Dans mon village, il y a treize caf�s pour aligner des dominos � longueur de journ�e, en se tapant les mauvaises odeurs de tabac et de quelques paires de pieds puants ou pour boire un caf� au go�t m�diocre que le gar�on nonchalant oublie de vous apporter souvent. Il y a deux mosqu�es pour �couter, � moiti� endormis, le pr�che moyen�geux d'un imam vocif�rant. Il y a trois d�bits de boissons clandestins pour acheter � la sauvette et au prix fort, une mauvaise ivresse dans des bo�tes en carton. Il y a un stade pour d�verser, le temps d'un match, son flot d'insultes sur un arbitre ch�tif et tremblant. Il y a quelques rues et ruelles bien droites qui ne vous permettent d'aller nulle part et de tourner en rond, mais dans mon village, il n'y a aucun lieu pour �couter un chanteur et sa belle chanson, pour voir un film sur un grand �cran ou pour lire un livre et plonger dans des histoires d'Occident ou d'Orient