Historiquement, et les statistiques font foi pour la post�rit�, Tizi-Ouzou n�est pas la wilaya o� l�on est port� le plus sur les �lections, si l�on excepte les scores des locales d�octobre 1997 et de la pr�sidentielle de 1995. Si l�on doit se fier au sentiment ambiant et surtout � l�animosit� � pour rester poli � avec laquelle on vous lance des r�pliques d�s que vous vous aventurez � demander un avis sur la prochaine pr�sidentielle, il est loisible de deviner, sans trop se fatiguer, l�intention des uns et des autres. Parler des �lections par les temps qui courent pour certains, c�est tout simplement ridicule, comme le laisse entendre Da l�Mouloud, un retrait� du centre-ville de Tizi-Ouzou. �La mascarade a assez dur酻, se contente-t-il de dire avant de s�excuser, non sans esp�rer que son nom ne soit pas cit�, � l�instar de tous ceux qui acceptent, apr�s un immense effort, de livrer le fond de leur pens�e. La peur des repr�sailles, on ne sait jamais. Il est vrai que dans une ville comme Tizi-Ouzou, ces derni�res ann�es, on ne peut pas dire que l�ordre r�gne. Alors, question s�curit�, ce n�est sans doute pas la ville la plus s�re d�Alg�rie. Il n�y a qu�� voir ce qui se passe, � toute heure, du c�t� de la p�pini�re Ansej, en plein centre-ville. L� o� un souk du t�l�phone portable s�est �tabli depuis deux ou trois ans et ne cesse de prendre de l�ampleur avec des revendeurs venus de partout. Ouvrir un dictaphone dans les parages, c�est carr�ment chercher les probl�mes, vous fait-on comprendre sous le regard de quelques jeunes que vous n�avez pas int�r�t de venir enquiquiner avec des questions dont ils se f� comme de leur propre vie. Le seul � avoir accept� l�exercice ne savait m�me pas qu�une �lection pr�sidentielle aura lieu dans moins d�un mois. Quartier o� il est mieux indiqu� de recueillir des avis : le b�timent Bleu, toujours au centre-ville. Pos� mais non moins acerbe que le commun des Tizi- Ouz�ens quand il s�agit de causer politique, Hakim, tout pr�s de la cinquantaine, dit avoir �d�missionn� � des bureaux de vote depuis un temps dont il ne se souvient plus. �Dix ans depuis qu�il est l�, il n�a pas voulu s�attaquer au vrai probl�me de ce pays : l��cole. Il aurait pu sauver une g�n�ration s�il l�avait voulu��, r�torque-t-il avant de se rendre compte qu�il donnait son avis alors qu�il n��tait pas tr�s chaud pour le faire quelques secondes plus t�t, au contraire de Ammi l�Hocine, un cadre de l�administration � la retraite qui, lui, en revanche, a un avis bien tranch� m�me s�il est aussi d�sabus� que monsieur tout le monde. �Les �lections ? Bien s�r que je voterai. Je suis de ceux qui croient que le vote doit �tre obligatoire comme c�est le cas dans certains pays d�velopp�s. Je me pr�senterai mais dans l�isoloir, n�dir rayi�, explique-t-il tr�s simplement. Ce qui n�est pas du tout le cas de B. Malik, un licenci� en langue anglaise qui n�a jamais eu la chance de travailler avec le dipl�me pour lequel il a trim�. Lui, c�est le genre tr�s prolixe, que vous avez du mal � arr�ter lorsqu�il se met � discourir sur les droits et les devoirs du citoyen. �Je me suis jur� de ne voter que lors des locales parce que ce sont les seules qui ont un effet direct sur la vie quotidienne du citoyen. Cette �lection pr�sidentielle est une dr�le de mascarade qui ne fait pas du tout rire. C�est du gaspillage de l�argent public et c�est une forme de grand manque de respect � la population. Il est vrai que le pouvoir ne nous a pas habitu�s � montrer du respect aux citoyens�, balance Malik, tr�s zen, contrairement � ce que l�on pourrait croire. Ainsi pense-t-on des prochaines �lections dans une ville o� il a fallu prendre son mal en patience jusqu�en 2009 pour �prouver le plaisir de marcher sur des trottoirs dignes de ce nom.