�sint�ress�e, et ce, d�s l�instauration de la r�publique islamique. C�est gr�ce � une m�diation men�e par de hauts responsables alg�riens au nom de l�Alg�rie, m�diation dont les chevilles ouvri�res ont �t� Mohamed Seddik Benyahia et Mohamed Seghir Mostefa�, gouverneur de la Banque d�Alg�rie sur les plans politique et �conomique, relay�s sur le plan diplomatique � Washington par R�dha Malek alors notre ambassadeur aux Etats-Unis, que fut d�bloqu� le contentieux irano-am�ricain de l��poque, et ce, � la grande satisfaction et des Etats-Unis et de l�Iran.
Vous semblez avoir conserv� bien de l�amertume de cet �pisode particulier de votre parcours personnel...
Je m��tais d�j� familiaris� avec l�id�e que les �tats sont des �monstres froids�, mais il est vrai qu�� travers ce que j�ai v�cu durant la p�riode particuli�re de ma vie diplomatique, j�ai mesur� encore davantage combien le cynisme des �tats pouvait �tre sans limite, en particulier quand y r�gnent des r�gimes qui mettent l�homme tr�s loin du c�ur de leurs pr�occupations. Nous avons pay� le prix fort notre initiative pour une autre m�diation en faveur de l�arr�t des hostilit�s irano-irakiennes, la seule initiative d�entre toutes les autres qui f�t exempte de toute arri�repens�e politique ou mercantile : quatorze de nos dirigeants et cadres sup�rieurs, dont le m�me Mohamed Seddik Benyahia, ministre des Affaires �trang�res et membre du Bureau politique du FLN, y ont laiss� leur vie, dans le tragique crash d�un avion du gouvernement alg�rien abattu par un missile dans l�espace a�rien irako-persique. A ceux qui ont abattu notre avion en ce mois de mai 1982, nous n�avons demand� ni r�paration, ni indemnisation des familles des victimes, ni m�me l�expression d�excuses officielles. C�est par son attachement � d�fendre partout dans le monde les droits, la dignit� et l�int�grit� de ses citoyens, qu�un pays impose aux autres de le respecter. Que peut �tre le sentiment � notre �gard d�un r�gime dont les missiles ont abattu un avion gouvernemental avec � bord 14 de nos cadres dirigeants, quand il voit notre silence devant l�offense qu�il nous a faite ? Comment le r�gime iranien nous a-t-il pay�s de retour pour nos sacrifices totalement d�sint�ress�s ? Six ann�es plus tard il soutenait id�ologiquement et financi�rement l�irruption de la violence extr�miste chez nous. C�est pour cela que les relations diplomatiques furent rompues � l�initiative de l�Alg�rie, alors que j��tais chef du gouvernement sous la pr�sidence de Mohamed Boudiaf. La probl�matique iranienne aujourd�hui est enferm�e dans une alternative d�extr�mes, c'est-�-dire soit en termes guerriers soit en termes de complaisance avec le r�gime en place. La guerre � l�Iran ? Mais on a quotidiennement sous les yeux les d�sastreuses retomb�es de l�exp�dition am�ricaine de 2003 en Irak ! �L�apeasement� ? (comprenez la complaisance par la n�gociation avec le r�gime iranien). Les Fran�ais et les Anglais en 1938 n�ont rien fait d�autre � Munich que de l��apeasement� ! La signature des Accords de Munich qui ent�rinaient le fait accompli de l�Anschluss en Autriche (mars 1938) et le rattachement � l�Allemagne de territoires sud�tes en Tch�coslovaquie, Munich n�a pas emp�ch� moins d�un an plus tard� l�invasion de la Pologne puis la Seconde Guerre mondiale. Ni la guerre ni la complaisance n�y feront rien. Qu�on laisse tout simplement le peuple iranien prendre son destin en main. D�autant plus qu�� la diff�rence du cas irakien, il existe une opposition nationale qui a quarante-deux ans d��ge puisqu�elle s�est fond�e en opposition au r�gime du Shah, dans le sillage spirituel de Mossadegh. Soit dit en passant c�est un mouvement qui est demeur� profond�ment marqu� par la lutte de lib�ration alg�rienne, dont l�histoire a �t� suivie l�-bas avec passion comme un mod�le grav� dans les esprits, dans le chef des anciens comme dans celui des plus jeunes.
Je suppose que l�exercice diplomatique que vous �voquez vous a permis, parfois, d�acc�der � des moments de pl�nitude�
Aussi, oui en effet. De mes rapports avec le couple royal belge, � titre d�exemple, il m�est rest� d�j� cette impression de douceur et d�humilit� que d�gageait la personne de feu le Roi Baudoin, un homme de paix. C�est lui qui m�avait confi�, alors qu�il me recevait au Palais royal du temps de ma mission � Bruxelles, qu�il avait tout arrang� pour une rencontre qui devait se tenir entre Houari Boumediene et Hassan II � l�automne 1978. La disparition du premier lui laissa un grand regret. Sachant que les deux hommes n��taient pas du genre � se d�placer dans une capitale europ�enne pour le seul d�sir de prendre un th� ensemble, depuis l�information que m�avait confi�e feu Baudoin je me suis senti autoris� � croire que d�j� en 1978 nous �tions pass�s tout pr�s d�une imminente normalisation des rapports alg�ro-marocains. Le roi des Belges �tait un �rudit qui montrait une soif assidue de connaissance de notre culture et de notre religion et un homme simple. Je le vois encore courant avec une joie d�enfant, pieds nus sur une cr�te de dune du Tassili des Ajjers o� il �tait avec son �pouse Fabiola l�invit� de Chadli Bendjedid. L��vocation des rapports alg�ro-marocains me conduit � noter que c�est avec Hassan II que les occasions de rencontre ont �t� les plus fr�quentes, il est facile de comprendre pourquoi : outre la volont� de rapprochement avec le Maroc, qui �tait celle de Chadli Bendjedid et que je partageais enti�rement, il y avait la dynamique maghr�bine dont j�ai parl�, ainsi que la multiplication des crises au Moyen-Orient et o� nos deux pays se trouvaient tr�s investis. Le courant passait tr�s bien entre lui et moi, pas seulement parce que je n�ai jamais per�u les Marocains et les Tunisiens que comme faisant partie du m�me peuple que les Alg�riens. J�avais avec lui des conversations qui allaient au-del� du seul objet officiel de nos rencontres. Il m�entretenait volontiers de ce qu�il faisait, projetait ou r�vait pour le Maroc dans divers domaines. J�ai conserv� de lui l�image d�une synth�se r�ussie entre la tradition et la modernit�. Ses ach�vements doivent beaucoup, non seulement � un attachement visc�ral � sa nation mais aussi � la stabilit� qu�il a su pr�server. L��uvre en Tunisie de feu Habib Bourguiba, qu�il m�a �t� donn� de rencontrer plusieurs fois en ma qualit� de pr�sident de Sonatrach, � l�instar de celle de Hassan II au Maroc et de celle de Houari Boumediene en Alg�rie, illustrent dans mon esprit l��troite interaction entre le niveau de l�gitimit� politique d�un chef, son obsession des int�r�ts nationaux et le sentiment qu�il donne � son peuple de se vouer � ses pr�occupations. J�ai eu le privil�ge de recevoir Nelson Mandela en Alg�rie et de le rencontrer trois fois encore, alors que je repr�sentais le pr�sident � des rencontres de l�OUA, ce qui m�a valu des entretiens prolong�s avec lui inoubliables. Le dernier eut lieu tout un apr�s-midi d�un 4 juin 1991, dans un avion du gouvernement alg�rien entre Abuja et Alger o� je le laissai � l�a�roport pour qu�il continue son chemin vers Paris. C��tait un entretien que je ne peux oublier, essentiellement en raison de sa densit� et de sa longueur permise par le vol Abuja-Alger et subsidiairement parce qu�il co�ncidait avec mon rappel en urgence par le pr�sident. (Je sus en arrivant que ce f�t pour me pressentir pour la constitution du gouvernement). A la fin de sa captivit�, un moment o� tous les grands de ce monde se le disputaient, c�est lui qui avait demand� � l�Alg�rie de le recevoir pour qu�il lui exprime sa reconnaissance. Il n�a cess� de clamer durant sa visite : �C�est l�ALN qui m�a form�. � Et de r�clamer, en sus des nouvelles de Ben Bella, celles des personnes qu�il avait connues au sein de l�ALN et du GPRA et dont il avait gard� les noms en m�moire apr�s 26 ans de captivit�, � savoir le �docteur Mostefa� (Chawki) et �Djamel� (Belkacem Cherif). Qui aurait pu croire un an avant sa lib�ration que le probl�me de l�apartheid allait trouver une solution ? On ne r�alisait peut-�tre pas � sa juste mesure la dimension universelle de Nelson Mandela. Si la question d�un gouvernement mondial avait �t� envisageable, voil� un homme qui aurait �t� l�homme de la situation.
M. C. M.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.