Qui ne conna�t pas la c�l�bre p�tisserie flanqu�e sous les arcades du centre-ville ? Qui n�a pas un jour d�gust� les succulents g�teaux chez �Le sauvage�, l� o� M. Abdelkader Benabbou, patron de son �tat, veille � la bonne marche de son commerce ? La particularit� de ce grand monsieur est le fait qu�il soit p�tissier de m�tier et qu�il continue jusqu�� nos jours, � l��ge de 75 ans, � m�ler ses doigts � la p�te et pr�parer ses d�licieuses pi�ces pour les proposer chaque jour que Dieu fait � sa nombreuse client�le, ravie de consommer d�aussi bons g�teaux, cuisin�s dans les meilleures conditions d�hygi�ne possibles. Ammi Abdelkader s�occupe de la pr�paration de ses p�tisseries pour, plus tard, se mettre � la caisse, la journ�e durant. Et cela dure depuis au moins pr�s d�un demi-si�cle. Ce qui est frappant pour les Mostagan�mois de souche, c�est le fait que tout est rest� intact chez Benabbou. Ainsi le go�t et la saveur, la forme, l�esth�tique et les couleurs de ces si attrayantes gourmandises sont quasiment les m�mes que dans les ann�es 1962 lorsqu�enfant, je tra�nais encore aux basques de ma grand-maman qui avait int�r�t � faire une halte chez �Le sauvage� pour me payer l��clair, le millefeuilles, le pudding, la tartelette ou le biscuit roul� de mes r�ves d�enfance. En 2008, en foulant le sympathique magasin en question, on a vite l�impression de reculer d�au moins une cinquante d�ann�es en arri�re, tellement les choses sont demeur�es intactes. M�me les lieux en question datant de l��re coloniale ainsi que tous les �quipements qui meublent cet endroit magique, ont gard� toute leur splendeur. De la superbe vitrine de baies vitr�es et de fa�ade marbr�e, aux petites �tag�res int�rieures toutes en verre ainsi qu�au support fait de bois, petites vitres et marbre noir, le tout servant � d�poser les petits plats en chrom� garnis de p�tisseries aussi vari�es que d�licieuses, tout sans exception, est pr�texte � de sacr�s moments d��vasion et un brin de nostalgie, qui en fait, ne dira jamais son nom. Compar�es � la p�tisserie �Le sauvage�, toutes les autres existant dans la ville changent d�ouvriers p�tissiers comme on change de chemise, c�est selon la performance, la rentabilit� et les humeurs. Les conditions d�hygi�ne ne sont pas toujours en vigueur chez certains et puis on est toujours press� chez ces gens, de transformer les locaux, fa�ades et devantures � coups de pr�sentoirs, carrelage et fa�ence. Non, franchement, quiconque � Mostaganem qui fut depuis toujours un habitu� des lieux en question, ne contestera ce fait, tant et si bien que la p�tisserie �Le sauvage� demeurera un mod�le de local commercial o� l�on ne badine gu�re avec les principes du travail bien fait pour le plaisir des yeux et du ventre et aux fins de satisfaire une client�le qui a pris cette manie d�y venir se l�cher les babines avant de se rassasier � sati�t�. Il faut dire que Benabbou p�re, selon son fils a�n� Dadi, n�aurait jamais daign� qu�on vienne le bousculer dans ses sacr�es habitudes de p�tissier imp�nitent, un m�tier qu�il ch�rit tant qu�il affectionne depuis toute une vie et qui ne le veut qu�� lui et � lui seul. Sacr� M. Benabbou !