A l'ind�pendance de l'Alg�rie, la ville d'El-Asnam disposait de trois salles de cin�ma, � savoir le Commedia, le Club et l'Orl�ans. Ces cin�mas ont continu� � �tre des salles de projection apr�s l'ind�pendance, sauf le Commedia, le plus ancien d'entre eux, qui a �t� c�d� pour �tre transform� en salon de th� dans le d�but des ann�es 1970. Puis tout s�est arr�t� � la date fatidique d'octobre 1980. Les deux salles de cin�ma ont �t� �pargn�s par le tremblement de terre, mais sont rest�es plusieurs ann�es ferm�es au public. A la fin des ann�es 1990, ces lieux ont �t� abandonn�s par la municipalit�, le cin�ma l'Orl�ans a �t� lou� � un particulier profane dans cette activit�. Il fut partag� en deux parties : l'espace des guichets a �t� transform� en gargote, tandis que l'autre avait un semblant de cin�ma de quartier. Bref ! Heureusement que nos �lus locaux sont sortis de leur l�thargie pour r�habiliter ces deux grandes salles de projection avec un nouveau look. L'on se souvient de cette �poque o� le 7e art �tait synonyme d��vasion avec de grandes productions cin�matographiques. On �tait jeunes et on aimait se rendre au Club ou � l'Orl�ans pour voir en compagnie de nos amis des films qui nous ont marqu�s pour la vie. C'�tait agr�able de faire la cha�ne au milieu de la bousculade et d'arriver au guichet pour se payer un orchestre ou un balcon, si ce n'�tait un strapontin, et des fois on �t� oblig� de passer par des revendeurs au noir et payer plus pour pouvoir assister � une premi�re. Des horaires de projection tr�s adapt�s avec un s�rieux remarquable des gestionnaires dans leur t�che. Ainsi, lorsque l'on arrivait en retard � la projection, Moustache et ses coll�gues nous �clairaient avec leurs torches et nous emmenaient � nos places ; ils veillaient aussi au silence, et gare � ceux qui �taient pris en train de fumer. On ne plaisante pas avec la s�curit�. Ah ! Satan�e �poque, je me souviens de ces belles affiches placard�es au mur et qui annon�aient la projection prochaine de polars et de westerns avec les John Wayne, Marlon Brando, James Dean, les Dix commandements, ou le Docteur Mabuse, ou les productions hindoues et �gyptiennes, avec Abdelhalim et Farid. Sacr� cin�ma ! Il n'y avait pas cette horreur technologique, la t�l�vision qui nous as rendus compl�tement flemmards et pantouflards. Dehors, en face de l'entr�e du cin�, il y avait les vendeurs de cacahu�tes et de merguez qui �taient l� pour faire leur petit commerce avec les cin�philes lesquels n'h�sitaient pas � faire provisions de toutes sortes d'amuse- gueules. Le moment de l'entracte �tait tr�s attendu pour se rafra�chir ou prendre l'air avec un petit casse-cro�te. C'�tait le temps de la zeria� (graine de tournesol) et des bandes dessin�es telles Blek le roc, de Zemblaet de Tartine, etc. Je crois que j'en ai assez dit et qu'il serait plus sage de refermer le livre de cette belle �poque et de le garder bien sagement dans notre m�moire pour les grandes occasions.