Confondu d�espionnage vulgaire par le renseignement n�erlandais, le Maroc rappelle deux de ses diplomates en poste � La Haye. Sera-ce suffisant pour calmer la grosse col�re batave ? Pas si s�r, vu que le contentieux entre les deux royaumes est �pais, lourd, sem� d�emb�ches. Jeudi dernier, le Maroc annonce avoir ordonn� � deux de ses diplomates de regagner � par le 1er vol direct La Haye-Rabat � le pays. Cette d�cision makhzenienne s�inscrit en droite ligne de l'embrouille n�e apr�s l�affaire dite �du policier de Rotterdam�. Selon une enqu�te command�e par le gouvernement n�erlandais, il s�est av�r�, en effet que Rabat a �espionn� en territoire orange. Pire, selon les fins limiers des Pays-Bas, une fili�re polici�re corrompue aurait �t� d�mantel�e. Un policier est, d�ailleurs, � ce jour sous enqu�te approfondie. Les �services� de La Haye cherchent, surtout, � comprendre pourquoi l�ambassade du maroc s'int�resse tant aux �programmes d�insertion�, tr�s performants et situ�s sur le site � n�vralgique � du grand port de Rotterdam. La bourde de Rabat est tellement grave, aux yeux des pouvoirs publics n�erlandais, que le Parlement n�a pas h�sit� � interpeller, sur la question, le ministre des Affaires �trang�res. M. Verhagen n�a pas du tout, au contraire, � dissimuler la gravit� des faits. Ces accusations d'espionnage sont, entame-t-il son intervention, �tr�s s�rieuses�. Pour ensuite monter d�un ton en affirmant devant les d�put�s qu�il s�agit, l�, �d�une tr�s sale affaire�. Dans la bouche d�un diplomate, qui plus est chef de la diplomatie, ces propos sont violents, durs, extr�mement significatifs. D�o� plusieurs questionnements de �gorges profondes� euro-bruxelloises. Pourquoi les N�erlandais ont-ils rendu publiques les conclusions du rapport contre les agissements de l'ambassa de du Maroc � La Haye ? Alors m�me, de l'aveu du ministre des AE, que l�enqu�te suivait son cours ? Autre �l�ment qui a attir� l�attention : pourquoi avoir choisi la voie du Parlement pour adresser les messages les plus s�v�res au Maroc ? A cela, des r�ponses, pas tout � fait compl�tes, n�anmoins, d�une cr�dibilit� incontestable. La Haye ne tient plus le Maroc en odeur de saintet� depuis, maintenant, quelques ann�es. Le facteur d�clenchant de la �haine orange� a �t� l�assassinat, � Amsterdam, d�un cin�aste, arri�re-petit-fils de Van Gogh. Le renseignement n�erlandais soup�onne l'assassin du grand peintre d�avoir des accointances avec le Makhzen. M�me s�il n�y a pas encore de preuves tangibles, un faisceau de pr�somption rend la th�se cr�dible. Ensuite, il y a eu plusieurs manifestations dans les principales villes des Pays-Bas (Rotterdam, La Haye, Amsterdam, Roda, Eindhoven...) certes, initi�es par la n�buleuse islamiste marocaine, mais, selon la police n�erlandaise, �t�l�command�es� par Rabat. Depuis peu, l�on peut ajouter � la liste des griefs oranges, l�affaire Peter Van Walsum. La Haye, c�est, maintenant de notori�t�, n�a pas du tout appr�ci� le �corps � corps� marocain sur l�ex-envoy� sp�cial du secr�taire g�n�ral de l�ONU au Sahara Occidental En plus clair : les N�erlandais soup�onnent, fortement, le Makhzen d�avoir recouru � des m�thodes inacceptables pour d�vier le pauvre Walsum de sa mission d�arbitrage. Des sources traditionnellement inform�es dans la capitale belgoeurop�enne �voquent une enqu�te (encore une !) intra-muros instruite par les Pays-Bas sur Peter Van Walsum pour comprendre l�extraordinaire l�g�ret� avec laquelle ce dernier a bafou� le droit international. Les Pays-Bas ont �t� s�rieusement vex�s qu�une partie prenante du conflit, le Polisario, demande le d�barquement d�un diplomate, bien que nomm� par l�ONU et non pas son pays, mais, tout de m�me, symbolisant, quelque part, l�honneur des Pays- Bas. Peter Van Walsum aurait-il re�u � El Mamounia une ou plusieurs enveloppes au fond desquelles l�euro et le dollar constituent la corbeille en devise principale ? La c�l�rit� et la s�v�rit� n�erlandaises sur le dossier de l�espionnage rotterdamois ne trompent personne. Quelque chose ne tourne pas rond dans les deux royaumes.