Au FFS, le Front des forces socialistes, les discussions entre les membres de la direction du parti ont bien progress�. Et, d�j�, Karim Tabbou, le secr�taire g�n�ral, a contact� par t�l�phone A�t Ahmed � plusieurs reprises. Ce dernier se trouve � Paris, dans un appartement o� sont rassembl�s autour de lui les plus fid�les parmi les fid�les. Ils sont en train d��couter et de r��couter le discours du pr�sident de la R�publique. Ils le traduisent, l�analysent et le d�cortiquent. Au FFS, � Alger, on attend la r�ponse et la d�cision du vieux leader. Et c�est vers une heure du matin qu�arrive Mohand Akli au si�ge du parti ; il est imm�diatement re�u par Karim Tabbou dans son bureau. Dix minutes plus tard, les deux hommes regagnent la grande salle de r�unions du FFS et Karim Tabbou informe l�assistance qu�A�t Ahmed a donn� son accord pour une rencontre avec Sadi. Celle-ci se d�roulera demain � 10h dans la villa de Mohand Akli � Draria. Aussit�t Mohand Akli appelle Sadi et l�informe des derniers d�veloppements. Sadi le rappelle dix minutes plus tard et donne son accord pour la r�union de demain. Karim Tabbou appelle A�t Ahmed et l�informe � son tour que Sadi est d�accord. Mohand Akli salue tout le monde et quitte le si�ge du FFS pour se diriger vers le si�ge du RCD pour y rencontrer Sadi et lui expliquer tout de vive voix. Les retrouvailles Le lendemain matin, vers 9h45 Sadi arrive au lieu fix� pour la rencontre. Il est re�u par Mohand Akli. Apr�s les salutations d�usage, il s�installe au bout d�une longue table ovale avec autour de lui la d�l�gation qui l�accompagne. Cinq minutes plus tard, Karim Tabbou arrive et commence � plaisanter avec Mohand Akli. Il entre dans la salle, s�installe avec ses compagnons � l�autre bout de la table. Ils font comme si la d�l�gation du RCD n��tait pas l�. Cette derni�re fait aussi semblant d�ignorer la d�l�gation du FFS. Rapidement, Mohand Akli s�installe au milieu de la table, remercie les deux d�l�gations d��tre pr�sentes, insiste sur le moment historique de cette rencontre, puis il ouvre la s�ance et propose que le plus �g� des deux chefs de d�l�gation prenne la parole le premier. Sadi explique alors sa position : �La d�mocratie, l�alternance et le d�veloppement de notre pays nous obligent � nous rassembler. Aussi, je ne suis pas candidat � l��lection pr�sidentielle si le FFS a un candidat et nous sommes pr�ts � �uvrer au rassemblement, autour de lui, de toutes les forces et de tous les partis d�mocrates, patriotes et r�publicains �. Sadi s�arr�te un instant et Karim Tabbou prend la parole : �Je tiens � vous pr�ciser que nous sommes enti�rement d�accord sur ce que vous venez de dire. Nous partageons la m�me analyse mais nous avons une condition � formuler : pour nous, il faut rassembler les d�mocrates, les patriotes, les nationalistes et m�me les islamistes qui demandent � nous rejoindre. Nous parlons, bien s�r, des partis politiques et des personnalit�s nationales.� Tabbou s�arr�te. L��tonnement est perceptible chez les membres de la d�l�gation du RCD qui ne s�attendait pas � ce que le FFS veuille int�grer aussi les islamistes, fussent-ils mod�r�s. Alors Mohand Akli dit : �Sadi, si tu veux consulter tes compagnons, il y a un salon pr�t � vous recevoir.� Sadi se l�ve suivi par tous les membres de sa d�l�gation. Cinq minutes plus tard, Sadi revient dans la salle. La d�l�gation qui l�accompagne reprend sa place lui, reste debout et dit : �Le RCD et moi-m�me donnons notre accord plein et entier � votre proposition.� Puis, Sadi fait un pas vers l�autre bout de la table ; aussit�t, Karim Tabbou se l�ve et se dirige vers lui ; ils se serrent la main fortement, puis ils s�embrassent. Les membres des deux d�l�gations les imitent ; il s�ensuit des accolades, des sourires et des airs de satisfaction. L�excitation est � son comble quand on annonce l�arriv�e de Moussa Touati. Karim Tabbou informe Sadi qu�il a convi� le pr�sident du FNA, le Front national alg�rien, dans la perspective qu�il rejoigne le futur rassemblement. Sadi donne son accord. Moussa Touati, apr�s avoir salu� tout le monde, prend place, avec la d�l�gation du FNA. On l�informe rapidement des r�sultats de la r�union. Il exprime sa satisfaction et dit : �Maintenant que nous regardons tous dans la m�me direction, tous les espoirs sont permis. � Les choses avancent le plus normalement du monde ; Karim Tabbou informe qu�A�t Ahmed arrivera de Paris, ce jour, en fin d�apr�s-midi. Rapidement, ils prennent les d�cisions suivantes : 1 - Se r�unir le soir m�me, � 21h, dans la villa de Mohand Akli � Draria. 2 - Chacun des trois partis politiques prendra contact avec les chefs de partis politiques et les personnalistes nationales susceptibles de prendre part � cette initiative unitaire. Il est d�j� midi, et ils se s�parent. La survie A partir de 11h, Taleb du PNSD est en r�union avec ses militants quand Bensalem du PRA le contacte par t�l�phone : �Je fais la proposition de nous r�unir � 15h au lieu de 16h. Le MEN a donn� son accord. Ce changement est motiv� par des d�veloppements nouveaux, il est donc n�cessaire de nous consulter et de coordonner notre action commune.� Taleb lui donne son accord et l�informe qu�il est au courant de ce qui se pr�pare. A 15h, les trois partis se retrouvent au si�ge du MEN. Ils ont le choix entre la possibilit� d�avoir un candidat et celle de rejoindre le groupe de l�opposition. Naturellement, ils font le choix de rejoindre le groupe de l�opposition. Ce vieux bonhomme que l�on n�attendait plus. Il est 20h et la salle o� doit se retrouver toute l�opposition est pr�te. C�est une grande salle rectangulaire o� sont plac�es des chaises confortables. Sur le si�ge de chaque chaise, sont inscrits sur une feuille les nom et pr�nom d�un chef de parti ou d�une personnalit� politique nationale. Au milieu de la salle, une chaise est r�serv�e � Hocine A�t Ahmed, � sa droite, celle de Moussa Touati, et � sa gauche, celle de Sa�d Sadi. Tout au long � droite, les noms des pr�sidents de partis, o� est r�serv�e une place particuli�re aux plus �g�s d�entre eux. Tout au long � gauche, les noms des personnalit�s nationales, en commen�ant par les anciens chefs de gouvernement et les anciens pr�sidents de l�APN. A partir de 20h30, presque tout le monde est pr�sent. Hocine A�t Ahmed et Moussa Touati, � sa droite, ont d�j� pris place. Puis, les invit�s arrivent les uns apr�s les autres. On se salue. On �voque de vieux souvenirs. Les personnes qui ne se connaissaient pas font connaissance� A 20h 50mn, tous les participants qui ont donn� leur accord sont l�, sauf Sadi. Cinq minutes plus tard, Sadi est annonc�. Il est � l�entr�e, puis il franchit le seuil de la salle de r�unions accompagn� de Mohand Akli. A�t Ahmed l�aper�oit ; il se l�ve, imit� par Touati. A�t Ahmed fait un pas, puis un deuxi�me pas, Sadi avance dans sa direction et au milieu de la salle, ils se serrent la main puis s�embrassent. Toute la salle applaudit. Ils vont prendre place. A ce moment-l�, Touati propose de c�der sa place � Sadi, � droite d�A�t Ahmed. Sadi esquisse un refus. Il s�ensuit un quiproquo. Mais finalement Sadi accepte. Il s�assied entre A�t Ahmed et R�da Malek, tandis que Touati se retrouve entre A�t Ahmed et Mouloud Hamrouche. Ensuite Sadi se l�ve, va saluer tous les membres pr�sents, qui d�une poign�e de main, qui d�une embrassade, et retourne prendre sa place. C�est ce moment que choisit Abdelhamid Mehri pour demander la parole � l�assistance, qui fait silence. Il propose que cette r�union soit pr�sid�e par A�t Ahmed, et la salle tout enti�re approuve par acclamation. A�t Ahmed remercie l�assistance et fait une courte allocution, o� il rappelle bri�vement l�objet de cette rencontre historique puis propose de donner la parole � tous les membres pr�sents, qui, chacun � sa mani�re, insistent sur le regroupement des forces de l�opposition et la d�signation d�un candidat � l��lection pr�sidentielle anticip�e. A�t Ahmed reprend la parole et dit : �Etant donn� que nous sommes tous d�accord sur les objectifs � atteindre, sur proposition de Moussa Touati, de Sa�d Sadi et du FFS, je vous demande d�approuver les propositions suivantes : 1 / La teneur de nos d�bats doit rester secr�te, quel que soit le r�sultat. 2 / Que l�assistance d�signe � l�unanimit� notre candidat � l��lection pr�sidentielle anticip�e. 3 / Que toutes les composantes de notre regroupement, partis politiques et personnalit�s nationales, apportent un soutien sans faille � notre candidat, au plan mat�riel, financier et humain. 4 / Que le programme de notre candidat soit l��manation de tous les participants et qu�il se fonde sur un consensus acceptable par tous. 5 / Que tous les membres de cette honorable assistance soient regroup�s au sein d�une �grande commission� charg�e : A / de d�signer notre candidat � l��lection pr�sidentielle ; B / de pr�voir le statut et le r�glement int�rieur de notre mouvement et d�organiser son congr�s ; C / d�organiser et de conduire la campagne �lectorale de notre candidat ; D / que la grande commission reste ouverte � tout parti politique et toute personnalit� qui acceptent les d�cisions prises pr�alablement. Puis le pr�sident de s�ance propose d�adopter point par point le contenu de la motion. La motion est approuv�e, Mouloud Hamrouche demande la parole et dit : �Au nom des anciens pr�sidents de l�APN, des anciens chefs de partis politiques, et des anciens chefs de gouvernement, ici pr�sents, nous faisons la proposition suivante : que les chefs de partis en exercice se r�unissent, seuls, et d�signent, parmi eux, la personne idoine, qui sera notre candidat � tous apr�s accord de la grande commission.� A�t Ahmed saisit la parole et rectifie : �Parmi les chefs de partis et les personnalit�s nationales.� La proposition est approuv�e. Les chefs de partis se l�vent, comme un seul homme, et rejoignent la salle pr�par�e pour ce genre de r�union. Tr�s vite, les chefs de partis d�cident : �Afin qu�aucun parti ne soit avantag� et qu�aucun parti ne soit d�savantag�, aucun chef de parti n�est candidat � l��lection pr�sidentielle. � D�s lors, on passe en revue la liste de toutes les personnalit�s nationales. Six d�entre elles requi�rent une attention particuli�re. Le d�bat s�ouvre autour de la personne � choisir, qui doit �tre celle qui peut le mieux renforcer la coh�sion du groupe et qui pourrait recueillir l�adh�sion la plus large parmi les populations, qu�elles soient de droite, de gauche, conservatrices, d�mocrates, r�publicaines, islamistes, patriotes ou autres. Finalement, ils optent pour Ahmed Taleb Ibrahimi et esp�rent que l�ensemble des personnalit�s pr�sentes approuveront leur choix. Le groupe des chefs de partis retourne dans la salle de r�unions qui, silencieuse, attend. A�t Ahmed s�assied et prend la parole : �Les partis politiques ont d�cid� qu�aucun d�entre eux ne se porterait candidat. Notre choix, que nous vous proposons, s�est port� sur une personnalit� nationale qui est Ahmed Taleb Ibrahimi.� On approuve, on applaudit, on acclame ce dernier. On veut le f�liciter. Le plus �tonn� de tous, c�est lui. Une r�flexion lui traverse l�esprit : �Comment ont-ils pu choisir un homme aussi �g� que moi� Quelle immense responsabilit�.� A�t Ahmed l�invite � prendre sa place et � pr�sider la s�ance. Il s�approche d�un pas h�sitant. Il s�assied et consulte ceux qui sont autour de lui : A�t Ahmed, Touati et Sadi. Il se l�ve et remercie l�assistance puis va serrer la main, longuement, de tous les membres. Reprenant sa place, il proc�de � l�installation officielle de la grande commission et propose une r�union de celle-ci pour le lendemain � 14h. On se salue et tout le monde quitte la salle. Il est une heure trente du matin et le bateau de l�opposition a jet� les amarres. Candidats � la candidature Le samedi suivant, un communiqu� du pr�sident de la R�publique pr�cise : dans le but de garantir le bon d�roulement de la campagne �lectorale et d�assurer le traitement �quitable de tous les candidats : 1 La salle choisie par un parti politique pour la tenue de son congr�s pr�vu pour d�signer son candidat � l��lection pr�sidentielle, est prise en charge enti�rement par l�Etat. Pour chaque candidat d�finitivement d�clar� par le Conseil constitutionnel, l�Etat apportera une aide financi�re de dix millions de dinars pour le premier tour et de 15 millions de dinars pour chacun des deux candidats du second tour de l��lection pr�sidentielle. L�Etat prendra, �galement, en charge les d�placements des candidats � l�int�rieur du pays, selon le programme arr�t� par eux-m�mes. Les dimanche, lundi et mardi, certains chefs de partis politiques ont tenu des conf�rences de presse pour annoncer leur candidature en pr�sence des m�dias parl�s et t�l�visuels ainsi que de la presse �crite. Le mercredi, le FLN tient son congr�s � huis clos dans la salle du Club-des-Pins. A 19h, le porte-parole du congr�s, Mohamed Sa�dani, annonce que le FLN a retenu Abdelaziz Belkhadem comme candidat � l��lection pr�sidentielle. La semaine suivante : Le lundi, le MSP approuve la candidature de Aboudjerra Soltani lors d�un congr�s qui s�est tenu dans la salle du Club-des-Pins. Le mardi, c�est au tour d�Ouyahia d��tre d�sign� par son parti lors du congr�s qui s�est tenu � la salle de l�h�tel El Aurassi. Le mercredi, le congr�s du PT annonce sans surprise qu�il a d�sign� Louisa Hanoune comme sa candidate � l��lection pr�sidentielle. Le lundi suivant, plus de 3 500 personnes sont rassembl�es pour tenir un congr�s � la Coupole. Ce congr�s est compos� d�une dizaine de partis politiques et de nombreuses personnalit�s nationales. Le congr�s tient sa r�union � huis clos. A dix neuf heures, Moussa Touati, d�sign� comme porte-parole du congr�s, sort de la salle et rejoint le salon o� attendent tous les m�dias nationaux. Il monte sur une estrade, et d�clare : �Les trois mille cinq cents congressistes, pr�sents dans la salle, dont douze partis politiques et cinquante-trois personnalit�s nationales : - ont d�cid� de cr�er une entit� nouvelle d�nomm�e le MUN, le Mouvement pour l�unit� nationale. Un nouveau parti politique ; - ont adopt� le statut et le r�glement int�rieur du MUN ; ont adopt� son programme politique ; - ont d�sign�, avec une tr�s large majorit�, M. Ahmed Taleb Ibrahimi, en tant que leur candidat � l��lection pr�sidentielle. Le crit�rium des As Tous les candidats ont fait leur d�claration d�intention d��tre candidats aux �lections pr�sidentielles et r�clament, chacun � sa mani�re, la sanction du peuple. La seule qui vaille � leurs yeux. Alors, commence la course pour r�unir les conditions l�gales pour �tre un candidat officiel. Certains, ceux qui disposent d�un nombre cons�quent d��lus au niveau local et national, doivent r�unir au moins six cents signatures d��lus. C�est le cas du FLN, du HMS, du MUN, du PT et du RND. D�autres doivent r�unir 7 500 signatures de citoyens, dans au moins 25 wilayas, avec un minimum de 1 500 signatures par wilaya. L�op�ration a une dur�e limit�e, fix�e par la loi. Cette op�ration d�termin�e, chaque candidat d�pose un dossier personnel accompagn� des signatures l�gales au Conseil constitutionnel qui proc�de au comptage des signatures et � leur v�rification. Quelques jours plus tard, le Conseil constitutionnel rend publique, la liste des candidats officiels � l��lection pr�sidentielle. Il s�agit de : Belkhadem Abdelaziz Hanoune Louisa Ibrahim Ahmed Taleb Ouyahia Ahmed Soltani Aboujdjerra L�unit� dans l�action Une fois les candidats annonc�s, quelques jours plus tard, la campagne �lectorale officielle du premier tour, limit�e dans le temps et r�glement�e par la loi, bat son plein. Les affiches des candidats sont partout, dans toutes les communes du pays, sur les panneaux pr�vus � cet effet. Les meetings des candidats sont incessants, dans toutes les wilayas, dans toutes les communes, dans toutes les grandes salles du pays et parfois dans les stades. Tous les candidats font salles combles. Les journaux, avec leurs �unes�, relatent en permanence les faits �lectoraux de chaque candidat. Les radios et les t�l�visions font de m�me. Toute la communaut� de la presse, des m�dias et de l�information en g�n�ral est mobilis�e. Puis, quarante-huit heures avant le jour du scrutin, tout s�arr�te. Il est interdit de parler d�un quelconque candidat. Le jeudi, jour de l��lection, tous les candidats vont voter dans les communes o� ils sont inscrits, en pr�sence de la t�l�vision. Puis chacun rejoint le lieu o� il a install� son quartier g�n�ral pour attendre les r�sultats. A 13h, la t�l�vision annonce que le taux de participation � midi a d�pass� les 50%. D�j�, les commentaires commencent : certains se r�jouissent, ils pensent que c�est une bonne chose pour leur champion ; d�autres s�inqui�tent, ils pensent que le candidat adverse pourrait en b�n�ficier. Alors quelqu�un dit : �Dans quelques heures, nous seront fix�s.� A 20h, la T�l�vision alg�rienne ouvre son journal parl� en annon�ant que Yazid Zerhouni, le ministre de l�Int�rieur, donnera une conf�rence de presse � 21 heures pour annoncer les r�sultats du premier tour de l��lection pr�sidentielle. Finalement, � 21h 50mn, le ministre de l�Int�rieur se pr�sente � l��cran, puis commence son intervention en pr�cisant que l��lection pr�sidentielle s�est bien d�roul�e et qu�il n�y avait aucun incident majeur � signaler. Puis il donne le taux de participation qui est de 72.4% et le r�sultat de la course � l��lection pr�sidentielle : M. Ibrahimi Ahmed Taleb : 26.1% M. Ouyahia Ahmed : 19.3% M. Belkhadem Abdelaziz : 19.1% M. Soltani Aboudjerra : 18.8% Mme Hanoun Louisa : 16.7% Sit�t les r�sultats connus : Autour de Louisa Hanoune, c�est la satisfaction d�avoir obtenu, sans les moyens dont disposent les autres candidats, et en �tant une femme dans un pays musulman, un r�sultat si honorable. Au si�ge du MUN, autour d�Ahmed Taleb Ibrahimi, avec A�t Ahmed, Touati, Sadi, Hamrouche, Malek, Ghozali, Djaballah, Ben Bitour, Benflis, Sifi, Karim Youn�s � C�est la liesse. Personne ne cache sa joie, sa satisfaction. Ils sont tout simplement heureux du r�sultat. C�est une premi�re victoire qui sonne comme l��ternelle revanche que prend l�union sur la division, la concorde sur la discorde. Au si�ge du HMS, autour de Soltani, on est un peu d��u. On pensait pouvoir devancer le FLN et le RND. Mais r�aliste, rapidement, on se soumet au verdict du peuple. Au RND, autour d�Ouyahia et de Bensalah, on ne peut plus cacher l�immense satisfaction de ce r�sultat qui leur permet de d�passer le FLN et le HMS, leurs vieux �amis politiques� et n�anmoins rivaux. Dans le brouhaha indescriptible qui r�gne dans la salle, Ouyahia r�fl�chit ; il se l�ve, il se dirige vers la fen�tre, il regarde la mer, au loin vers l�horizon ; il est satisfait, il vient de gagner la premi�re bataille, mais il redoute la prochaine bataille, la grande bataille, la seule qui vaille. Il ne sait pas, encore, ce que fera le FLN, ni si le HMS tiendra sa parole. Au FLN, autour de Belkhadem, c�est la consternation, le d�sarroi, la d�ception� Ils n�ont pu imaginer, � aucun moment, qu�ils pouvaient perdre une si importante �lection. Ils ont toujours �t� du bon c�t� : le c�t� des gagnants. Aussi, rapidement les instances ex�cutives du FLN, �largies � toutes les personnalit�s qui comptent, du gouvernement et du Parlement, se r�unissent. L�avenir du FLN est en jeu. Cette rencontre extraordinaire durera jusqu�� cinq heures du matin. Le vendredi, le lendemain du scrutin, les conf�rences de presse se succ�dent : - Soltani apporte, comme cela �tait pr�vu, son soutien et celui de son parti le HMS au candidat Ouyahia. - Louisa Hanoune a surpris tous ceux qui ne la connaissent pas, en apportant son soutien et celui de son parti au candidat Ahmed Taleb Ibrahimi. La d�cision a �t� prise la veille, apr�s l�avoir rencontr� pour le f�liciter. Ce dernier lui a promis d��tudier avec soin ses propositions, qui �manent aussi d�autres partis politiques, d�instaurer un r�gime parlementaire ainsi que la proportionnelle int�grale. - Belkhadem, logiquement, sans surprise, apporte son soutien et celui du FLN tout entier au candidat Ouyahia. Au FLN, on est persuad� que �Ouyahia, va gagner !� et que le FLN pourra pr�server l�essentiel. Les positions des uns et des autres ayant �t� clairement exprim�es, le second tour de l��lection pr�sidentielle peut commencer. Il n�y a pas de citadelles imprenables, il n�y a que des attaques mal conduites. Les deux candidats du deuxi�me tour se lancent, encore une fois, dans la campagne �lectorale. Tous les partis politiques, tous les syndicats, toutes les associations, et enfin toutes les troupes, de l�un ou l�autre candidat sont mobilis�s. Chacun y va de ses meetings, de ses campagnes de proximit�, de ses d�bats, de ses passages � la radio, en arabe, en tamazight, et en fran�ais ; de ses passages � la t�l�vision, de ses affiches et de ses affichettes, etc. Jamais auparavant, en Alg�rie, on n�avait vu une telle bataille, une si rude bataille, mais une bataille pacifique. Pendant ce temps, les commentateurs avertis et les analystes confirm�s pensent que math�matiquement, Ouyahia a toutes les chances de l�emporter. En effet, les partis politiques de la coalition gouvernementale ont rassembl�, au premier tour, 57,2 % des voix exprim�es. Que feront, au second tour, l��lectorat du FLN et l��lectorat du HMS ? Vont-ils suivre les directives de leurs partis respectifs ? Un �lecteur n�est-il pas libre de son choix ? Les �lecteurs de ces partis ne vont-ils pas mettre en pratique la fameuse r�gle qui fait que �au premier tour on vote pour le candidat que l�on aime ; au second tour on vote contre le candidat que l�on n�aime pas�. Au premier tour, on vote pour, on pl�biscite, on approuve ; au second tour, on vote contre, on p�nalise, on sanctionne. Mais d�j�, la campagne �lectorale est termin�e. Les �lecteurs commencent � envahir les bureaux de vote. Entre-temps, Ahmed Ouyahia et les partis de la coalition qui le soutiennent ont lou� un immeuble avec un grand balcon qu�ils ont pr�vu pour le discours de la victoire, � la place du 1er-Mai. Tous les sympathisants et toute la population d�Alger sont inform�s. Ahmed Taleb Ibrahimi a r�serv�, lui aussi, un immeuble avec balcon, � la place des Martyrs. Le c�l�bre balcon o� Ben Bella aimait faire ses discours. D�ailleurs, les discours des deux candidats sont fin pr�ts. Ahmed Ouyahia et Ahmed Taleb Ibrahimi ont pr�vu deux discours chacun : l�un pour c�l�brer une victoire et l�autre pour admettre une d�faite. En ce jeudi �lectoral, apr�s avoir vot�, Ahmed Ouyahia rejoint son QG de campagne o� sont d�j� install�s les chefs des partis politiques de la coalition. Vers 18h, tous les sujets ont �t� pass�s en revue. Alors Aboudjerra Soltani dit : �Ah ! Mon Dieu, si nous �chouons� Ahmed Ouyahia lui r�pond : �Nous entrerons pleinement dans l�opposition, et nous pr�parerons ensemble notre revanche.� Ahmed Taleb, apr�s avoir vot�, rejoint le si�ge du MUN. Toutes les personnes importantes du MUN sont l�. Il s�installe dans un fauteuil au milieu de la salle, d�un c�t� tous les vieux lions, et de l�autre, tous les jeunes loups. Vers 18h, tous les sujets ont �t� �puis�s. Alors, Ahmed Taleb, pensif, presque inquiet, dit : �Ah ! mon Dieu, si nous gagnons� Comment allons-nous faire ?� Touati, qui �tait tout pr�s de lui, r�pond : �Nous agirons lentement, nous travaillerons paisiblement. Nous aurons tout le temps devant nous.� En ces derniers instants d�incertitude, nous attendons la proclamation des r�sultats qu�annoncera le ministre de l�Int�rieur � partir de 22h. A. S. * Ancien membre du Conseil national de transition (CNT) avril 2008 E-mail : [email protected]