Enqu�te r�alis�e par Mohamed Issami IV. A l�assaut de l� �Occident� Moins d�une ann�e apr�s l�annonce de sa cr�ation officielle, le GIA a entrepris d�internationaliser son terrorisme en Alg�rie en commen�ant par cibler des ressortissants �trangers. Les premiers � tomber sont deux Fran�ais, assassin�s dans la wilaya de Sidi-Bel-Abb�s, suivis, une semaine apr�s, par l�enl�vement, � Alger en octobre 1993, d�agents consulaires de l�ambassade de France. Cette nouvelle orientation du terrorisme a fait couler beaucoup d�encre et continue jusqu�� pr�sent d��tre l�objet de suspicions dans certains milieux qui ont voulu y voir un acte commandit� par l�Etat alg�rien pour dramatiser la situation dans le but d�obtenir de Paris des aides cons�quentes pour contrer le terrorisme. Les observateurs les plus prudents ont, de leur c�t�, cru y voir une �volution logique du terrorisme du GIA qui diversifiait ses cibles en passant des attentats individuels aux attentats de masse et actes de destructions et de sabotages et les �largissait aux �trangers. Mais ils ne comprenaient pas pourquoi c��tait la France qui �tait vis�e d�autant plus que le GIA courait le risque certain de provoquer une r�pression contre ses nombreux r�seaux dans ce pays dont il avait tout int�r�t d�en faire l��conomie. Un �afghan� � la t�te du GIA Les attentats du GIA contre les �trangers ont commenc� en octobre 1993, juste un mois apr�s l�arriv�e de Si Ahmed Mourad, dit Seyf Allah Dja�far El-Afghani, � sa t�te. Ce dernier est un �afghan� qui a �merg� au sein des troupes de Gulbuddin Hekmatyar et que le GIA n�a pas h�sit� � pr�senter dans sa litt�rature (15) comme un �h�ros� de la conqu�te de la ville de Khost. Aussi curieux que cela puisse para�tre, la mani�re dont il pr�sentait, d�j� � cette �poque, ce genre de terrorisme se confond, � s�y m�prendre, avec le credo d�Al-Qa�da post-11 Septembre. En r�ponse, dans une interview (16), � la question : �En vous en prenant aux �trangers, quel message voulez-vous faire passer ? � Il d�clare : �Nous frappons les juifs, chr�tiens et apostats en tant que supp�ts d�un complot colonialiste profanateur. Ils sont le symbole vivant de l�occupation, aussi bien en Alg�rie que dans les autres pays islamiques. En terre d�Islam, ces �trangers ne sont que des espions m�cr�ants. Les ignorer signifie que tout va bien en Alg�rie, alors qu�en leur faisant la guerre, en les liquidant, nous d�stabilisons le r�gime alg�rien impie et favorisons l�av�nement d�un r�gne de l�islam.� Si Ahmed Mourad avait � ses c�t�s Cherif Gousmi, dit Abou Abdellah Ahmed, qu�il a d�sign� comme �officier ex�g�te� pour veiller l�orientation �religieuse� de l�organisation terroriste et dont Abou Mos��b Es-Souri r�v�le qu�il �tait en contact avec lui, d�s cette ann�e 1993. Le but �tait de d�truire l�Etat alg�rien tout en pi�geant la France en l�entra�nant dans un engrenage comme celui qu�a connu l�ancienne Union sovi�tique en Afghanistan. Mais, il a fallu attendre l��t� de l�ann�e 2005 pour commencer � entrevoir les raisons et les objectifs r�els de ces actes terroristes contre les �trangers et les attentats du GIA sur le sol fran�ais. Les premi�res bribes ont apparu dans un communiqu� d�Abou Mos��b Es- Souri enregistr� sur cassette audio au lendemain des attentats londoniens de juillet 2005 (17). Parlant du GIA et la France, il d�voile �quelques aspects cach�s de cette question pour ce qui n�en est pas connu�. Il pr�cise : �Je le r�v�le aujourd�hui. Je rappelle que j�ai conseill� l��mir du GIA � cette �poque, Abou Abdellah Ahmed, et les membres de sa chefferie dans une correspondance �pistolaire particuli�re entre moi et lui depuis 1993, de frapper au c�ur de la France pour son soutien du gouvernement dictatorial militaire. Je lui ai dit qu�il est hautement important d�amener la France � soutenir le r�gime alg�rien de mani�re apparente et non pas secr�tement comme elle le fait. Ainsi, cela mobilisera la Oumma autour du djihad en Alg�rie comme elle s�est mobilis�e en Afghanistan dans le djihad contre les Sovi�tiques. Frapper la France est de notre droit. Nous sommes en guerre et non pas dans un jeu. Que nos ennemis le comprennent �. L�ex�cution du plan d�Al-Qa�da Malgr� les non-dits d�Abou Mos��b Es-Souri, il appara�t clairement que le plan concoct� par les partisans d�Al- Qa�da ne passait pas uniquement par Qari Sa�d, alors en d�tention en cette m�me ann�e 1993, quand ce Syrien �changeait des correspondances avec Abou Abdellah Ahmed (Cherif Gousmi). Quand ce dernier deviendra l���mir� du GIA succ�dant � Si Ahmed Mourad, abattu en f�vrier 1994, et renforc� � partir du mois suivant par le retour au maquis de Qari Sa�d apr�s son �vasion de prison, l�agenda d�Al- Qa�da contre les �m�cr�ants� et les �Occidentaux� de mani�re g�n�rale va conna�tre un d�veloppement spectaculaire parall�lement � la mise au pas sanglante de la soci�t� alg�rienne sur fond d��unification� de la plupart des organisations terroristes sous l��gide du GIA. D�sormais, ce dernier va se faire un �devoir� d�attaquer �les m�cr�ants, associationnistes et gens du Livre� tel que le revendique Cherif Gousmi � travers un argumentaire ardu � grands renforts de r�f�rences aux Textes sacr�s de l�islam dans une publication clandestine qu�il a cr��e (18) tout en donnant la priorit� aux attaques contre la France et ses ressortissants en Alg�rie. Le courant du FIS dit djaz�ara, qui s�est mis sous la tutelle du GIA � travers un �pacte d�unification des rangs� en mai 1994, s�engouffre dans la br�che et d�clare, de son c�t�, la guerre � la France en s�adressant � ses dirigeants dans une lettre � travers une revue qu�il contr�lait et qui paraissait en Suisse : �Commencez par admettre que ce qui se passe en Alg�rie est bel et bien le plan appliqu� � la lettre par les pions qu�a laiss�s la France officielle chez nous quelque temps avant 1962 ; mais notre peuple est d�termin� � se d�barrasser de ces pantins et de briser les bras qui s�amusent � les faire mouvoir.� (19) Le bras arm� du FIS lui-m�me, l�Arm�e islamique du salut (AIS), qui est rest� autonome par rapport au GIA, n�a pu, de son c�t�, rester en retrait du diktat d�Al-Qa�da via Abou Mos��b Es-Souri. Pour elle (20), �la trag�die alg�rienne n�est ni d�ordre �conomique, ni le r�sultat d�une mauvaise gestion, ni le pourrissement politique�, etc. �Mais beaucoup plus que cela. Il s�agit d�un complot de l�ampleur de la calamit� que nous vivons aujourd�hui et dont ses feux nous br�lent. Un complot dont les fils ont �t� tress�s par le colonialisme haineux avant son d�part et qui a �t� emmagasin� dans les c�urs de ses valets et ses partisans et mis en application par les communistes qui n�ont jamais souhait� le bien pour l�Alg�rie. Un complot dont de Gaule a dit ouvertement : �Nous vous laissons l�Alg�rie maintenant pour qu�elle nous revienne dans trente ans, petite et m�prisable avec une g�n�ration qui n�a aucun lien avec la R�volution (entendre guerre de Lib�ration, ndlr), ni avec l�Histoire, une g�n�ration sans culture. Et cela aurait pu se r�aliser en faveur de la France et ses valets, si ce n�est la bont� de Dieu envers cette oumma et Sa sollicitude envers la Terre des martyrs [�] et si n��taient ces foules divines [�] maudissant l�h�ritage fran�ais satanique et appelant � l�instauration d�un Etat islamique.� Ainsi, les pr�ches vieux de dix ans de Abdellah Azzem contre l�Alg�rie, repris par Al-Qa�da, ont commenc� � conna�tre un prolongement sanglant � travers les diff�rentes organisations terroristes s�vissant en Alg�rie. C�est lui qui, parlant de l�ind�pendance de l�Alg�rie, disait : �L�Alg�rie, sa direction elle-m�me, ne souhaitait pas appliquer l�islam. Nous, nous avons dit qu�il faut absolument un mouvement islamique. C�est lui qui d�clenchera la bataille et la conduira. Tomberont en martyrs ceux qui tomberont et restera un groupe d�termin� sur la voie de Dieu avec le peuple derri�re lui que Dieu fera vaincre sur la terre. L�Alg�rie, quand le peuple luttait, pas un seul dirigeant n�a dit je veux appliquer l�islam, la religion de Dieu. L�un se disait socialiste, l�autre nationaliste. Puis, la France a impos� ce qu�elle voulait. Elle a amen� Ben Bella et a jou� la com�die en le mettant en d�tention pendant 30 jours. Il a fait une gr�ve de la faim sous le regard du monde entier. Et finalement, ils l�ont pris et lui ont dit: C�est toi le chef de la R�publique alg�rienne d�mocratique et populaire. Cela a �t� ainsi, un nom long tel un bras, sans un mot pour l�arabit�, ni pour l�islam. � (21) Cette guerre ouverte du GIA va se poursuivre m�me apr�s la mort de Gousmi (septembre 1994), et son remplacement par Djamel Zitouni. Elle conna�tra une �volution inattendue avec l�exportation du GIA de son terrorisme sur le sol fran�ais, avec le d�tournement de l�Airbus en d�cembre 1994 et les attentats parisiens de l��t� 1995. V. Al-Qa�da, du GIA au GSPC Gr�ce � des r�seaux de soutien de toute sorte � partir de l��tranger, le GIA est devenu l�organisation la plus puissante au sein de la sph�re du terrorisme islamiste mondial. Il entendait rester le seul � conduire le �djihad� en Alg�rie. Il ne tol�rait aucune autre organisation concurrente et n�h�sitait plus � ex�cuter quiconque qui se permettait la moindre incartade par rapport � ses d�cisions. Dans cet esprit, Djamel Zitouni n�a pas h�sit� � envoyer son �officier ex�g�te� au Soudan pour en avertir Ben Laden � la fin de l�ann�e 1995. Cet �missaire, Radouane Makadour, dit Abou Bassir, lui a signifi� que le GIA ��gorgera quiconque pr�sentera une aide quels que soient sa nature et son volume � n�importe qui en dehors de lui. Personne ne doit s�ing�rer en Alg�rie sans passer par lui� (22). Selon cette m�me source, Ben Laden aurait, apr�s le d�part de Makaddour, d�clar� : �Je prends Dieu � t�moin que l'entraide avec ceux-l� ne peut �tre que pour le mal et l�adversit�.� Les ruptures avec le GIA Si Cherif Gousmi, appuy� par Qari Sa�d, a �uvr� dans un esprit �unitaire � avec les autres organisations terroristes, Djamel Zitouni ne l�entendait pas de cette oreille. L�existence autonome de l�AIS qui a refus� de se joindre au �pacte de l�unification des rangs� n�est plus de mise avec lui. Il n�h�sitera pas � la pourchasser et commettre des massacres dans les r�gions o� elle avait une pr�sence pour la priver de toute possibilit� de soutien de la part de la population. A partir de cette p�riode, les premiers craquements au sein du GIA ont commenc� � appara�tre alors qu��mergeaient dans ses structures dirigeantes et interm�diaires des t�tes connues pour leur appartenance � la tendance qotbiste. La premi�re alerte quant � ces derniers a d�j� �t� donn�e par l���mir de la zone IV� (extr�me ouest du pays), Kadda Benchiha dit Abderrahim Bekhaled, qui avait � se plaindre de leurs pratiques dans sa r�gion et avait pour cette m�me raison fait le d�placement et rencontrer dans le centre du pays Cherif Gousmi pour appeler � son arbitrage. Il en fera de m�me avec Djamel Zitouni � qui il fait parvenir un long message (23) o� il d�nonce nomm�ment plusieurs chefs de ce courant. Un mois apr�s, Kadda Benchiha annonce sa dissidence du GIA et la cr�ation de sa propre organisation terroriste qu�il a appel�e Djama��t hoummate ed-Da��wat es-Salafiyyat (DHDS). Cette m�me scission est intervenue au lendemain de l�assassinat, sur ordre de Djamel Zitouni, des principaux dirigeants du courant dit djaz�ara du FIS qui avait ralli� le GIA en mai 1994. Les accusant de fomenter un complot pour prendre la t�te du GIA, il lance une chasse aux sorci�res contre leurs troupes � tous les niveaux � travers des exp�ditions sanglantes, y compris contre leurs familles et sympathisants. Cette escalade va progressivement se g�n�raliser contre les populations civiles � travers le territoire national, particuli�rement dans le centre du pays et � l�ouest o� les Qotbistes sont particuli�rement pr�sents. Ces �d�rives� au sein GIA ont, � partir de 1996, entra�n� nombre de ses partisans � travers le monde � lui retirer leur soutien. Les partisans d�Al- Qa�da, notamment Ayman Zawahiri, les �Combattants libyens� et le trio des �id�ologues� bas�s � Londres (Abou Mos�ab, Abou Hamza et Qatada), d�nonceront s�par�ment par communiqu� la tournure que prenait le GIA et cesseront tout contact avec lui. Mais ce recul de l�organisation de Ben Laden n�est que provisoire. La r�cup�ration des r�seaux � l��tranger Si pour nombre d�observateurs, Al- Qa�da n�a pas �t� �trang�re � la cr�ation du GSPC en 1998, le manque d�informations �tablissant clairement les liens entre les deux organisations a laiss� pendant longtemps planer le doute. Mais, il n�a pas trop tard� pour que des indices concrets apparaissent d�voilant, au moins, une sympathie qui allait progressivement �voluer vers une adh�sion. De toutes les scissions qui ont secou� le GIA en 1996 et qui ont abouti la m�me ann�e ou l�ann�e suivante � la constitution d�organisations terroristes concurrentes comme le GSPD ou la LIDD, les fondateurs du futur GSPC ont �t� les seuls � ne pas s�empresser de rompre avec lui. D�abord, ils ne se d�marqueront clairement et officiellement de certaines de ses pratiques qu�en juillet 1997 � travers un communiqu� (24). Ensuite, ils ne cr�eront leur propre organisation qu�en septembre 1998. Pourtant, il r�v�lera (25), au m�me moment, que certains chefs terroristes parmi les initiateurs du GSPC n��taient pas �trangers � l�assassinat de l� ��mir� du GIA, Djamel Zitouni, que d�aucuns parmi les islamistes consid�rent comme celui qui a �t� � l�origine du �d�voiement du djihad� et des �d�viations� de son organisation terroriste. Cela montre que le GSPC, par rapport aux autres dissidences collectives, n��tait pas trop tent� de se constituer en tant qu�organisation distincte du GIA, m�me si dans les faits, ses futurs dirigeants roulaient pour eux-m�mes. Mais ils continuaient � signer leurs communiqu�s au nom de la �zone II du GIA�. L�enjeu principal de cet arc-boutement au sigle GIA durant plus des deux ans qui vont de l�assassinat de Djamel Zitouni � la cr�ation officielle du GSPC est qu�il disposait de moyens et de r�seaux �normes � l��tranger, notamment en Europe qu�une nouvelle organisation aurait du mal � mettre ais�ment en place rapidement. D�autre part � et c�est ce que voulait Al-Qa�da dans ses liens avec le GIA �, il �tait attendu de lui de renforcer ses bases en Alg�rie et faire tomber le pouvoir dans la perspective d�aller � l�assaut de l��Occident�. Les initiateurs du GSPC se sont donn� le temps pour consolider leurs structures en Alg�rie et pour r�cup�rer � leur profit le maximum de r�seaux de soutien � l��tranger. Parmi ces derniers, certains ont �t� identifi�s comme �tant li�s non pas au GIA mais � sa �zone II�, c'est-�-dire le noyau � l�origine de la cr�ation du GSPC, et ont commenc� � devenir visibles ou m�me � tomber d�s 1997. Tel le cas du r�seau dit Athamnia du nom de son chef Yacine Athamnia arr�t� par la douane fran�aise � bord du train Cologne-Paris, en novembre 1997, avec dans ses bagages, entre autres, un lot de cachets portant la mention �GIA, zone 2�. Il se r�v�lera dans l�enqu�te que les documents venaient d�un r�seau bas� en Belgique qui les a eus d�un autre r�seau agissant en Allemagne qui avait d�j� fait acheminer � Hassen Hattab, par un groupe bas� en France, une valise Immarsat (t�l�phone satellitaire). C�est �galement le cas de Mohamed Khouni, dit Boualem, dit Abdellah qui, d�j� install� en Espagne, est entr� en Alg�rie en 1993 pour rejoindre la katibat En-Nour dans la �zone II� (Kabylie), avant de revenir en Espagne en 1995 o� il deviendra une t�te de pont pour le GSPC durant sa gestation et apr�s sa cr�ation. Il en est de m�me pour d�autre pays comme l�Italie ou l�Allemagne. En fait, c�est toute l�Europe de l�Ouest qui �tait d�j� infest�e. Ainsi, il est ais� de comprendre que le GSPC n�a pas perdu son temps durant les deux ann�es qui vont de la mort de Djamel Zitouni � la proclamation de sa naissance. Avant m�me d�annoncer sa cr�ation, il avait tent� de para�tre au grand jour avec fracas en frappant en France � l�occasion de la Coupe du monde de football en 1998. Il ne le revendiquera indirectement que deux ans plus tard mais sous des applaudissements d�Al- Qa�da. Hassen Hattab, qui deviendra le premier ��mir� du GSPC, signe en mai 2000 un communiqu� (26) dont la raison est volontairement non clairement explicit�e. Il �crit : �Le c�ur souffre de la situation qu�endurent et que vivent nos fr�res musulmans sp�cialement en France et dans les autres pays de la m�cr�ance, particuli�rement les prisonniers qui subissent divers genres de m�pris et de tortures. Et si cela traduit quelque chose, il ne s�agit de rien d�autre que de leur adversit� contre l�islam et ses partisans. � Les �fr�res� auxquels il fait allusion sont ceux appartenant � des r�seaux dans diff�rents pays europ�ens, notamment en France, Belgique, Italie, Allemagne et Suisse, qui ont �t� d�mantel�s lors des enqu�tes de police sur la base d��coutes t�l�phoniques, suspect�s de projeter des attentats lors de la Coupe du monde de football de 1998 � Paris et dont pr�s d�une centaine de membres ont �t� arr�t�s le mois de mai de cette m�me ann�e. Ce communiqu� r�agissait ainsi � l�occasion de leur proc�s. Le GSPC leur assurait ainsi de sa �solidarit� tout en faisant porter aux �autorit�s fran�aises la responsabilit� de tout ce qui pourrait advenir � la suite des proc�s de ces fr�res emprisonn�s�. Un Moyen-oriental fanatique d�Al-Qa�da et surtout de Ben Laden, qui est pour lui un sujet de v�n�ration dans diff�rents �crits, d�clarera dans une interview (27), o� il se fait d�fenseur du GSPC tout en se r�v�lant comme le tout premier partisan d�Al-Qa�da � l�applaudir : �Le GSPC a fait face depuis sa naissance � de nombreux d�fis en Alg�rie et n�ambitionnait pas �largir son activit� en dehors du pays. Mais la France, qui consid�re l�Alg�rie comme son arri�re-cour, a entrepris d�s le d�but de sanctionner ses sympathisants � l��tranger. Elle a cibl� nombre d�entre eux et leur a coll� des accusations imaginaires comme lors de la Coupe du monde de football.� VI. Le GSPC devient une branche d�Al-Qa�da Plusieurs observateurs et auteurs ont avanc� que la cr�ation du GSPC a �t� inspir�e par Al-Qa�da. Mais personne n�a avanc� des arguments concr�tement v�rifiables � ce sujet. Certains �repentis� ont affirm� avoir �t� t�moins de discutions t�l�phoniques entre Ben Laden lui-m�me et Hassen Hattab avant, mais cela ne prouve pas n�cessairement qu�il existait un lien organique entre leurs deux organisations. D�autres ont m�me relev� que lors de la cr�ation, en f�vrier 1998, par Ben Laden et Zawahiri du �Front mondial du djihad contre les juifs et les crois�s�, au moins un repr�sentant du futur GSPC y �tait sans apporter d�autres pr�cisions. Cette opacit� n�a commenc� � se dissiper en partie que lorsque les forces de s�curit� ont abattu � Batna un �missaire clairement identifi� d�Al- Qa�da, le Y�m�nite Imad Abdelwahed Alouane alias Abou Mohamed, en septembre 2002. Une ann�e plus tard, � la suite d�une �d�mission� de Hassen Hattab de la t�te du GSPC, le nouvel ��mir� de l�organisation, Nabil Sahraoui, dit Mustapha Abou Ibrahim, est le premier � �taler ostensiblement sa sympathie pour Al-Qa�da en signant un communiqu� glorifiant les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis, � l�occasion de leur deuxi�me anniversaire. Depuis, le GSPC a dor�navant multipli� les signes de rapprochement vers Al-Qa�da, surtout � travers sa litt�rature qu�il diffuse � travers son site internet sans pour autant obtenir un �cho visible de la part de Ben Laden. Il aura fallu attendre jusqu�� septembre 2006, plus de deux ans apr�s la mort de Nabil Sahraoui, abattu par les forces de s�curit�, pour voir, enfin, Ayman Al-Zawahiri dans une vid�o diffus�e par Al-Jazeera et sur internet, o�, sur �instruction de Ben Laden�, annoncer l�adh�sion du GSPC � Al- Qa�da. Ce qui signifie, pour le moins que l�on puisse dire, que les contacts secrets entre les deux organisations qui ont abouti � cette proclamation existaient au moins depuis un certain temps. Le long silence qui contrastait avec la tendance connue d�Al-Qa�da de fustiger en long et en large le pays qu�elle met dans son collimateur pour justifier le sang qu�elle pr�voit d�y faire couler venait d��tre rompu. Il explosera spectaculairement � partir de la fin de cette m�me ann�e 2006 sous forme d�attaques contre des institutions de l�Etat et contre des ressortissants �trangers avec des v�hicules pi�g�s et finalement en attentats suicides, alors que le quotidien des Alg�riens continuait, surtout dans certaines r�gions, � �tre ponctu� par les cycles des bombes, des embuscades et des faux barrages. Al-Qa�da s�implante en Alg�rie D�s janvier 2007, le GSPC a annonc� officiellement sous la signature de son nouvel ��mir�, Abdelmalek Droukdel dit Abou Mos��b Abdelwadoud, avoir d�cid� de changer de nom pour devenir l�organisation d��Al-Qa�da au Maghreb islamique� (AQMI). A partir de ce moment, la mani�re dont l�Alg�rie est per�ue par l�organisation de Ben Laden, bas�e sur le mensonge et la falsification de l�Histoire, revient au-devant de la sc�ne. C�est � l�un de ses principaux dirigeants, consid�r� comme son num�ro 3, Abou Yahia Al-Lybi, de son vrai nom Hassen Mohamed Ka�d, d�origine libyenne, qui s�est jet� sans retenue dans le d�lire, dans la digne tradition de Abdellah Azzam, pour d�crire l�Alg�rie sous un visage qui en fait le territoire �musulman � le plus impie qui puisse exister sur la surface de la terre et qu�il faut mettre � feu et � sang. Prenant comme pr�texte l�avis d�un �savant musulman� (Cheikh Nacer El- Omr) qui, selon lui, s�est oppos� aux premiers attentats-suicides d�avril 2007 d�Alger contre le Palais du gouvernement et le commissariat de police de Bab Ezzouar, il lui r�pond (28) point par point pour le contredire et pr�senter les choses telles qu�il les per�oit lui-m�me. Il l�interpelle en affirmant qu�en Alg�rie, l�on ne peut voir nulle part la religion, ni au sein du pouvoir, ni dans la l�gislation, dans la politique, les relations, l��conomie, la soci�t�, le statut personnel, les libert�s, les sanctions, la culture, la communication, la paix, la guerre� Et de conclure que cette disparition � ses yeux de la religion est le fait du pouvoir en place. Revenant au d�but des ann�es 1990, et confondant d�lib�r�ment la confrontation directe d�un parti politique int�griste avec le reste de la soci�t�, il affirme que le �peuple alg�rien � est sorti dans la rue. Il a cri� et revendiqu� un �Etat islamique�. �Les manifestations ont envahi les art�res. La vie a �t� paralys�e par les gr�ves. Les minbars ont trembl�. M�me les malentendants ont entendu les pr�ches des pr�dicateurs. Leurs revendications sont parvenues aux �lites et au commun. Mais cela n�a pas ramen� la religion dans le pays.� Pour lui, �l�Alg�rie est dirig�e par les enfants de la France et ses esclaves qui ne veulent rien entendre et qui persistent dans leur tyrannie, d�termin�s � exclure la religion de l�Etat, plus r�solus que jamais dans leur la�cit� en bannissant tout ce qui a trait � la Charia�. Pour lui, la situation en Alg�rie se r�sume � une �quation des plus simples : d�un c�t�, la religion abandonn�e et combattue par l�Etat, et de l�autre un peuple qui l�a vainement r�clam�e jusqu�au d�sespoir qui l�a conduit � prendre les armes. Pour le dirigeant d�Al-Qa�da, Abou Yahia Al-Lybi, l�Etat m�ne une guerre �contre le peuple alg�rien musulman dans sa foi, sa religion, ses valeurs, sa morale, son existence et m�me ses traditions qui pourraient avoir un relent �voquant l�islam et m�me l�arabit�. L�objectif vis�, selon lui, est d�en faire �un peuple �gar�, sans identit�, sans personnalit�, sans croyance, arrach� � l�Histoire, reniant tout ce qui est ancestral m�me s�il s�agit de la religion de Dieu�. Aussi d�cr�te-t-il qu�il n�y a en Alg�rie aucune diff�rence entre la situation actuelle et le colonialisme d�hier et des �enfants qu�il a �lev�s et nourris de son lait� et qui dirigent le pays. Ces m�mes insanit�s se prolongent et se r�p�tent � tout au long d�une vingtaine de pages avec comme motif la justification du terrorisme en Alg�rie et la l�gitimation �religieuse� des attentats. Haine visc�rale contre l�Alg�rie Dix-sept ans apr�s sa cr�ation en 1989, Al-Qa�da a fini par se doter d�une t�te de pont en Alg�rie tout en ambitionnant d�en faire un relais � l��chelle maghr�bine. Toutes ses tentatives de prendre pied en Alg�rie tout au long des ann�es 1990 ont �t� vou�es � l��chec jusqu�� janvier 2007. D�s lors, les sorties successives de ses dirigeants n�ont pas manqu�, une seule fois, de voir l�Alg�rie autrement que comme un pays dont les enfants ne sont rien d�autres que des �valets de la France�. Ses dirigeants � la botte de l�Am�rique et d�Isra�l et fonci�rement ennemis de l�islam et des musulmans. Cette vision dont elle s�est auto-convaincue l�a autoris�e � tenter de faire du pays celui o� le sang ne doit pas cesser de couler. Les attentats commis et revendiqu�s par sa branche locale ne sont comparables dans leur nature qu�� ceux qui ont cours en Afghanistan et en Irak contre les forces �trang�res qui y sont pr�sentes, m�me si ce sont surtout les autochtones qui tombent en masse. Aucun autre pays n�a �t� cibl� autant que l�est l�Alg�rie. Les mains tendues et les �r�conciliations� invitant � la paix ont rencontr� une radicalisation effr�n�e et ouvert la porte aux recrutements d���gar�s� dans les pays voisins et dans le Sahel. Le dernier attentat- suicide commis contre le personnel d�une entreprise occidentale � Bouira, en �t� dernier, a �t� volontairement laiss� � un terroriste �tranger (Mauritanien) comme signal � tout int�griste � travers le monde qu�il est le bienvenu au sein d�AQMI pour se payer un billet pour le paradis en assassinant des �m�cr�ants� dans le pays. Alors que partout ailleurs, Al- Qa�da ne s�est jamais attaqu�e par des enl�vements de citoyens pour ran�onner de mani�re faramineuse leur lib�ration pour s�autofinancer. L�Alg�rie est le seul pays o� elle se le permet de plus en plus ces deux derni�res ann�es. Cette haine visc�rale justifi�e par des mensonges est exacerb�e davantage par son incapacit� de parvenir � se donner une assise plus large que dans ses maquis traditionnels qui ne cessent de r�tr�cir � vue d��il. La s�rie d�attentats-suicides de l��t� dernier a entra�n� un dispositif s�curitaire autrement plus efficace qui a litt�ralement clou� au sol toute initiative criminelle d�envergure. Cette accalmie, qui dure depuis plusieurs mois conjugu�e au nombre non n�gligeable de terroristes et surtout de r�seaux de soutien neutralis�s, autant elle est annonciatrice d�une meilleure ma�trise du terrain par la lutte antiterroriste, autant elle est porteuse d�inqui�tudes en l�absence d�informations fiables de ce qui se passe r�ellement sur le terrain. Ce qui est certain est qu�Al-Qa�da m�re s�est totalement fourvoy�e en croyant pouvoir se red�ployer en Alg�rie et � partir de l�Alg�rie. Elle peut faire des d�g�ts et en a d�j� assez fait mais elle a aussi toutes les chances de se faire an�antir. Elle le sait. Et c�est en cela qu�elle continue � �tre un danger et une menace pour le pays. M. I. 15) Voir, particuli�rement, le document dat� du 23 septembre 1995, portant le titre de �Hidayat Rab El-�Alamine fi tebyyine o�ol essalafiyyine wa ma youjib mine el-�ahd ��la el-moujahidine� (Directives du Seigneur des mondes dans le discernement des fondements du salafisme et leurs implications dans l�engagement des moudjahidine). 16) Interview dans Al-Wassat, hebdomadaire libanais, janvier 1994. 17) Enregistrement dat� du mois d�ao�t 2005 sans pr�cision du jour. Il sera retranscrit et diffus� par la revue islamiste radicale Nachrat minbar ech-chem el-islami (Bulletin de la tribune de la Syrie islamique) n�4 du 16 d�cembre 2005, diffus�e sur internet. 18) Bulletin p�riodique Et-Ta�fa el-mansourat (La faction victorieuse), n�1, non dat�. 19) Cit� par Jean-Michel Salgon dans son article �La Cause�, une revue atypique, in Les Cahiers de l�Orient n� 62, num�ro sp�cial, 2e trimestre 2001. 20) Document sans titre de cinq pages, sign� de Madani Mezrag, dat� du 1er avril 1995, adress� au �Peuple alg�rien musulman�. 21) Abdellah Azzem, Medkhal ila el-hidjra wa el-i�dad (Introduction � l�exil et l�entra�nement), tome 2. 22) T�moignage d�un �afghan� libyen membre d�Al-Qa�da, recueilli par le journal Al-Hayat du 18 septembre 2005, Londres. 23) Message audio de Kadda Benchiha intitul� �Ilam el-moudjahid fi ma youhak es-salafiyyat mine maka�d (Information du moudjahid en ce qui se complote contre le salafisme�, dat� du 11 novembre 1995. 24) Communiqu� de la �zone II� du GIA, sign� de Abou Hamza Hassen Hattab, dat� du 13 juillet 1997, intitul� �Bara-a� (Disculpation) o� il s�innocente des massacres collectifs de populations civiles commis par le GIA. 25) Enregistrement audio du GIA de l��interrogatoire� d�un terroriste impliqu� dans le �complot� de l�assassinat de Djamel Zitouni. 26) Communiqu� du GSPC dat� du 27 mai 2000, sign� Hassen Hattab. 27) Abou Jendel Al-Azadi interview au site internet �Minbar et-tawhid wa el-jihad�, non dat�e. 28) Abou Yahia Al-Lybi, Nathr el-jawaher fi mounaqachat el-mou��taredh ��la et-tafjirat el-jaza�r (R�ponse aux opposants aux attentats � l�explosif en Alg�rie).