Faut-il se donner de la peine pour commenter une rumeur persistante ? Doit-on relayer sans r�serve ni prudence ce qui fait tant �crire dans la presse sur le sujet ? Et si l��trange candidature que l�on pr�sente d�j� comme une �solution-barrage� au coup de force constitutionnel n��tait qu�un ballon-sonde ? En effet, comment peut-on ignorer qu�il existe des officines qualifi�es pour ce travail ? Celui d��tre des rampes de lancement pour ce genre de �virtualit�s� sans fondement sinon celui d�installer une atmosph�re �lectorale post-putsch. Autrement, dit ne sommes-nous pas d�j� victimes de la traditionnelle manipulation pr�c�dent chaque scrutin pr�sidentiel ? Quand bien m�me les journaux seraient correctement brief�s pourquoi ne devrait-on pas s�interroger sur cette surprenante annonce ? La presse, qui a besoin de p�ture pour fabriquer ses �unes�, n�est jamais � l�abri de la d�sinformation. Celle qui est concoct�e dans les cabinets des pouvoirs et qui est leur c�t� sombre. Eux, qui ont besoin de travestir leurs actes, ne rechignent gu�re sur les moyens et les recours pour y parvenir. Le cas de Zeroual donn� pour challenger de Bouteflika en 2009 n�en est-il pas exemplaire ? Avant m�me que le concern� ne se soit exprim�, cette sollicitation venue de nulle part ne s�inscrit-elle pas dans la phase pr�paratoire pour d�nicher de bons li�vres pour une r�-l�gitimation par avance acquise ? Zeroual, donnant le change � un autocrate s�r de sa reconduction, serait alors le sc�nario id�al. Or, si cela venait � �tre confirm�, se poseraient � ce moment-l� d�autres questions. Celles-ci concerneraient non pas ceux qui en avaient imagin� et souhait� ce faux duel mais celui qui s�y enr�la. Pour l�instant, nous demeurons dans la proph�tie journalistique. Et m�me si celle-ci venait � donner raison aux annonciateurs, cela ne l�verait pas pour autant le voile sur les v�ritables arrangements politiques qui l�ont rendue possible. Les sources �autoris�es � qui alimentent ces jours-ci la presse seraient-elles capables de lui en fournir, � ce moment-l�, des justifications plausibles ? Car un �come-back� d�un ex-chef d�Etat ne s�accomplit pas sans d�g�ts surtout lorsqu�on suppute que sa d�faite est infailliblement programm�e. Ceci dit, l��nigme de Zeroual ne doit pas faire oublier une autre annonce de candidature. M�me si la seconde est manifestement ridicule jusqu�� l�imposture, elle m�rite n�anmoins un examen surtout en ces temps d�sesp�r�ment indigents en leaders cr�dibles. Il s�agit justement de cet obscur Moussa Touati qui, ne doutant de rien, s�appr�te � ferrailler pour devenir chef de l�Etat ! Rien que �a� Il faut croire que cette r�publique est devenue trop bonne fille pour ne voir aucun inconv�nient � mettre dans son lit un aventurier politique sans la moindre exp�rience pour la diriger. C�est qu�� travers ce personnage et son parti (FNA), se sont �crites certaines p�rip�ties � l�origine du solde de tout compte de l��re z�roualienne. Nous sommes en novembre 1998 et les temps sont durs pour le parti de l�administration qu��tait le RND. A cette �poque-l�, les d�serteurs �taient plus nombreux que les nouveaux conscrits. En effet, avec un chef d�Etat r�duit � l�exp�dition des affaires courantes et un personnel politique dont la versatilit� l�gendaire s�illustrait alors dans la course aux nouvelles all�geances, les derniers bastions de la fid�lit� ne pouvaient que tomber. Benba�beche, animateur de l�association des enfants de chouhada (ONEC) et secr�taire g�n�ral par int�rim du RND, allait justement faire les frais de l�op�ration de d�mant�lement. C�est le moment que choisit Touati pour entrer en sc�ne afin de casser l�organisation et s�autoproclamer p�re fondateur d�un nouveau parti. La b�n�diction ne tarda pas � lui venir � la fois du candidat du syst�me (Bouteflika) et des nouveaux convertis qui ont pour nom Ouyahia et Bensalah. Ainsi, ce FNA, dont l�acte de naissance est consubstantiel � la r�cup�ration du RND et du FLN, avait tout lieu de ressembler � un produit de laboratoire. Con�u dans les bocaux et les cornues d�une association de d�fense d�une cat�gorie sp�cifique de la population, il revendiqua, d�s son agr�ment, le monopole du �novembrisme�. Satellite de ces doubles parrains que sont le FLN et le RND, il �volua sous leur coupe tout en pr�tendant en �tre leur synth�se. Les rares explications que Moussa Touati eut � donner en dix ann�es d�existence sont toujours frapp�es du sceau de l�ambigu�t�. Sans contenu politique ni soubassement doctrinal, ce parti n�est en fait qu�un appendice de l�Alliance pr�sidentielle qui, justement, le gratifie � chaque scrutin d�un quota �d��lus�. A l��vidence, la cr�ation de cette formation politique, abusivement d�nomm�e �front�, a �t� vivement encourag�e pour exercer des contre-poids et casser des h�g�monies encore r�fractaires aux ralliements. En son temps, sa cr�ation visait clairement la destruction de la coordination nationale des enfants de chouhada�, structure dissidente dirig�e par Benba�beche. En effet, le �front� de Touati ne doit son existence qu�en tant qu�instrument de �normalisation� d�une organisation de masse au profit du pouvoir. Qu�il veuille opportun�ment marquer sa diff�rence aujourd�hui ne fait pas pour autant de ce personnage et son parti un contradicteur de l�alliance au pouvoir. Son abstention au vote sur la r�vision constitutionnelle est, pr�cis�ment, son alibi pour �tre �distribu� dans la pi�ce th��trale de la pr�sidentielle. Autrement dit, si une structure politique ne doit son existence qu�� sa vocation de relais de l�appareil d�Etat, elle ne peut �tre �peupl�e� que d�ex�cuteurs des basses �uvres. Touati en est le parangon de ces missionnaires. Or, la R�publique, lorsqu�elle qu�te et enqu�te avant d�adouber ses dirigeants, se trompe rarement sur les impostures masqu�es. Car, quoi qu�on dise, tous les outsiders politiques ont quelques talents pour s�duire cette majest�, � l�exception de ce Touati, �videmment.