Il est 21h. Plusieurs voitures de police, dont certaines banalis�es, quittent le si�ge de la S�ret� de la wilaya de Blida. Destination inconnue a priori pour les journalistes convi�s � couvrir l�op�ration coup-de-poing programm�e pour la nuit de dimanche dernier. On ne le saura qu�en cours de route. C�est la cit� 700 logements de Beni Mered, � 6 km au nord de Blida, qui a �t� retenue comme premier point d�intervention. Les policiers, guid�s par l�officier Amine, responsable de la brigade de lutte contre la criminalit�, s�arr�te � l�entr�e de la cit� o� presque tous les dispositifs d��clairage public sont �teints. �Les quelques lampadaires que vous voyez encore allum�s sont prot�g�s par les propri�taires de maisons qui refusent que les alentours de leurs demeures soient squatt�s par les voyous�, nous dira le lieutenant Fouad, charg� de la communication � la S�ret� de la wilaya de Blida. Pour la vingtaine de policiers � la plupart en tenue civile � la strat�gie est d�op�rer � pied pour ne pas se faire remarquer. Aid�s par des �l�ments de la S�ret� urbaine de Beni Mered qui connaissent bien les lieux, l�officier Amine et ses coll�gues tombent sur deux enfants, une fillette de 8 ans et son fr�re plus �g� qu�elle. Ils avaient l�air �gar�. Ne sachant pas d�o� ils venaient, les policiers les conduisent gentiment dans un v�hicule pour qu�ils soient emmen�s au commissariat en attendant que leurs parents se manifestent. �Comment sont-ils arriv�s l� et que font-ils � cette heure-ci de la nuit dehors�, se demandaient la plupart des journalistes, interloqu�s. L�objectif de la police est d�arr�ter le maximum de d�linquants qui enveniment la vie des habitants de la cit� 700 logements qui, rappelons- le, ont �t� construits en 2003 dans le cadre d�une aide financi�re kowe�tienne. La composante des lieux est h�t�roclite. En effet, les b�n�ficiaires ne sont pas forc�ment de la r�gion. Ils sont venus de partout, d�o� la difficult� pour les policiers de mieux les cerner. En avan�ant dans les d�dales de la cit�, l�on constate que la vie nocturne est particuli�rement anim�e. A la recherche de fra�cheur, les gens profitent de la brise pour se revigorer. Pour cela, les policiers sont entre le zist et le zest. Doivent-ils tous les fouiller ou vont-ils op�rer � la faveur de leur instinct. A peine nous nous approchons des groupes de personnes, que des �l�ments de la police s�arr�tent net devant deux jeunes hommes qui avaient l�air de bien profiter de la fra�cheur de la nuit. N�ayant pas compris le pourquoi de cette halte, les hommes de la S�ret� nous expliquaient qu�il s�agit d�atteinte au voisinage car les deux personnes buvaient du vin sur la voie publique. �Cachez-vous au moins en vous adonnant � votre plaisir et ne vous mettez pas en face des fen�tres des voisins�, leur somme un agent de la police. Comme c�est un acte puni par la loi, les deux buveurs seront entendus sur P-V, mais une fois les vapeurs �thyliques disparues. En se dirigeant vers un groupe de jeunes assis sur des parpaings dans un lieu l�g�rement excentr� par rapport � la placette de la cit�, on ne pouvait soup�onner du premier coup que les policiers allaient trouver du kif. Cependant, � la vue des gardiens de la paix, deux jeunes s�affairaient � dissimuler les joints sous les parpaings, histoire de se d�rober du flagrant d�lit, mais c��tait trop tard. Les policiers les ont pris de vitesse. Toutefois, les deux jeunes s�obstinaient � nier �tre en possession de kif. �Marchez avec moi et vous constaterez de vous-m�me que l� o� on mettra les pieds, on trouvera des cigarettes m�lang�es � du kif�, tente de se disculper un des mis en cause. �Mettez-leur des menottes et conduisez-les au commissariat�, ordonne l�officier Amine. �Pourquoi les menottes, qu�est-ce que nous avons fait pour qu�on nous attache les mains devant nos voisins. Nos parents vont le savoir et ils paniqueront �, r�pliqueront les deux jeunes. Apr�s Beni Mered, direction la berge de l�oued Bouarfa. Un autre fief de la d�linquance. L�arriv�e en trombe des voitures de police cr�e de l�appr�hension chez quelques d�voy�s trouv�s sur les lieux. Certains essayeront de fuir, notamment un jeune qui venait de sortir d�un d�bit de boissons alcoolis�es. Il sera vite arr�t� � bord de sa motocyclette en possession d�un sachet rempli de bouteilles de vin. Il constituera la preuve que le tenancier du d�bit non autoris� de boissons alcoolis�es lui a vendu de l�alcool. Le comble, c�est qu�en voulant saisir les 200 bouteilles de vin qui se trouvaient dans son r�frig�rateur, le tenancier, compl�tement ivre, s�est mis � prof�rer contre les policiers des avanies et autres mises en garde. �Je m�en remets � Dieu. C�est lui qui vous fera payer ch�rement pour ce que vous m�avez fait, car Dieu est juste�, avertira-t-il. Il sera pr�sent� au commissariat de Bouarfa avec d�autres personnes suspectes et les policiers proc�deront � leurs identifications. Il est minuit, on nous conduit � un autre quartier chaud. Il s�agit de la rue des Martyrs, en plein c�ur de Blida. En sillonnant la rue Souidani-Boudjema�, qui semblait d�serte � cette heure de la nuit, on croise une R4 qui grille le sens interdit. �Ce n�est plus la peine d�aller chercher les voyous, ce sont eux qui viennent vers nous maintenant�, fera remarquer un confr�re. En effet, quatre jeunes, dont une fille de 22, ans �taient � bord de la voiture. Ils sont somm�s de sortir du v�hicule. La fille simula alors un affreux mal de t�te. �Nous allons � l�h�pital pour emmener cette fille qui souffre de douleurs, car elle a �t� tabass�e par son mari�, justifiera, quelque peu affol�, un des jeunes. �Quelle est la relation qui te lie � cette fille�, demande l�officier Amine. �C�est une parente. Enfin, c�est ma fianc�e et je suis tenu de l�accompagner � l�h�pital��, r�pond le soi-disant fianc�. �Embarquez-les tous. On verra bien au commissariat�, dira l�officier � ses subordonn�s. A peine l�ordre donn� que la fille, chaperonn�e par son comparse, feint un �vanouissement. Elle tombe par terre. Ses amis tentent de tirer profit de cette simulation. Mais les policiers restent de marbre. �Il n�y a pas lieu de s�inqui�ter, nous allons appeler la Protection civile qui se chargera de transporter votre amie � l�h�pital. Seulement, on doit passer d�abord au commissariat.� Ne sachant pas quoi faire, les trois jeunes vont faire croire aux policiers que la m�re de la jeune fille les attend � l�h�pital. Un des jeunes prend son t�l�phone et appelle la m�re. Mais, d�s qu�il prononce quelques mots, un policier lui prend l�appareil et entreprend une discussion avec la soi-disant m�re de la jeune fille. �O� �tes-vous madame�, lui demande le policier. On apprendra ainsi que la m�re si c�est vraiment le cas, est chez elle et ne sait pas si sa fille est avec elle ou non, en raison de l�obscurit�. L�ambulance arrive et la jeune fille est transport�e � l�h�pital. Dans son sac, il y avait un maillot de bain, alors que dans la malle de la R4, se trouvait un barbecue et du charbon. �Ils allaient certainement s�amuser � la plage, alors pourquoi toute cette com�die�, s�interroge un agent de police.