Le suicide des adolescents prend de l�ampleur en Alg�rie. Une cons�quence de la d�r�glementation de la soci�t� alg�rienne mais �galement de l�absence criante de structures p�dopsychiatriques cens�es jouer un r�le primordial pour faire face � ce ph�nom�ne. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - La sonnette d�alarme a �t� tir�e avant-hier lors de la 4e rencontre de p�dopsychiatrie qui s�est tenue � l�Institut national de sant� publique d�El-Biar sous le th�me �conduites suicidaires chez l�enfant et l�adolescent �. Une rencontre qui a vu la participation d��minents professeurs et praticiens sp�cialis�s dans la psychiatrie. Ces derniers sont arriv�s � une conclusion selon laquelle, �il est urgent d�agir pr�cocement voire constituer un r�seau m�dical pour prendre en charge ces centaines de cas de suicide�. Pour le Pr Ould Taleb, �l�absence de structures p�dopsychiatriques aggrave la situation des malades et les expose � la d�pression voire les pousse � rentrer de plain-pied dans la derni�re �tape qu�est le suicide�. �Pour d�crocher un rendez-vous chez un p�dopsychiatre, il faut attendre 5 � 6 mois. M�me en l�absence de statistiques r�elles, en Alg�rie, il y a beaucoup d�enfants qui se suicident. Des chiffres que nous recueillons au niveau des morgues, des pavillons des urgences, de r�animation, etc.�, explique le Pr Ould Taleb qui ajoute que �le suicide n�est pas exclusivement li� � la question socio�conomique. C�est une maladie qui se soigne. Mais pour la soigner, il faut des structures appropri�es et un encadrement m�dical suffisant�. Notre interlocuteur dira qu��il n�existe que trois structures en Alg�rie pouvant r�pondre � la limite de leurs capacit�s aux milliers de demandes de consultation, l�une se trouve au Centre et les deux autres � l�Est et � l�Ouest, alors que la demande est �norme. Les malades doivent prendre rendez-vous cinq � six mois � l�avance. La situation est grave et n�cessite une attention particuli�re. L�adolescent a besoin de structures de proximit�. �Les suicides r�ussis sont dramatiques� Les communications assur�es par les diff�rents participants � cette rencontre ont mis en exergue la gravit� de ce ph�nom�ne en Alg�rie. Le Pr La�dali, m�decin l�giste exer�ant au niveau du CHU de Bab-El-Oued, a fait �tat, dans sa communication des cas de suicide des adolescents enregistr�s au niveau de son service. Dans son intervention intitul�e �exp�rience du service de m�decine l�gale dans les conduites suicidaires�, le Pr La�dali indique que plusieurs facteurs sont � l�origine du suicide de l�adolescent. Il cite notamment �l��chec scolaire, les probl�mes familiaux, la d�perdition sociale�. Cependant, la situation la plus choquante est celle relative aux moyens utilis�s par les adolescents pour mettre fin � leur vie. �Les moyens utilis�s sont diff�rents. La pendaison, se jeter d�un immeuble, l�utilisation d�une arme � feu, ou encore user d�une arme blanche voire au moyen d�un couteau en l�enfon�ant dans le cou jusqu�� la mort. C�est un cas terrible que nous avons �tudi� au niveau de notre structure. Le sujet d�une quinzaine d�ann�es avait atteint un niveau de douleur morale telle qu�il supportait la douleur physique de son acte�, indique le conf�rencier. En somme, pour le professeur La�dali, �les suicides r�ussis sont dramatiques. Ils sont enregistr�s notamment � l�int�rieur du pays�. �Sur les 280 autopsies faites au niveau du CHU de Bab-El-Oued en 2007, nous avons enregistr� 34 conduites suicidaires. J�imagine que le chiffre est plus important � l�int�rieur du pays o� les parents des victimes n�indiquent pas la cause de la mort de leur proche pour des raisons que vous connaissez tous, telle que la religion qui interdit le suicide.� Des femmes �g�es se suicident aussi Le ph�nom�ne du suicide ne se limite pas aux seuls adolescents. Lors de cette rencontre, il a �t� indiqu� que m�me les personnes �g�es sont touch�es par ce ph�nom�ne. Parmi ces derni�res, on peut citer les femmes �g�es qui usent des m�mes moyens que les adolescents pour mettre fin � leurs jours. �Elles utilisent la corde, l�arme � feu�, indique-t-on. Pour le Dr A. Tahar Sahraoui, �le suicide est encore tabou chez nous. Les parents des suicid�s cachent la v�rit� concernant la mort de leurs proches. Pourquoi ? Ils craignent pour lui la mal�diction de la religion. On craint que si l�information est connue de tout le monde, on ne prie pas pour lui, car comme vous le savez, la religion bannit le suicide�. �Le suicide doit �tre d�clar� en Alg�rie. Il faut faire des �tudes �pid�miologiques pour situer l�ampleur de ce ph�nom�ne et par voie de cons�quence, fixer une strat�gie pour lutter contre ce ph�nom�ne.� Cette 4e rencontre de p�dopsychiatrie �tait riche en renseignements. Les diff�rentes communications donn�es en cette circonstance, telles que celles d�velopp�es par Mme Bensoltana de l�Institut de biologie de l�USTHB (�tudes des d�terminants du stress au cours de l�enfance), du Dr Oubraham (les risques suicidaires chez les adolescents) Mlle Siad, Soumache et Aroudj du CHU de Bab-El-Oued (recherche des causes sociofamiliales chez un groupe de suicid�s, en chirurgie g�n�rale) ont d�montr� la gravit� de la situation. Pour cela, il a �t� recommand� de �prendre en charge en toute urgence cette situation en mettant � la disposition des praticiens concern�s les moyens appropri�s pour faire face � ce ph�nom�ne�. Pour le Pr Ould Taleb, �nous n�avons pas accord� assez d��coute aux jeunes, et l�adolescent n�est pas au centre des pr�occupations. Il faut que vous sachiez que le suicide est un passage � l�acte qui peut compliquer la d�linquance. La violence n�est qu�une forme de langage et le suicide est un appel de d�tresse, voire d�aide. Donc avant que l�adolescent n�arrive � ce stade, il faut l��couter et lui pr�ter attention. Malheureusement chez nous, aujourd�hui, on opte beaucoup plus pour l�aspect r�pressif, voire carc�ral, que m�dical�. A. B.