D�un commun accord, nous avons d�cid�, Lahouari Addi et moi-m�me, de marquer une pause dans le d�bat que nous avons men� � travers les colonnes du Soir d�Alg�rie. Nous avons jug� plus indiqu�, au stade o� est arriv� le d�bat, de laisser place � d�autres Alg�riens qui viendraient apporter, de mani�re d�termin�e et dans un but constructif, leur collaboration. Il n��tait gu�re ni dans l�intention de Lahouari Addi ni dans mon projet de susciter un d�bat qui aurait � se solder, forc�ment, par un vainqueur et un vaincu. Le seul vainqueur que je puisse imaginer, pour ma part, c�est le peuple alg�rien dont la conscience d�j� vigilante aura �t� davantage �clair�e � propos de probl�matiques essentielles pour son pass� comme pour son avenir. Inutile de m�appesantir outre mesure sur les consid�rations d�velopp�es par Lahouari Addi dans sa deuxi�me contribution. C�est, d�sormais, presque un d�bat d�acad�miciens dont le lieu d�accueil idoine serait, plus judicieusement, l�enceinte universitaire. Je me risque, cependant, � quelques mises au point pour clore, par des rep�res concrets, le d�bat qui a eu lieu. Premi�re observation, je rel�ve que Lahouari Addi se range au principe de �neutralit� axiologique� dont la conceptualisation revient au sociologue allemand Max Weber. C�est bien ce principe que j�ai voulu mettre en relief dans mon expos� initial. Il s�agit, en l�esp�ce, de distinguer entre les positions de l�acteur politique et celle du chercheur scientifique. Naturellement, un chercheur scientifique a tous les droits de s�impliquer dans le champ politique, sous r�serve, seulement, que cela n�alt�re pas la rigueur de sa r�flexion acad�mique. Je suppose que, th�oriquement, nous sommes en phase, Lahouari Addi et moim�me, sur la question. C�est la premi�re observation que je souhaite formuler. La deuxi�me observation se rapporte � la fermeture de l�espace de r�flexion au sein de la communaut� universitaire fortement soulign�e par Lahouari Addi lequel insiste, volontiers, sur le fonctionnement autoritariste de l�universit� alg�rienne. Nul homme sens� ne saurait nier l��tat de sinistre des sciences sociales en Alg�rie, encore moins l��tat de r�gression chronique qui caract�rise les recherches acad�miques au sein de l�universit� dans le pays. Cela constitue-t-il une raison suffisante pour baisser les bras et s�arr�ter, non seulement, de se poser les questions essentielles concernant l�Alg�rie, mais aussi d�entreprendre les recherches audacieuses et laborieuses, que le peuple alg�rien est en droit d�attendre de son �lite ? A ce que je sache, la fondation de la Wilaya IV historique, pour ne retenir que cet exemple, offre une opportunit� exceptionnelle pour se lib�rer du carcan bureaucratique de l�universit� alg�rienne puisqu�elle met � la disposition des chercheurs tout son patrimoine d�archives sans exclusive et sans se soucier d�injonctions officielles sur l�orientation � imprimer � la recherche historique. Encore une fois, l�Alg�rie est partag�e, fractur�e devrais-je dire, entre soci�t� virtuelle et soci�t� r�elle. La fondation de la Wilaya IV c�est la soci�t� r�elle, r�serve de g�nie populaire, c�est elle que l��lite a pour charge d�encadrer et d�entra�ner vers des r�alisations positives. Il ne sert plus � rien de se lamenter sur la r�gression de l�universit� alg�rienne� La troisi�me observation que je souhaite formuler se rapporte � un point dont la clarification est, en effet, essentielle � mes yeux. La conclusion quelque peu lapidaire par laquelle Lahouari Addi cl�t sa deuxi�me contribution peut laisser supposer, pour avoir insist� sur les qualit�s d�organisation, de lucidit� et de patriotisme du colonel Abdelhafidh Boussouf, que je suis adepte du r�glement des diff�rends politiques par la violence, plus exactement, par l�assassinat. Il n�est pas n�cessaire de s�appesantir, outre mesure, sur un jugement abscons. Mais le but du d�bat �tant p�dagogique, r�servons � ce point un d�veloppement. Je voulais, par mon propos, souligner que les drames qui ont jalonn� le d�roulement de la guerre de Lib�ration nationale, s�ils doivent �tre examin�s de mani�re sereine et m�thodique, ne doivent pas constituer le pr�texte pour cultiver un sentiment de culpabilit� pathologique. C�est, assur�ment, dans toute sa complexit� que l�histoire de la guerre de Lib�ration nationale est � reconstituer, mais sur la base d�un esprit scientifique sain, sans volont� morbide d�auto-flagellation. Pour le reste, il tombe sous le sens que je ne peux, d�un c�t�, encenser Abane Ramdane et, de l�autre, approuver son assassinat. L�attachement que je porte � Abane Ramdane est si transparent que j�ai eu � m�en expliquer � travers des d�clarations on ne peut plus publiques o� je louais son combat et l�exemple qu�il a l�gu� � la jeunesse alg�rienne. Je renvoie, � cet �gard, le lecteur � mon article publi� dans le quotidien arabophone El Youm des 21 et 22 ao�t 2000 o�, critiquant le livre de m�moires de M. Ali Kafi, j��valuais ainsi la trajectoire brillante et �ph�m�re de cet intr�pide dirigeant de la R�volution alg�rienne : �C�est lui (Abane Ramdane), le premier, qui avait pos� les jalons de l�Alg�rie d�mocratique en faisant consacrer le principe de la primaut� du politique sur le militaire et celui de l�int�rieur sur l�ext�rieur. Ce fut bien lui le pr�curseur qui, avant l�heure, avait saisi que la force militaire constituait un moyen, non pas une fin en soi, int�grant, ainsi, parfaitement, les imp�ratifs du combat politique moderne.�