Apr�s pr�s de cinquante ans, la France s�est enfin d�cid�e � indemniser les victimes des essais nucl�aires qu�elle a effectu�s de 1960 � 1996 dans le Sahara alg�rien et en Polyn�sie. L�annonce en a �t� faite hier matin par le ministre fran�ais de la D�fense, Herv� Morin, qui a expos� les grandes lignes d�un projet de loi relatif � la r�paration des cons�quences sanitaires, physiques et morales des essais nucl�aires fran�ais et qui sera pr�sent� tr�s prochainement en Conseil des ministres. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed �Environ 150 000 travailleurs civils et militaires sont th�oriquement concern�s, sans compter les populations qui vivaient au Sahara et en Polyn�sie � l��poque des essais�, c�est ce qu�a annonc� le ministre dans une interview au journal Le Figaro. Il faut souligner que cette d�cision est le fruit d�une bataille tr�s longue engag�e par de nombreuses associations, dont, notamment, l�Association des v�t�rans des essais nucl�aires (AVEN), le Comit� de soutien v�rit� et justice, l�Association polyn�sienne des victimes des essais nucl�aires et, pour ce qui concerne les victimes alg�riennes, l�Association alg�rienne des victimes des essais nucl�aires. Cette derni�re estime � 30 000 le nombre des victimes de ces essais alors que, pour l�instant, les officiels fran�ais s�arr�tent � 20 000. Il faut rappeler que la France colonisait l�Alg�rie, la volont� du g�n�ral de Gaulle de d�tenir les armes de dissuasion nucl�aire, l�a amen� � utiliser notre pays pour lancer ses essais atomiques. Le premier essai, au nom de code �Gerboise bleue�, a �t� effectu� le 13 f�vrier 1960 � Reggane et il ne fut pas le seul. Il a �t� suivi de tr�s nombreux autres dans la r�gion, � Tamanrasset et ailleurs. Dans un film de 52 minutes, r�alis� en 2008 par Larbi Bouchiha et projet� r�cemment au Centre culturel alg�rien � Paris, les victimes de ces essais dans le Sahara, que ce soit des militaires fran�ais, des appel�s alg�riens ou encore les riverains ont t�moign� des conditions scandaleuses de ces essais et de leurs cons�quences. Les v�t�rans n�avaient eu alors aucune information sur les dangers auxquels on les exposait. Certains ont m�me �t� envoy�s, apr�s les essais, r�cup�rer sans aucune protection les mat�riaux irradi�s. La population de Reggane a, comme le d�noncent certains dans le film, �servi de cobaye�. Ces faits ont �t� soulev�s tant par les associations alg�riennes que fran�aises. Les militaires fran�ais, tout comme les Alg�riens, n��taient pas inform�s des risques et n�en �taient pas prot�g�s. Aujourd�hui, les cons�quences s�en font encore sentir. L�Etat fran�ais devra bien indemniser les familles de tous ceux qui sont d�c�d�s des cons�quences de ces essais, outre ceux qui continuent de souffrir de malformations cong�nitales, st�rilit� et autres. Dans une intervention � la radio France Info, le ministre de la D�fense a bien �voqu� hier l�indemnisation des victimes, qu�elles aient eu des incidences physiques ou morales. Il reste maintenant � savoir comment ces victimes vont �tre indemnis�es. �Une commission ind�pendante, constitu�e de m�decins et pr�sid�e par un magistrat, examinera les dossiers au cas par cas. Si la demande est accept�e, la r�paration du pr�judice sera int�grale. Une premi�re enveloppe de 10 millions d�euros est d�j� pr�vue pour la premi�re ann�e sur les cr�dits du minist�re de la D�fense.� C�est ce qu�a pr�cis� le ministre de la D�fense et l�on parle ici, depuis hier, d�une indemnisation qui se situerait entre 30 000 et 70 000 euros par personne. Et lorsque la question de savoir sur quels crit�res se prononcera cette commission, Herv� Morin r�pond qu�elle s�appuiera sur des crit�res scientifiques et qu�il ne s�agira plus au demandeur de prouver que sa maladie rel�ve bien des radiations de ces essais mais ce sera � l�Etat, s�il refuse r�paration �de d�montrer que la pathologie n�est pas radio-induite�.